carlo a écrit:
Mais où ai-je dit que Churchill n'avait aucun mérite? En relisant ma réponse à Daniel avec ce que j'avais répondu plus tôt, je pense qu'on y trouverait la trace qu'il n'y a dans mon esprit rien d'évident dans la décision de Churchill, ni dans des décisions ultérieures, comme celle de soutenir Staline... Je pense que dans l'esprit d'Hitler la solution de la pérennité de son régime se trouvait à l'Est, dans un démembrement de l'URSS à son profit. Une de ses forces avant-guerre était justement que cette idée n'était pas pour déplaire à des pans importants de l'opinion et surtout des faiseurs d'opinion occidentaux. Vis-à-vis des pays anglo-saxons, il a peut-être pêché par un excès d'optimisme, mais c'est vrai en 1940, il était par une habile politique très prêt du but.
Je ne pense pas faire oeuvre de négationnisme, mais, à mon avis si Churchill pouvait se sentir un peu seul en 1940, il ne l'était peut-être pas tant que cela. Roosevelt les quatre fers en l'air? Comme tout le monde, un peu étonné de l'ampleur de la défaite française, mais prenant pas la même la mesure du défi. Roosevelt qui se méfie des rapports défaitistes de son ambassadeur Kennedy, Roosevelt dont le New-Deal est encore loin d'avoir les effets escomptés et pour lequel, il le sait, une mainmise éconmique allemande sur l'Europe serait un désastre. Un Roosevelt découragé à la limite, mais pas encore prêt à se jeté dans les bras d'Hitler, ou à ne pas lui rendre des coups par personnes interposées.
Puis, il y a ce type au Kremlin et je ne vois toujours pas où l'on peut imaginer qu'il cède quoi que ce soit à Hitler sans combattre (et qu'on ne me parle pas de Brest-Litovsk, ça n'a rien à voir!).
Il y a là les éléments d'un what if, au demeurant intéressant et même, le jour où on se décidera à écrire historiquement l'histoire de cette guerre, incontournable. Je veux dire que chacun, depuis 1945, a sa petite réponse à l'énigme, même s'il est à cent lieues de songer à la formuler :
en cas de paix générale fin mai (Churchill pas au pouvoir, ou renversé) ou fin juin 40 (Churchill renversé), la guerre reprend-elle, et quand, et comment ?
Vous semblez penser à la fois que Roosevelt reprend le flambeau (encore faudrait-il qu'il soit réélu, et même candidat, puisque c'est l'état de guerre qui lui sert de prétexte pour passer outre la tradition établie par George Washington, qui limite les mandats présidentiels consécutifs à deux... et acquerra force de loi en 1947, guerre ou pas), et que Hitler attaque l'URSS le 22 juin 40, voire plus tôt, comme si de rien n'était.
Si c'est vrai, je le maintiens, Churchill est un âne sanglant. Au lieu de prolonger à toute force l'état de guerre avec un pays désarmé, ouvert à l'invasion ou au moins à de meurtriers bombardements, financièrement inapte et ébranlé dans sa puissance coloniale, que ne joue-t-il (ou ne laisse-t-il Halifax jouer) sur les contradictions du monde qui, plutôt tôt que tard, vont faire repartir l'incendie mal éteint avec deux mastodontes dressés à mort contre le Reich ?