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Denise Bardet , un exemple d'humanité

Cette rubrique renferme tout ce qui concerne le front ouest du conflit, y compris la bataille des Ardennes ainsi que les sujets communs à tous les fronts tels, les enfants et les femmes dans la guerre, les services secrets, espionnage...
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Denise Bardet , un exemple d'humanité

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Mahfoud06  Nouveau message 21 Oct 2007, 16:07

Denise Bardet


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Denise Bardet naît dans le Limousin dans la commune de Verneuil ( Haute Vienne) à 15 kilomètres de Limoges le 10 juin 1920 .
Ses parents , Louise et Germain, sont cultivateurs . A la naissance de Denise , leur ferme héritée des parents de Germain à perdu sa prospérité. La grand mère maternelle de Denise, une personne cultivée qui aimait se rendre au théâtre à laissé beaucoup de dettes .
La fillette est seulement âgée d'un an quand ses parents sont obligés de quitter la ferme. Ils s'installent dans la propriété des parents de la mère de Denise , Louise , près de Pagnac à la Grange de Boeil , commune de Veyrac. Le père de Denise , gazé pendant la Première Guerre mondiale, est de santé fragile. Il décède en 1929 . Louise doit alors élever seule Denise âgée de neuf ans et son petit frère Camille qui n'a que trois ans. Comme les autres enfants , Denise se rend à l'école de la Barre à pied située à deux kilomètres de son habitation. C'est une très bonne élève qui aime particulièrement les mathématiques qui resteront sa première passion. Denise est à douze ans pensionnaire à l'Ecole Primaire Supérieure de filles de Saint-Léonard. Elle y restera cinq années de 1932 à 1937. C'est une élève brillante aussi bien en français qu'en mathématiques. En 1937 , elle est reçue au concours d'entrée à l'Ecole Normale d'institutrices de Limoges. Elle est l'une des vingt élues sur les quatre cents candidates qui se sont présentées. Pendant son temps libre Denise aime faire la lecture à sa mère. Le premier poste de Denise en tant qu'institutrice est à Chéronnac ( Haute-Vienne) au mois de septembre 1940 . C'est à ce moment là que la jeune femme décide de tenir des cahiers . Ils correspondent d'abord à sa nouvelle indépendance qu'elle défendra jalousement . Au début de ses cahiers elle semble avoir tout perdu . On lui fait mal et elle veut apprendre à pardonner . Les cahiers de Denise laissent pressentir les dangers de la guerre : Elle est inquiète de cette Allemagne du moment abandonnée à un :" sombre génie" mais elle s'évertue à une grandeur intellectuelle à ne pas assimiler l'Allemagne nazie avec l'Allemagne éclairée dont elle rappelle les grandeurs passées et ses écrivains tels que Thomas Maann , Bertolt Brecht, Musil , Remarque.....
L'Histoire n'a pas permis à Denise de poursuivre sa philosophie et ses réflexions . En 1944 , Denise qui est en poste à Oradour sur Glane , par rapport au souhait de sa mère qui la voulait près d'elle . Il n'y a que trois kilomètres entre Oradour et la Grange de Boeil .
Elle a la charge d'une classe de Cours Elémentaire , deuxième année ( CE2 ) . Le 10 juin 1944 , comme à son habitude , elle rentre en vélo pour manger avec sa mère . C'est un jour important . C'est son anniversaire . Elle à vingt-quatre ans . Son frère Camille lui aussi à quelque chose à fêter : Il a appris le 9 au soir qu'il était reçu au concours d'Entrée à l'Ecole Normale d'instituteurs de Limoges .
IL est prévu qu'il arrosera son succès le lendemain soir à l'école d'Oradour avec les collègues de Denise . Ce jour là il mange avec des cousins sur Limoges . IL voit passer sous la fenêtre de ses cousins , vers midi , la division :" Das Reich" qui se dirige vers Oradour .
Le garçon en est troublé , sans plus . IL prend un peu plus tard la même route à vélo en compagnie de deux de ses camarades . Ils sont arrêtés vers 16h30 à la hauteur de Verneuil-la-Côte par un ancien compagnon de collège de Camille .
Ce dernier leur fait part des rumeurs :Les Allemands se battraient à Oradour avec des Résistants . IL les incite à ne pas continuer sur ce chemin . Camille contourne par la Barre pour rejoindre la Grande de Boeil , où il arrive vers 17h. Les gens du village se sont groupés pour voir des flammes qui montent d'Oradour . On parle d'hommes fusillés , de femmes et d'enfants mis à l'écart . La mère , Louise est folle d'inquiétude . Elle et Camille attendent Louise toute la nuit . Dès le lever du jour , Louise part seule rechercher Denise , Camille la suit peu après . Quand il arrive à proximité du bourg , il aperçoit deux sentinelles allemandes au croisement de la route d'Oradour avec celle de Saint-Victurnien . IL a alors pour la première fois le sentiment que sa soeur et peut-être sa mère on été tuées . Faute de pouvoir approcher Oradour à cause d'un danger encore présent , il repart en pleurant . Louise ne tarde pas à le rejoindre . Elle a rencontré un professeur Monsieur Forest dont deux enfants sont scolarisés à Oradour . Comprenant l'allemand il a apprit des soldats que toute la population d'Oradour avait été assassinée . Camille et Louise reprennent en larme le chemin de la Grange de Boeuil .
On retrouvera le lendemain le corps de Denise appuyé contre la marche d'un autel , les bras refermés sur le cadavre d'une petite fille . Comme ses élèves , les autres femmes et les autres enfants d'Oradour , elle a été tuée dans l'église . La douleur de Louise la conduira au bord de la folie . Elle se reprochera toute sa vie d'avoir sa fille près d'elle . Tous les dimanches , Louise et Camille se rendront à Oradour .

Sources :

Cahiers de Jeunesse de Denise Bardet .
Editions Lucien Souny , 2002 . Présentation de Jean Bardet .


 

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Mahfoud06  Nouveau message 21 Oct 2007, 16:11

IL m'a semblé intéressant et émouvant de relever quelques-unes des pensées de Denis Bardet . Elles traduisent l'immense humanité et lucidité d'une jeune femme qui -alors- ignore tout du martyre qui sera le sien.
"Nous vivons une si douloureuse époque que notre esprit doit le moins possible s'arrêter à cette folie humaine (je devrais dire: à ce déchaînement de la folie humaine)." Il ne faut pas confondre la barbarie nazie et l'Allemagne...Il faut lire Börne, Büchner, Heine en France pour distinguer entre l'Allemagne immortelle et ses maîtres d'un jour. Et surtout, il faut témoigner des noms d'aujourd'hui qui sont l'espoir et l'hymne de l'avenir : Thomas Mann, Bert.Brecht, Heinrich Mann, Anna Seghers, Léon Feuchtwanger,Willi Bredel,Emil Ludwig, Egon,Erwin Kish,Erich-Maria Remarque, Ludwig Renn,Franz Werfel,Musil...
Ce qui est la preuve de sa grande humanité refusant de sombrer dans les tourmantes de l'amalgame et de géréraliser la haine envers le peuple allemand . Or en 1933 Hitler déclare la guerre à l'humanisme : " Toutes les philosophies ne sont compréhensibles que par rapport aux buts et aux conceptions de vie de certaines races. Très difficile de prendre position pour l'exactitude ou l'inexactitude de certaines idées si l'on n'examine pas leurs effets sur l'homme sur lequel on voudra les voir utilisées."- négation de toute valeur humaine, de toute vérité;- soumission de la culture aux buts politiques de l'Etat
Il ne faut pas nier le caractère allemand du phénomène national-socialisme :- les millions d'hommes qui acceptent et soutiennent le régime sont des Allemands.Ils reconnaissent dans ce qu'il leur apporte " d'anciennes et tenaces valeurs germaniques " :exaltation de la force, culte du chef, idée mystique du Reich éternel, mythe de la race. Voici les tendances qui ont servi à l'asservissement de l'Allemagne " depuis Arminius jusqu'à Rosenberg " .L'hitlérisme a des répondants dans le passé. Même la pensée des grands humanistes n'est pas étrangère à cette tradition germanique, et l'hitlérisme peut se réclamer de Hegel, de Wagner, de Nietzsche...(mais: immense différence de niveau, de qualité, entre la pensée de tels hommes et l'idéologie hitlérienne qui n'utilise à des fins grossièrement matérielles que les aspects durables de cette pensée.). Problème :
- Y a-t-il une Allemagne du glaive et une de l'esprit ?
- Faut-il dire qu'une seule représente l'Allemagne éternelle ?
Nous avons affaire à deux aspects également permanents de l'Allemagne. L'Allemagne ? un champ de bataille séculaire entre la civilisation la plus haute et la barbarie la plus inhumaine. Sans cesse le pays des poètes et des penseurs est rejeté dans les mêmes folies d'orgueil et de haine.Aujourd'hui elle s'abandonne à "un sombre génie". Et pourtant il nous est facile de continuer à aimer l'Allemagne qui n'est pas notre ennemie : l'Allemagne humaine et mélodieuse (...) je veux dire ma reconnaissance à la vraie Allemagne...
Je veux affirmer que cette véritable Allemagne c'est pour elle que nous nous battons... Puissions-nous les uns et les autres désarmer l'ennemi par des chansons ! Nous, Français, nous défendons le monde des rêves. Toute la vie allemande est réfugiée dans ceux qui incarnent l'éternelle amitié des peuples de France et d'Allemagne si souvent opposés par leurs maîtres et dont, à travers les siècles, les échanges de pensées ont plus fait pour la vie que jamais les guerres fratricides n'ont pu faire pour la mort. Telles étaient quelques unes des réflexions que portait cette jeune enseignante sur les évènements tragiques qui agitaient notre pays. Ce qui n'occultait en rien chez Denise des pensées empreintes de romantisme et d'allégresse: " Oh ! je veux vivre ! je veux des amis, du monde, une maison. Je veux donner et dépenser. La soirée est superbe - si belle qu'on craint même de l'enfermer dans sa poitrine quand on respire.

"L'amour est comme une lumière.[/i]
Source : Cahiers de Jeunesse de Denise Bardet .
Editions Lucien Souny , 2002 . Présentation de Jean Bardet


 

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