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Les listes noires du PCF sous l'Occupation

Pétain, Laval, le régime de Vichy et tous ceux qui furent acteurs de cette période sombre de notre histoire. La collaboration, les collaborateurs, la vie quotidienne sous la botte de l'occupant, les privations, le marché noir...
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Les listes noires du PCF sous l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Tom  Nouveau message 20 Oct 2007, 18:16

Voici un court extrait de l’article « Les listes noires du PCF » publié dans le magazine L’histoire d’octobre 2007 (N° 324, Spécial : Archives inédites – Les crimes cachés du communisme, de Lénine à Pol Pot) :

La première des onze listes [noires] publiées sous l’Occupation paraît en janvier 1943 et compte 322 noms.

[…] Les « donneurs », des communistes arrêtés qui ont parlé aux policiers, y sont particulièrement nombreux : 441 sur 1058 noms [au total, sur les onze listes].

[…] A ceux qui, dans les rangs communistes, invoquent la torture pour excuser les militants qui ont « craqué », la direction nationale rétorque qu’il « n’y a pas de place dans le parti pour de semblables manifestations de libéralisme pourri ».

Les militants ayant rompu à la suite du pacte germano-soviétique du 23 août 1939 et, parmi eux, ceux qui ont rejoint le Parti ouvrier et paysan français (POPF), fondé par d’anciens communistes et devenu pro-Vichy, figurent eux aussi en bonne place sur les listes noires.

[…] Avant même la parution des listes noires, [les « traîtres »] deviennent une des cibles privilégiées des groupes armés communistes […][qui] se désignent, non sans fierté, comme le « Guépéou du parti ».

[…] Fort de son infaillibilité autoproclamée, le parti ne peut être victime que de la faiblesse humaine, des fautes individuelles ou des agissements coupables commis par certains de ses membres.


Cf. Liquider les traîtres. La face cachée du PCF, 1941-1943 de J.-M. Berlière et F. Liaigre, Robert Laffont, 2007

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Tom  Nouveau message 21 Oct 2007, 11:03

L'article donne tout de même quelques exemples :

Marcel Gitton, l'ancien numéro trois du parti [communiste français] et fondateur du POPF [Parti ouvrier et paysan français pro-Vichy], est ainsi tué le 4 septembre 1941 par le détachement Valmy. [...] Jean-Marie Clamamus, sénateur-maire communiste de Bobigny ayant rejoint le POPF [...], survit à quatre attentats, tandis que son fils [...][est] abattu par des FTP le 26 août 1944. En région parisienne, 17 membres ou ex-membres du PCF sont assassinés entre septembre 1941 et septembre 1944.

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Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 21 Oct 2007, 12:58

Le livre de MM. Berlière & Liaigre révèle en effet que la "commission des cadres" (l'organe exécutif) du P.C.F. a mis sur pied une unité spéciale de tueurs, le "détachement Valmy", pour exécuter les "traîtres".

Rien de bien surprenant à vouloir liquider les "donneurs" : une telle pratique était courante, à l'époque, et ce pour chaque mouvement de résistance. Mais l'action s'est également étendue, en 1941, à ceux qui avaient quitté le P.C.F. et avaient rallié l'extrême-droite par réaction contre le pacte germano-soviétique. Bref, règlements de comptes il y a eu, mais ils visaient surtout ceux qui avaient rallié le "fascisme". Quitter le Parti ne vous exposait pas en soi à une condamnation à mort : être suspecté de travailler, directement ou non, pour Vichy et l'occupant, en revanche, si. C'est là une observation que l'on cherche en vain dans cet ouvrage au demeurant remarquable.

Enfin, à partir de 1942, le "détachement Valmy" s'attaquera prioritairement aux Allemands, avant d'être démantelé en 1943 par les R.G.

Quant à l'absence de pitié du Parti envers ceux qui avaient parlé sous la torture, il faut relativiser. D'une part, ces Résistants étaient généralement soumis à une certaine opprobre, qu'ils soient communistes ou pas - voir le cas édifiant d'Henri Aubry, qui livrera Jean Moulin à Barbie après deux jours de tortures physiques et mentales poussées à l'extrême. D'autre part, à l'exception de quelques rares exemples (dont Moulin), tous les Résistants arrêtés finissaient par parler. Le P.C.F. a du tenir compte de cette réalité. En temps de guerre, les meurtres visaient prioritairement les "renégats" pro-fascistes et surtout les Allemands.

En d'autres termes : le contexte, toujours le contexte...
« Choisir la victime, préparer soigneusement le coup, assouvir une vengeance implacable, puis aller dormir… Il n'y a rien de plus doux au monde » (Staline).

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Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Tom  Nouveau message 21 Oct 2007, 13:56

Nicolas écrit :

Quant à l'absence de pitié du Parti envers ceux qui avaient parlé sous la torture, il faut relativiser. D'une part, ces Résistants étaient généralement soumis à une certaine opprobre, qu'ils soient communistes ou pas [...]. D'autre part, à l'exception de quelques rares exemples (dont Moulin), tous les Résistants arrêtés finissaient par parler. Le P.C.F. a du tenir compte de cette réalité. En temps de guerre, les meurtres visaient prioritairement les "renégats" pro-fascistes et surtout les Allemands.
En d'autres termes : le contexte, toujours le contexte...


Certes, mais, selon l'article susmentionné, les FTP poursuivent sans relâche, tout au long de l'Occupation, les "traîtres" au parti (dont le dirigeant charismatique, depuis Lénine, est infaillible et a toujours raison)...

voir le cas édifiant d'Henri Aubry, qui livrera Jean Moulin à Barbie après deux jours de tortures physiques et mentales poussées à l'extrême


Je croyais que René Hardy était le seul coupable dans cette ténébreuse affaire ! (Balzac) ;)

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Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Tom  Nouveau message 21 Oct 2007, 15:11

Nicolas écrit :

[...] il est indéniable que la pratique des attentats visait également à préparer les militants-combattants à la grande castagne que serait la Libération - soit que ladite Libération débouchât sur une guerre civile, soit qu'on se limitât à cogner le "Boche". [...] Certes, ces coups de main ne pesaient pas lourd mais [...] ils n'en étaient pas moins de nature à améliorer l'expérience de ces combattants de l'ombre, en tout cas bien mieux que chez leurs confrères non-communistes, lesquels, pour leur part, attendaient la Libération pour passer à l'action violente (je résume).


Tout d'abord, il est inexact (mais conforme à la propagande communiste de l'époque) d'affirmer que les résistants non communistes étaient tous des "attentistes" et que tous les communistes étaient passés à l'"action immédiate". Comme je l'ai déjà précisé sur un ancien "fil", non seulement de nombreux groupes francs et certains maquis de l'A.S., par exemple, se montraient très actifs tandis que beaucoup de F.T.P. restaient passifs, mais encore, en raison des conditions de terrain (manque d'armes, d'explosifs et même d'objectifs : régions vides d'Allemands !), la différence entre "attentisme" et "action immédiate" était surtout politique !

Ensuite, si la "pratique des attentats" pouvait participer de la préparation militaire, elle n'en constituait qu'une petite partie et ce n'était certainement pas la raison principale pour laquelle le P.C.F. l'avait choisie.

A ce propos, permets-moi de citer le colonel Jourdan-Joubert, seul officier rescapé des Glières :

[...] [Dans l'Armée secrète,] une discipline stricte s'imposait, car on ne forme pas des soldats sans discipline, je veux dire des soldats qui savent se battre et qui n'abandonnent pas leur poste. L'expérience a montré que seuls ont été capables de ne pas fuir, dans les moments critiques, ceux qui possédaient la technique et les réflexes que l'on acquiert par la discipline militaire ; les autres ont souvent abusé de la "mobilité" [...].

[Pour l'A.S.], la discipline [...] impliquait qu'on ne considérait pas comme des exploits guerriers honorables les coups de main sur les bureaux de tabac, les fromageries, les banques ou les saloirs des paysans dont on ne partageait pas les opinions. Elle exigeait surtout qu'on ne cherchât pas à calmer une turbulence naturelle par des opérations sans utilité et qu'on mît en balance le rendement de chaque intervention avec les inconvénients qui en résulteraient pour la population civile. [...] Elle imposait de retenir l'impatience des troupes qui aimaient s'occuper en coups de main sans danger après lesquels elles décrochaient une fois la grenade lancée ou l'explosif mis en place, pour leur inculquer le courage calme qui leur permettrait de participer à des opérations de plus grande envergure, les seules qui finalement compteraient pour la libération.


Nicolas écrit :

Prétendre qu'une "histoire officielle" (donc gaullo-communiste) de la Résistance existe ou a existé, c'est faire injure aux travaux d'anciens historiens reconnus tels que le regretté Henri Michel, qu'il faudrait relire - et qui se trouvait notamment être en avance sur Paxton s'agissant de l'analyse du régime de Vichy.


Certes, Henri Michel a accompli un énorme travail à la tête du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, mais je doute qu'il fût en avance sur Paxton (sinon comment expliquer le choc que celui-ci a provoqué ?). De plus, il faut rappeler que, de 1950 à 1980, le Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale était rattaché aux services du Premier ministre et, après l'ouverture très partielle, en 1979, des archives publiques concernant la période postérieure au 10 juillet 1940, l'Institut d'histoire du temps présent, qui a succédé au Comité, dépend du Centre national de la recherche scientifique. Ainsi, les nouvelles perspectives, même contestées, proviennent souvent de chercheurs à l'étranger (Jäckel, Paxton, etc.) ou hors du sérail des historiens patentés (par ex. Chauvy...).

Toujours dans la revue Esprit, n° 1, janvier 1994, "Que reste-t-il de la Résistance ?", page 19, "L'historisation de la Résistance", J.-P. Azéma et F. Bédarida notent que la production historique concernant la Résistance a longtemps été une hybridation entre la science et le mythe .

Et Eric Conan : La Résistance n'est pas seulement un épisode de l'histoire de France, mais avant tout un récit sacré, simpliflié, enjolivé - un mythe fondateur et indispensable - à partir duquel a pu se reconstruire l'identité nationale après la tourmente des années 1940 - 1945.

Peut-être n'y a-t-il pas eu d'histoire de la Résistance vraiment officielle, mais il y a eu (et il y a encore) une histoire mythifiée.

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Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 21 Oct 2007, 17:35

Tom a écrit:Tout d'abord, il est inexact (mais conforme à la propagande communiste de l'époque) d'affirmer que les résistants non communistes étaient tous des "attentistes" et que tous les communistes étaient passés à l'"action immédiate".


D'où les deux derniers mots de ma phrase, qui de toute évidence t'ont échappé : "je résume". Je causais des courants, non d'unités ou d'hommes isolés. Et à ce titre, il est absolument incontestable que le premier courant résistant à être entré dans l'action violente n'est autre que celui des communistes, et que ces derniers l'ont parfaitement assumé.



Comme je l'ai déjà précisé sur un ancien "fil", non seulement de nombreux groupes francs et certains maquis de l'A.S., par exemple, se montraient très actifs tandis que beaucoup de F.T.P. restaient passifs, mais encore, en raison des conditions de terrain (manque d'armes, d'explosifs et même d'objectifs : régions vides d'Allemands !), la différence entre "attentisme" et "action immédiate" était surtout politique !


Précisément. Mais à quelle famille politique appartenait le tueur de la première victime allemande de la Résistance ?

Il faut également tenir compte d'un élément fondamental, quoique bizarrement oublié de tous : les dirigeants communistes français devaient également offrir des gages à Staline, montrer qu'ils étaient à la pointe du combat antifasciste.




Ensuite, si la "pratique des attentats" pouvait participer de la préparation militaire, elle n'en constituait qu'une petite partie et ce n'était certainement pas la raison principale pour laquelle le P.C.F. l'avait choisie.


Evidemment, mais la seule explication de la motivation politique est absolument insuffisante.




A ce propos, permets-moi de citer le colonel Jourdan-Joubert, seul officier rescapé des Glières :

[...] [Dans l'Armée secrète,] une discipline stricte s'imposait, car on ne forme pas des soldats sans discipline, je veux dire des soldats qui savent se battre et qui n'abandonnent pas leur poste. L'expérience a montré que seuls ont été capables de ne pas fuir, dans les moments critiques, ceux qui possédaient la technique et les réflexes que l'on acquiert par la discipline militaire ; les autres ont souvent abusé de la "mobilité" [...].

[Pour l'A.S.], la discipline [...] impliquait qu'on ne considérait pas comme des exploits guerriers honorables les coups de main sur les bureaux de tabac, les fromageries, les banques ou les saloirs des paysans dont on ne partageait pas les opinions. Elle exigeait surtout qu'on ne cherchât pas à calmer une turbulence naturelle par des opérations sans utilité et qu'on mît en balance le rendement de chaque intervention avec les inconvénients qui en résulteraient pour la population civile. [...] Elle imposait de retenir l'impatience des troupes qui aimaient s'occuper en coups de main sans danger après lesquels elles décrochaient une fois la grenade lancée ou l'explosif mis en place, pour leur inculquer le courage calme qui leur permettrait de participer à des opérations de plus grande envergure, les seules qui finalement compteraient pour la libération.


C'est là raisonner en militaire habitué à manier des régiments sur le champ de bataille. Mais la discipline théorique ne vaut jamais l'expérience acquise sur le terrain. La peur du danger, l'attente du coup de main, l'angoisse d'être pris, la nécessité d'organiser un bon système de fuite, autant d'éléments qui ne découlent que de la seule et unique pratique.

Bref, un bleu sachant se tenir au garde à vous et manier un fusil restera toujours... un bleu, tandis que pour les deux ou trois jeunes débutants inexpérimentés qui font sauter un kiosque à journaux, l'opération sera toujours riche d'enseignements. Ils apprendront à maîtriser leur peur, à l'avenir, à mieux manier les explosifs dans l'urgence de la situation. Ils deviendront plus efficaces.

C'est d'ailleurs ce qui ressort de l'ouvrage Liquidez les traîtres de MM. Berlière & Liaigre : les premières actions violentes du "détachement Valmy" ont permis de déceler les erreurs commises dans le feu de l'action (malgré la formation clandestine des cadres à Moscou), ce qui lui permettra de les éviter à l'avenir. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il faudra des mois de filatures aux professionnels des R.G. pour faire tomber le réseau.




Certes, Henri Michel a accompli un énorme travail à la tête du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, mais je doute qu'il fût en avance sur Paxton


Pour dissiper tes doutes, lis son Vichy année 40, Robert Laffont, 1967 - ainsi que Pétain, Laval, Darlan : trois politiques ?, Flammarion, 1972.



(sinon comment expliquer le choc que celui-ci a provoqué ?).


Eberhard Jäckel aussi était en avance sur Paxton, avec La France dans l'Europe de Hitler (Fayard, 1968). Mais comme il arrive parfois, au cinéma comme en littérature, en science comme en Histoire, les travaux novateurs isolés ne sont pas appréciés à leur juste valeur - du moins, pas immédiatement.



De plus, il faut rappeler que, de 1950 à 1980, le Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale était rattaché aux services du Premier ministre et, après l'ouverture très partielle, en 1979, des archives publiques concernant la période postérieure au 10 juillet 1940, l'Institut d'histoire du temps présent, qui a succédé au Comité, dépend du Centre national de la recherche scientifique.


C'est là une vision partiale de la réalité.

Le CH2GM, créé en 1951 (pas 1950), avait pour objectif de pallier l'habituelle restriction d'accès aux archives nationales en collectant documents et témoignages sur la Résistance et la guerre mondiale, département par département, région par région, et en organisant ou patronnant divers travaux d'étude qu'il serait pertinent de rééditer. C'est d'ailleurs pour cette raison que le témoignage humain constituera la source principale de cette Histoire en gestation, sans pour autant être dispensé d'une analyse historique parfois très pointilleuse - il est arrivé que des historiens du CH2GM pratiquent de véritables interrogatoires dignes de cabinets d'instruction...

Cet organisme était rattaché à la Présidence du Conseil, mais il serait particulièrement malhonnête d'en faire un instrument vicieux de Matignon. En effet, il n'a jamais été dirigé ou gêné dans son travail par des interventions venues des hautes sphères du pouvoir - lesquelles avaient d'autres chats à fouetter, en Indochine puis en Algérie. Lorsque le Président Pompidou voudra mettre l'accent sur la nécessité de se concentrer davantage sur le présent aux dépends du passé, il se heurtera à la "résistance" du CH2GM, lequel au contraire continuera inlassablement ses travaux d'analyse et de collecte.

En 1978, l'heure était venue de diversifier les activités historiques du Comité. Ce dernier avait constitué un immense fonds documentaire. Les archives nationales devenaient davantage accessibles. L'Institut d'Histoire du Temps Présent, orienté vers l'Histoire du XXe siècle, naissait, non sans critiques émanant des anciens du CH2GM, qui se sentaient floués. L'indépendance statutaire de cette nouvelle institution était améliorée, puisque cette fois relevant du C.N.R.S.




Ainsi, les nouvelles perspectives, même contestées, proviennent souvent de chercheurs à l'étranger (Jäckel, Paxton, etc.) ou hors du sérail des historiens patentés (par ex. Chauvy...).


C'est là, à nouveau, une vision partiale et manifestement erronée de la réalité... Sans être un grand admirateur de la recherche française, je ne serais pas aussi tranché.

D'autant que je trouve l'argument curieux : c'est nouveau, donc c'est bon ?

Enfin, précisons à toutes fins utiles que le "novateur" Chauvy a fini par perdre un procès en diffamation qui lui a été intenté par des Résistants contre l'une de ses "études objectives", outre qu'il est depuis passablement grillé chez les historiens sérieux.



Toujours dans la revue Esprit, n° 1, janvier 1994, "Que reste-t-il de la Résistance ?", page 19, "L'historisation de la Résistance", J.-P. Azéma et F. Bédarida notent que la production historique concernant la Résistance a longtemps été une hybridation entre la science et le mythe .

Et Eric Conan : La Résistance n'est pas seulement un épisode de l'histoire de France, mais avant tout un récit sacré, simpliflié, enjolivé - un mythe fondateur et indispensable - à partir duquel a pu se reconstruire l'identité nationale après la tourmente des années 1940 - 1945.


Tiens, mais ne s'agit-il pas là d'historiens patentés aux ordres du pouvoir ? :mrgreen:




Peut-être n'y a-t-il pas eu d'histoire de la Résistance vraiment officielle, mais il y a eu (et il y a encore) une histoire mythifiée.


Des histoires, mythifiées ou non, au pluriel ! L'Histoire de la Résistance s'est construite petit à petit, de même que celle, de par le monde, du second conflit mondial. Cette édification n'est pas allée sans rivalités. Les communistes, par exemple, et notamment l'historien Alain Guérin (auteur d'une Chronique de la Résistance rééditée en 2001 chez Omnibus, en un volume), n'appréciaient guère le trop rigoureux Henri Michel et son CH2GM.
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Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 21 Oct 2007, 17:42

Tom a écrit:Certes, mais, selon l'article susmentionné, les FTP poursuivent sans relâche, tout au long de l'Occupation, les "traîtres" au parti


Bien sûr, mais ce n'était pas l'essentiel de l'activité résistante du P.C.F.


(dont le dirigeant charismatique, depuis Lénine, est infaillible et a toujours raison)...


Lénine était un détraqué, et il serait temps qu'on le reconnaisse.



Tom a écrit:
voir le cas édifiant d'Henri Aubry, qui livrera Jean Moulin à Barbie après deux jours de tortures physiques et mentales poussées à l'extrême


Je croyais que René Hardy était le seul coupable dans cette ténébreuse affaire ! (Balzac) ;)


René Hardy a trahi sans être torturé, Henri Aubry a parlé après avoir été tabassé à mort. L'un est coupable, l'autre est victime.
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Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Savinien  Nouveau message 21 Oct 2007, 22:13

Bref, un bleu sachant se tenir au garde à vous et manier un fusil restera toujours... un bleu, tandis que pour les deux ou trois jeunes débutants inexpérimentés qui font sauter un kiosque à journaux, l'opération sera toujours riche d'enseignements. Ils apprendront à maîtriser leur peur, à l'avenir, à mieux manier les explosifs dans l'urgence de la situation. Ils deviendront plus efficaces.
Mmm argument scabreux je trouve car l'entrainement existe. Et à l'époque, s'entrainer au sabotage engendre déjà un joli stress.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il faudra des mois de filatures aux professionnels des R.G. pour faire tomber le réseau.
N'oublions surtout pas que le PCF a eu le culte de la clandestinité et une expérience assez conséquente (il me semble que le parti de cette chère Arlette est toujours assez ombrageux).
D'un autre côté (dans le Nord de la France et en Belgique), l'expérience de la Grande Guerre a joué aussi un rôle -toute tendance confondue ici.


 

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Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 21 Oct 2007, 23:07

Savinien a écrit:Mmm argument scabreux je trouve car l'entrainement existe. Et à l'époque, s'entrainer au sabotage engendre déjà un joli stress.


C'est pourtant un principe immuable, à la guerre comme d'ailleurs dans la vie professionnelle : on ne s'aguerrit que sur le terrain. Comme le reconnaissait le colonel Beaufils, alias Drumond :

Nous pensons que c'est seulement dans l'action que s'aguerrissent les volontaires du combat et non par le maniement d'armes en chambre close. Faire sauter un pylône de transport de force électrique apporte beaucoup plus qu'une longue théorie car les gars s'habituent à dominer la peur, à garder leur sang-froid, à agir avec discipline. (cité in Gilles Perrault, La longue traque, op. cit., p. 189)


Bref, l'entraînement c'est bien joli, mais rien ne vaut la mise en pratique. Avec de vrais adversaires, et de vraies balles, de vraies explosions et de la vraie peur.



N'oublions surtout pas que le PCF a eu le culte de la clandestinité et une expérience assez conséquente (il me semble que le parti de cette chère Arlette est toujours assez ombrageux).


Arlette est plutôt de tendance sectaire trotskyste, à la différence du P.C.F. qui, si je ne m'abuse, a renié le père de l'Armée rouge.



D'un autre côté (dans le Nord de la France et en Belgique), l'expérience de la Grande Guerre a joué aussi un rôle -toute tendance confondue ici.


Sûrement. A noter que d'autres groupes francs, ceux de Renouvin (mort en déportation), agissaient de la même manière que les F.T.P. : mais alors que les communistes étaient ridiculisés et stigmatisés pour leurs petits attentats qui emportaient de sanglantes représailles sur la population civile, Renouvin, lui, était vierge de tout reproche. Peut-être parce qu'il était royaliste et surtout membre du mouvement Combat ?
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Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Tom  Nouveau message 22 Oct 2007, 09:42

Nicolas écrit :

D'où les deux derniers mots de ma phrase, qui de toute évidence t'ont échappé : "je résume". Je causais des courants, non d'unités ou d'hommes isolés.


D'accord, mea culpa !

Et à ce titre, il est absolument incontestable que le premier courant résistant à être entré dans l'action violente n'est autre que celui des communistes, et que ces derniers l'ont parfaitement assumé. [...]Mais à quelle famille politique appartenait le tueur de la première victime allemande de la Résistance ?


Oui, c'est un militant communiste, Pierre Georges, plus connu sous le nom de colonel Fabien, qui, le 21 août 1941, abattit un jeune officier allemand qui attendait le métro, marquant ainsi l'engagement tardif, mais délibéré du P.C.F. dans la voie des attentats individuels.

Cette action eut d'importantes conséquences.

D'une part, elle entraîna de graves représailles : création d'un tribunal d'exception par Vichy, première rafle de juifs à Paris, arrestations et exécutions d'otages en masse par la suite à Châteaubriant et à Bordeaux pour deux autres officiers abattus...

D'autre part, elle entraîna un renforcement progressif des services de sécurité allemands...

Sans doute, comme tu le dis, Nicolas, les dirigeants communistes français devaient[-ils] offrir des gages à Staline [et] montrer qu'ils étaient à la pointe du combat antifasciste, mais ne s'agissait-il pas également, pour le P.C.F., aux ordres de Moscou et du Komintern, de faire oublier aux Français qu'il avait approuvé le pacte germano-soviétique et tenter de faire reparaître L'Humanité sous l'Occupation.

En effet, au lendemain de la défaite française, dès le 27 juin 1940, Maurice Tréand, responsable de la Commission des cadres du parti et sous l'égide duquel furent rédigées la plupart des listes noires, demanda à Otto Abetz, à l'ambassade d'Allemagne, l'autorisation de faire paraître L'Humanité en lui faisant parvenir un mémoire certainement écrit par le secrétaire du bureau politique, Jacques Duclos en personne, où l'on peut lire entre autres :

L'Humanité se fixerait pour tâche d'oeuvrer au redressement économique du pays, de dénoncer les agissements des agents de l'impérialisme britannique qui veulent entraîner les colonies françaises dans la guerre, de poursuivre une politique de pacification européenne et de défendre la conclusion d'un pacte franco-soviétique qui serait le complément du Pacte germano-soviétique et ainsi créerait les conditions d'une paix durable.

En juillet 40, le P.C.F. chercha aussi à faire reparaître Ce soir, journal du Front populaire, puis La Vie ouvrière ainsi qu'un journal destiné à la jeunesse...

En août 40, un texte de Maurice Thorez, secrétaire général du parti, et de Jacques Duclos, secrétaire du bureau politique, intitulé "Le parti communiste au peuple de France", déclarait qu'il [fallait] maintenir le pays absolument en dehors de la guerre impérialiste et prendre des mesures rigoureuses contre ceux qui tenteraient de l'entraîner dans l'un ou l'autre clan des impérialistes qui poursuivent la guerre.

Quant à l'Appel dit du "10 juillet", rédigé à Paris ou à Moscou et forcément postérieur à cette date, puisqu'il stigmatisait des ministres de Vichy nommés le 13, il critiquait le gouvernement de Vichy, mais ne disait rien contre Hitler ni contre le nazisme, et célèbrait la politique stalinienne "de la paix".

De plus, jusqu'à ce que le Reich attaque l'Union soviétique fin juin 41, le P.C.F. ne cessa de dénoncer le général de Gaulle et la France libre !

C'était, en effet, tout un programme de résistance active ! ;)

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