romualdtaillon a écrit:Au vu des délibérations de 1940 et 1941, je crois plutôt que la guerre aurait été le dernier recours.
Pas si sûr. A chaque délibération son contexte, et du point de vue de l'opinion publique américaine, début décembre 1941, ce n'est pas 1940. Peu avant Pearl Harbor, les sondages révèlent que 2 Américains sur 3 sont prêts à s'opposer à l'expansion germano-japonaise.
-Le courant de sympathie envers la Chine; ce courant demeurait en surface et résultait essentiellement de l'opération de charme menée aux États-Unis par Měilíng Sòng, la femme de Chang. Pour la majorité des politiciens et des citoyens, ce pays demeurait une nation arriérée peuplée de jaunes, victimes au pays des mêmes mesures de discrimination que les noirs...
Pas d'accord. Le soutien moral et économique apporté à la Chine était réel avant Pearl Harbor. Et surtout après. Si les Américains ont perçu ce pays comme vous le dites dans les années quarante, alors le traumatisme diplomatique né de la prise du pouvoir des communistes en 1949 n'a pas de sens.
-Les liens économiques de nombreux financiers liés aux Républicains de Hoover avec le Japon en faisait un allié économique beaucoup plus naturel que la Chine, dominée depuis 40 ans par les Européens.
Ce qui n'a pas empêché Roosevelt de décréter l'embargo sur le pétrole le 26 juillet 1941, outre de geler les avoirs nippons la veille (coquette somme de 135 millions de dollars). Edward S. Miller, dans une étude stimulante (
Bankrupting the Enemy. The U.S. Financial Siege of Japan Before Pearl Harbor, United States Naval Institute, 2007), montre bien, d'ailleurs, que cette décision financière a considérablement accru les difficultés de financement japonaises...
-Les États-Unis, isolationnistes mais aussi opportunistes auraient agi avant tout en fonction de leurs intérêts propres. Que l'Extrême-orient ait été aux mains du Japon plutôt que de la G-B, de la Hollande, de la Chine ou de la France devenait une menace en autant que les intérêts américains soient en péril.
N'oubliez pas que la guerre est mondiale : si les nazis, qui tiennent l'Europe, s'emparent de la Russie, puis aident les Italiens à maîtriser l'Afrique, avant que les Japonais n'occupent le reste de l'Asie, le commerce américain, qui fonctionne sur le principe du libéralisme économique, risque d'en souffrir en affrontant des situations de monopole local.
Sans parler du fait que les Américains se retrouveront du même coup environnés d'ennemis de chaque côté des deux océans. Depuis Munich, on sait qu'il n'est guère envisageable de faire confiance aux Puissances de l'Axe.
L'embargo de 1941 a été imposé dans cette optique mais la position présentée à Hirohito d'un Japon négociant en position de force avec les États-Unis le partage de l'Asie du sud-est n'était pas si saugrenue. Roosevelt ou tout autre président aurait bien pesé le pour et le contre avant de sacrifier la vie de centaines de milliers de jeunes hommes pour une aventure incertaine au bout du monde si la contrepartie offerte par le Japon avait été alléchante.
Pas incertaine : gagnante. Souvenez-vous que les Japonais étaient méprisés par les Américains, sur tous les plans. Et sur un plan strictement objectif, la capacité industrielle américaine écrasait l'Empire du Soleil.
On imagine très bien le travail de propagande des Républicains la-dessus dans les médias !!
... à laquelle auraient répondu les Démocrates...
Reste à voir comment Hirohito et son état-major auraient accepté de réduire la Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale....
Je crois qu'ils ont réalisé que les Etats-Unis accepteraient une réduction totale de ladite Sphère de "co-pauvreté" (surnom officieux attribué à l'empire nippon).
D'où le choix de la guerre.