Post Numéro: 22 de tagnon 23 Sep 2008, 20:30
Bonjour à tous et à Omega67 en particulier,
Ce qui ressort de la lecture de l'ensemble de ce fil, et qui devrait y figurer de manière plus explicite, est que l'Eglise n'avait rien de monolithique ni d'uniforme. Diverses tendences y existaient, mais ne s'exprimaient pas avec la liberté, l'autorité ni l'audience de son chef, la Pape d'alors, Pie XII. D'ailleurs que veux-t-on dire par "l'Eglise": l'institution représentée par son organigramme? le Vatican? ou la communauté des Catholiques? des Chrétiens? des croyants?
C'est pourquoi dans les discussions post facto ("bien au chaud derrière nos claviers"), l'attitude de l'Eglise s'assimile souvent à celle de l'hiérarchie Papale. Il faut bien constater, du moins amha, que celle-çi s'est révélée moralement bien timide à l'égard des crimes moraux inouïs (dont elle avait une connaissance secrète, tout comme les Alliés) qu'elle aurait pu dénoncer, si pas combattre. A côté de ceci, qui était au mieux une démission morale et au pire un silence opportuniste (oserais-je dire comme certains une connivence ?), nombreux ont été au sein de l'Eglise les déclarations et les actions d'opposition aux crimes nazis. Bien des opposants ont payé leur courage au prix fort. Il n'en reste pas moins que les attitudes individuelles, pour louables qu'elles fussent, émargeaient aux positions déclarées et officielles de l'Eglise y compris par la voix du Pâpe. Ces même positions ont été réaffirmées et défendues dans l'après-guerre, non seulement dans les propos, mais dans l'action de secours aux ex-nazis en fuite.
Pour analyser ces positions, la véracité ou l'inexactitude de l'argumentation - la dialectique - sous-jacente, la bonne foi ou la duplicité des acteurs d'alors, et l'influence de ces positions, officielles, sur la communauté Chrétienne dans l'Europe en guerre, je recommande une nouvelle fois la lecture de l'étude de Daniel Goldhagen: "A MORAL RECKONING - The Role of the Catholic Church in the Holocaust and its Unfulfilled Duty of Repair". Cet ouvrage de 392 pages, par l'auteur de "Hitler's Willing Executioners" existe en traduction française: analyse objective, factuelle, argumentée et documentée: un excellent instrument de réflexion quelles que soient les sensibilités des 1 et des autres.
Ce débat est passionant, à condition de se dérouler sans passion: pour ma part je ne vois rien d'outrancier de péremptoire ni d'aggressif dans les propos des différents intervenants du Forum.
Bien amicalement,
Alain