Décidément Jagtpanther, chez vous ce n’est pas de l’obstination, non, non…
Soyez rassuré, on a tous bien compris que votre leitmotiv est de renvoyer à votre remarquable recension qui réussit l’exploit de faire une critique de livre en prêtant à l’auteur des propos qu’il n’a jamais tenu et en ne faisant aucune référence à son contenu réel, aux 189 notes et références bibliographiques qu’il contient, aux 163 témoignages qu’il rapporte, aux nombreux historiens et universitaires qui s’y expriment ainsi qu’aux pistes d’explication qu’il recense. Vous parlez de méthodologie en matière d’histoire, et bien cher JadtGDR la première règle méthodologique quand on prétend faire la recension d’un livre « c’est de le lire ».
Pour tous ceux que le sujet intéresse, mon livre « L’énigme des bombes en bois » (le terme « Enigme » est important, car je ne prétend pas apporter toute la lumière sur l’affaire sinon je l’aurai intitulé « La Vérité sur les bombes en bois ») recense six pistes sérieuses d’explication du phénomène (3 en Belgique, 2 en Normandie et une au Bourget). Pour l’une d’entre elle, qui concerne des actions individuelles de pilotes, j’apporte les preuves dans mon livre que ce type d’action s’est bien produit notamment par un usage détourné des fameuses bombes en bois Mk IV et V. Déjà, cette seule contribution au dossier, n’est pas une mince affaire en soi, croyez-en chers amis, mon expérience... Je vous renvoie au contenu de mon livre pour plus d’explications.
Concernant l’utilisation opérationnelle des bombes en bois par les Alliés (question de Marc), certains historiens et résistants sont complètement convaincus de la réalité de la chose (moi je suis plutôt sceptique, mais c’était mon travail que de rendre compte de leur point de vue dans le livre).
Cette piste nous renvoie de nouveau à la Normandie et notamment au point de vue fort intéressant au demeurant du Dr Jean-Pierre Benamou, créateur du Musée de Bayeux, cofondateur du mémorial de Caen et du Magazine 39-45. Il me serait assez long de reprendre ici le contenu du ch 11 « Des opérations de guerre psychologique ». Pour faire court, en 41, les anglais avait créé un service spécial chargé d’envisager toutes les mesures de guerre psychologique et de propagande face à l’ennemi L’Underground Propaganda Committee (UPC). Dès janvier 41, ce même service publie une note où est envisagé de lancer une rumeur relative à un faux terrain allemand en Normandie bombardé par des bombes en bois. Mais officiellement l’UPC déclare par la suite qu’il renonce à lancer cette rumeur « afin de protéger ses sources » ! Le Dr Benamou affirme que les anglais n’ont jamais renoncé en définitive à ces actions de guerre psychologique qui ont été finalement menées à partir de 42-43 par le service du SOE en même temps que des opérations de largage de tracts. Il donne des éléments que je rapporte dans le chapitre 11, des témoignages précis de résistants, le témoignage d’un pilote canadien Albert Spencer du 138e Squadron qui avait effectué ces opérations et il fournit même l’ogive en bois de l’une de ces fameuses bombes en bois récupérée à Maltot lors d’un largage de tracts et de bombes en bois sur un faux terrain (photos et précisions dans le livre, suis désolé de ne pouvoir en donner plus sur ce forum, mon éditeur me tape sur les doigts !
).
Alors Marc, quel aurait pu être l’intérêt de ces opérations ? Elles n’étaient pas risquées sur le plan militaire (les faux terrains n’étaient quasiment pas défendus) et sur le plan psychologique, l’intérêt était énorme. Pour avoir interviewé d’anciens résistants, des habitants des zones concernés ainsi que des militaires des deux camps, l’impact était fulgurant. La rage chez l’ennemi, l’hilarité et le moral regonflé chez les résistants et les populations occupées. Une forme de guerre des nerfs que l’on retrouvera sous des formes voisines sur d’autres théâtres d’opérations après le seconde guerre mondiale.
Voili voilà. Excusez-moi mais je vais me coucher car il est tard pour moi.
Amitiés à tous les chercheurs de vérité.
Pierre-Antoine