Un homme à la mer, c'est un tout petit point à la surface de l'océan, qui n'apparaît que par intermittance, et encore pas systématqiuement, quand une vague le soulève, et qu'il a la force de synchroniser ses mouvements de natation avec la période des vagues ...
De nuit (les sous-marins allemands attaquaient de préférence la nuit), c'est très difficile à repérer et, pour pouvoir le récupérer, il faut que qu'un navire le cherche.
Il n'y a pas de frein sur un bateau.
Par exemple, si le navire de recherche est une corvette d'accompagnement et fait route à 6 neuds (env. 10km/h), il lui faudra plus d'un mile nautiques (1.852 mètres) pour s'arrêter et, en prenant le cas où le capitaine est "un bon", revenir également au point où les guetteurs ont aperçu un naufragé, une dizaine de minutes d'évolutions à vitesse de plus en plus faible ...
Ceci à l'estime car, en fonction du vent, le bateau dérive ...
Pour recueillir le naufragé, il faut soit mettre un canot' à la mer, attendre qu'il se dirige vers le naufragé, le recueille, et le récupérer ensuite, soit faire passer le bateau suffisemment près de lui avec des échelles pendant le long de la coque, en espérant que le naufragé soit capable de venir nager et de s'y agripper.
Bref, là encore, un bon quart d'heure pendant lequel la vitesse de la corvette (j'ai choisi pour l'exemple un bateau militaire, donc étudié pour être manoeuvrant) est quasi-nulle ...
Pour reprendre de la vitesse, le bateau doit relancer ses machines, et là aussi celà prends du temps ; dans le cas d'une corvette, là encore, au moins 5 miutes ...
Un peu de mathématiques : 10+15+5 = 30 minutes ...
Le tout dans une mer, où des sous-marins allemands chassent en meute, attaquant au canon aussi bien qu'à la torpille, celà signifie pour le Capitaine de la corvette se poser en cible sans défense pendant tout ce temps, et sans même la certitude de récupérer le naufragé, qui aura pu se noyer, à bout de forces entre-temps ...
Or, un navire, même militaire, ne peut éviter une torpille que s'il peut manoeuver. S'il est à l'arrêt, il n'a aucune chance.
Sur un duel au canon, il en a une, mais une petite : le canon du sous-marin est de calibre inférieur, mais le sous-marin a une silhouette très basse, sa coque ne dépassant que de moins d'un mètre au-dessus de l'eau, alors que la corvette, elle, dépasse de plusieurs mètres de la surface, et qu'un marin d'un navire manoeuvrant sait utiliser la lune pour se placcer à contre-éclairage ...
De plus s'ajoute, pour le Commandant de la corvette, le facteur humain, puisqu'il cotoie tous les jours son équipage de plusieurs dizaines de marins ...
Malgré celà, beaucoup de capitaines ont pris le risque, et parfois hélas bien trop souvent pour une épave de bois qui flottait ...
Malgré les ordres de l'Amirauté, aussi ...
Certains ont pris ce risque une fois, puis une seconde, puis moins intensément ...
Ce que je crois, c'est que nous sommes, maintenant, tellement sécurisés par notre style de vie du 21ème siècle, que nous ne pouvons que très difficilment comprendre ce qui s'est passé dans la tête des capitaines de ces navires, alors ...
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Quand à l'hydrocution, celà m'est arrivé personnellement, en Juillet, au début des années 1980, en Bretagne, dans l'Archipel des Glénans ...
Je suis bien physqique, pas trop mauvais nageur (14 au BAC à l'époque avec une cheville claquée la veille, un voile sur ma vie privée , OK !!!), mais d'un seul coup, malgré l'urgence, vos muscles sont saisis par le froid et se bloquent, refusant toute action ...
Bref, j'ai eu la chance, ce jour-là, de savoir pratiquer les 4 nages, et d'avoir un second-père doté d'un sang-froid à toutes épreuves ...
qu'il m'a légué en partie ... Merci à lui !!!
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Coucou Deimos,
C'est encore une fois un éclairage à base d'expérience personnelle, atypique, et sans vraiment de valeur historique puisque mon expérience se place dans les années 1980-1990-2000 (enfin en 2002, c'était le contraire : à bord du bateau d'un ami de mon ex-femme, on a "ramassé" 4 ou 5 "jeunes" qui ont failli "tater les cailloux" au large de Bréhat) ...
Simplement, je l'exprime parce que je crois que les forums ça sert à ça : faire passer l'émotion, de compréhension à compréhension, et d'expérience personnelle à expérience personnelle ...
Ce que je veux dire, aussi bien à Deimos qu'aux lecteurs de ce Forum, c'est que :
- si en 1941/42, par une température de 8 à 10°C, vous aviez été le commandant de 28 ans d'un "veau" de cargo d'une cinquantaine d'hommes d'équipages, que vous aviez quasiment tous vus aux escales et avec 5 ou 10 d'entre lesquels vous mangiez tous les jours,
- si vous aviez décacheté dans le plus grand secret, dans votre cabine, une enveloppe vous disant que votre cragaison "passait avant tout" ...
- si un des jeunes matelots de vigie (avec cette guerre, ils étaient de plus en plus jeunes, enflammés et inexpérimentés !!!) vous avait annoncé un "machin" flottant entre 2 vagues,
- si, de plus, 20 jours avant, vous aviez donné l'ordre au navire de s'arrêter, qu'une barque avait été mise à l'eau, et n'ait ramené ... qu'une lunette de chiottes vides !!!
- Ben , ce coup-là, vous auriez fait quoi, vous ???