Pour préciser ces occasions manquées, cet été 1940, le livre de Marc Ferro sur Pétain est assez éclairant.
Pour l'historien, c'est Pétain qui initie tout seul les demandes d'une collaboration franco-allemande, après MSK. La lettre de Guérard, le 15 juillet, demande officiellement des discussions au plus haut niveau après la demande des allemands de bases en AFN, mais le Maréchal demande aussi à Bouthillier, via Madrid, de pouvoir rencontrer Ribbentrop, et il active, aussi Baudouin et René Fonck, as de la Première guerre mondiale et ami de Goering, pour entrer en contact avec les allemands. Aucune réponse germaine. Le 29 août, nouvelle perche de Vichy qui demande à l'occupant de rapatrier le gouvernement à Paris. Encore aucune réponse.
Seul Laval, arrive à rencontrer le Tout Paris Allemand, et notamment, dès le 19 juillet, Abetz. Cet asymétrie dans le traitement des deux hommes par l'occupant sera quelques mois plus tard, fatale à l'auvergnat ! D'ailleurs, le 23 septembre, il amène Huntziger voire Brauchitsch, le chef de l'OKH ! Ca sera aussi Laval qui aura le privilège de rencontrer en premier, Hitler, avant le sommet de Montoire.
Montoire, là n'est pas le sujet, ne fut qu'une illusion qui se dissipa assez vite pour Pétain. Le lendemain Hemmen, à la commission d'armistice, refusait que l'esprit de Montoire interfère dans les négociations d'armistice ... la bonne volonté française consistant à vendre les participations françaises dans les mines de cuivre de Bor, en Serbie ou à restituer l'encaisse-or de la Banque de Belgique eut pour récompense la restitution à la France des ... cendres du Duc de Reichstadt !! Mais surtout, crime de lèse-majesté, le Gauleiter Bürckel mit Vichy devant le fait accompli en expulsant brutalement 70 000 lorrains en France non occupée, dès le 16 novembre. Pétain, déjà déçu par l'autisme allemand après Montoire se mit en rage contre Laval. Le parlementaire peu aimé, se doublait d'un traître qui menait une politique personnelle sans en rendre compte à son chef !
La lettre du général Dupuy, protestant de cette expulsion inique se fit d'ailleurs à l'insu de l'auvergnat, prémisse de sa fin prochaine !
Autant avant le 16 novembre, une collaboration militaire était dans l'ordre du possible, d'après le Mémorandum Warlimont du 2 novembre, autant, après la mesure de Bürckel, Pétain semble se rallier au Mémorandum Darlan, du 8 novembre 40, prônant une stricte neutralité de Vichy.
Pourtant, Hunztiger et Laval négocient encore, avec Abetz et Warlimont, espérant une aide allemande pour récupérer les territoires perdues. Huntziger ira même plus loin que le vice-président, en se ralliant carrément à une quasi belligérance contre les anglais ! Le duo ne voyant pas le 13 décembre arriver ! D'ailleurs, je m'étonne que Huntziger n'ait pas fait parti de la fatale charrette du 13 décembre !
Conclusion : Il existait bel et bien à Vichy, un désir de collaborer avec l'Allemagne. Celle-ci, pour diverses raisons, à manquer une occasion qui ne se représentera plus vraiment.