Tie-tie a fait faire une grosse embardée à ce fil ici :
viewtopic.php?f=30&t=19830&p=212089#p212089Je résume : le stalinisme est la suite logique et inéluctable du léninisme, en raison de la décision prise par le PCUS en 1921 d'interdire les fractions en son sein.
Rien ne l'en fait démordre et surtout pas la démonstration des différences entre les comportements des deux premiers chefs bolcheviks en matière de justice, d'économie etc. Ce serait faire de l'histoire-fiction (au demeurant, il est bien connu que votre serviteur ne fait que cela à longueur d'année) que d'être perplexe sur le fait que Lénine, encore en vie et au pouvoir en 1929, aurait collectivisé les campagnes au pas de course, ou inventé la méthode de l'aveu (et présupposer le contraire, ce serait évidemment faire de l'Histoire tout court ! à vrai dire TT n'a pas été jusqu'à formuler cette conclusion mais elle se déduit de ses propos... plus sûrement que le stalinisme du léninisme !).
Pour essayer de dépasser ce blocage, je voudrais présenter maintenant une comparaison. Avec le gaullisme, et plus précisément ce qu'il a légué de pire à la France : le règlement électoral présidentiel, instaurant non seulement le suffrage universel (cas unique en grand pays développé sauf les Etats-Unis où le législatif dispose de contre-poids beaucoup plus sûrs), mais l'accès au second tour des deux seuls candidats en tête au premier (limitation de la liberté de vote au premier tour, et cause de la situation abracadabrante de 2002).
Or comme par hasard ce règlement a été adopté, comme celui de 1921 en URSS, dans une conjoncture de vives tensions civiles (en France il s'agissait avant tout de faciliter la continuité politique en un temps où l'OAS tirait à vue sur de Gaulle). Et cahin caha, jusqu'en 2002 exclu, il a joué son rôle : non pas celui voulu par de Gaulle de la désignation d'un arbitre au-dessus des partis, mais au moins d'un choix clair entre le type de société voulu par la droite ou par la gauche.
Ce n'est vraiment qu'en 2007 qu'on a dérivé vers un pur et simple
star system, où seuls les "petits" candidats développent des idées tandis que les "grands" sont choisis d'abord par les sondages puis, toujours à coups de sondages, élaborent sous le nom de programmes des fourre-tout contradictoires, pour essayer à toute force de séduire plus de clientèles éparpillées que le concurrent.
Est-ce faire de l'histoire-fiction que de dire que de Gaulle a voulu à peu près le contraire ? Non seulement sur le plan institutionnel (il souhaitait tout à la France sauf de se couper en deux), mais sur celui des "programmes", puisque les deux candidats finaux font presque mathématiquement assaut de thèmes sécuritaires et que si une chose a dégoûté de Gaulle dans sa carrière c'est bien sa majorité-fleuve de 68, obtenue par Pompidou à coups de voitures grillant tous les soirs au 20 heures : "majorité de la peur", disait-il lui-même avec le plus grand mépris).
Maintenant, si nous le supposons en vie et en activité aujourd'hui (chose il est vrai plus acrobatique que de supposer Lénine vivant et régnant jusqu'en 1943), peut-on penser une seconde qu'il ne sortirait pas de son chapeau une réforme du mode de désignation du chef de l'exécutif ?
Ou dira-t-on à la manière de Tie-tie : fichu, bloqué, l'essence du gaullisme est ce mode d'élection, il n'y a plus qu'à tout prendre ou à tout jeter ?