Bonjour,
Interessant de constater qu'a partir d'une oeuvre de fiction on debouche sur un debat tres delicat.
Une bonne partie de l'historiographie au sujet de la Resistance est influencee par le camp vers lequel l'auteur penche, il suffit de voir comment les Petainistes se sont regales des "revelations" de Klaus Barbie durant son proces au sujet des "trahisons" qui ont permi l'arrestation de Jean Moulin, en profitant pour tenter de salir les Aubrac.
En face, on a tendance a presenter la Resistance comme un monolythe sur le plan ideologique, tous tendus vers le meme objectif.
Comme souvent, la verite est quelquepart entre les deux.
Certes, les Resistants avaient des points communs : Le refus de la defaite, le desir farouche de mettre les Allemands a la porte et, cela va sans dire mais c'est mieux en le disant, un courage et une abnegation remarquables.
Mais ils avaient entre eux de profonde divergences politiques, ce qui est normal quand on sait que tout le spectre politique y etait represente, des communistes aux maurassiens. En temoigne le mal de chien que Jean Moulin a eu a unifier les diverses directions de groupes resistants dans le CNR.
Ils avaient aussi des differents techniques (Simplement preparer la Liberation ou se livrer immediatement a des actions violentes, par exemple).
Il parait donc tout a fait plausible qu'il y ai eu, deci dela, des actions ou des manques d'action qui ont ete pudiquement passes sous silence apres la guerre.
J'ai une anecdote sur le sujet. Bon, elle est de Venner, mais son livre "Histoire de la Collaboration" ne peche pas en general par ce qu'il raconte mais plutot par ce qu'il "oublie" de raconter...
En 1944 dans le Limousin, une unite de la Franc-Garde milicienne tombe sur un maquis de l'AS. Echange de coups de feu, quelqu'un crie "Arretez, on est tous Francais !", ils s'arretent, les 2 chefs de groupe discutent et se demandent s'ils ne feraient pas mieux d'aller ensemble eliminer un maquis FTPF du coin car ils craignaient tous les deux qu'ils ne soient en train de preparer "le grand soir"...
Ils ne l'ont pas fait, mais ils y ont pense. Selon Venner, cela s'est passe en juin 1944 a La Crouzille, a 15 km au nord de Limoges.