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Varsovie, des nouveaux documents

Après l'opération Barbarossa, les forces de l'Axe contraignent l'URSS au repli.
Après une série de succès, l'Allemagne s'enlisera progressivement puis cédera à Stalingrad et à Koursk.
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Varsovie, des nouveaux documents

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Narduccio  Nouveau message 02 Aoû 2007, 21:22

VARSOVIE (AFP) - Les archivistes des services spéciaux russes (FSB) et polonais ont publié mercredi des documents inédits sur le soulèvement sanglant de la capitale polonaise contre les occupants nazis, qui fit quelque 200.000 morts en août et septembre 1944.
Dans cet ouvrage de 1.400 pages en polonais et russe, publiés à l'occasion du 63e anniversaire de l'insurrection, sont publiés 149 documents déclassifiés, en particulier des interrogatoires à la Loubianka, le siège du NKVD à Moscou.


Le livre intitulé "L'Insurrection de Varsovie dans les archives des services secrets" publie également des documents provenant de la police secrète allemande, transmis à une commission polonaise qui poursuivait après la guerre les crimes nazis.

"Ces documents provenant des délateurs polonais que la police politique allemande possèdait dans le milieu des insurgés montre le haut degré de pénétration de la police allemande auprès des insurgés", souligne Majewski.

"Les Allemands avaient une très bonne connaissance des préparatifs grâce aux délateurs et leurs agents, mais ne prenait pas au sérieux la possibilité d'un soulèvement", ajoute-t-il.

"Leur connaissance sur la disposition détaillée des unités des insurgés leur a permis de réaliser des bombardements très exacts et causé de grandes pertes aux Polonais", précise-t-il.


Le livre n'inclut en revanche pas de documents qui ferait plus de lumière sur le rôle de l'Armée rouge durant l'insurrection. Quelques unes de ses unités étaient alors déjà arrivées dans les faubourgs de la ville de l'autre côté de la Vistule.

Mais l'Armée Rouge avait alors arrêté sa marche vers l'ouest et n'a pas prêté main forte aux insurgés. Seulement certaines unités polonaises formés auprès de l'Armée rouge furent envoyées à la rescousse. Staline est largement soupçonné d'avoir ainsi laissé aux nazis le soin d'éliminer nombre d'opposants potentiels au communisme.

Selon la version soviétique, l'Armée rouge devait reprendre son souffle après une offensive épuisante qui lui avait déjà coûté des centaines de milliers de morts.


http://www.avmaroc.com/actualite/services-speciaux-a92567.html


 

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 02 Aoû 2007, 23:22

La question de savoir si Staline a laissé les Allemands écraser Varsovie a longtemps empoisonné les relations soviéto-polonaises, au même titre que l'agression du 17 septembre 1939 consécutive au pacte germano-soviétique, et du massacre de Katyn réalisé au printemps 1940.

Selon de nombreux Polonais, Staline a cherché à anéantir la Résistance non-communiste, mais en utilisant les nazis. A cet effet, il a d'abord appelé Varsovie à l'insurrection fin juillet 1944, puis une fois ce résultat obtenu a sciemment interrompu la marche victorieuse de l'Armée rouge. Cette interprétation ne manque pas d'arguments. Tout d'abord, au fur et à mesure de son avance, l'Armée rouge et le N.K.V.D. ont désarmé et arrêté les unités de l'A.K., la branche armée de la Résistance polonaise non communiste, première étape de la mise au pas. Ensuite, Staline a refusé aux avions anglo-saxons l'autorisation d'utiliser les aérodromes soviétiques à l'issue de leur survol de la capitale polonaise, après avoir largué du matériel aux Résistants. Enfin, si du matériel a effectivement été envoyé par les Soviétiques aux insurgés, il s'est avéré être de mauvaise qualité, et souvent jeté des avions sans parachute, si bien que les armes se retrouvaient en fort mauvais état à l'atterrissage - sans parler du fait que cette aide a été plus que tardive.

Staline et les historiens soviétiques, de leur côté, ont fait valoir que l'Armée rouge était épuisée au début du mois d'août, à l'issue de 5 semaines d'opérations ininterrompues pour libérer la Biélorussie (plan Bagration). Les Allemands ayant été capables de reconstituer leur dispositif militaire, toute percée vers la capitale devenait impossible. Enfin, que les Polonais se soient plaints des circonstances dans lesquelles leur ont été fournies des armes ne saurait s'expliquer autrement que par la difficulté qu'il y avait à survoler une ville au-dessus de laquelle patrouillait la Luftwaffe et dont le ciel était zébré par les tirs de la Flak. Assurément, cette version des faits, incomplète et peu crédible, n'en reposait pas moins sur un fondement solide, à savoir que les Allemands avaient bel et bien réussi à repousser les Soviétiques début août 1944.

Le 28 juillet 1944, le 1er Front de Biélorussie du maréchal Konstantin Rokossovski, lui-même d'origine polonaise, avait reçu l'ordre d'occuper Praga, qui faisait face à Varsovie sur la rive orientale du fleuve Vistule. Il devait affronter cinq divisions de Panzer et quatre divisions d'infanterie assistées de deux brigades d'infanterie. Inutile de préciser que l'offensive soviétique tourna à la boucherie. Les Allemands cédaient le terrain pas à pas, infligeant de terribles pertes aux forces de Rokossovski. Et au matin du 31 juillet, les Panzer passèrent à l'attaque. Le 4 août, ils étaient parvenus à repousser l'Armée rouge, en certains points de 50 à 100 kilomètres. La pointe de l'offensive russe, la 2e armée blindée, avait perdu 425 chars et canons automoteurs sur 808 engagés au 18 juillet 1944 - voir George Bruce, L'insurrection de Varsovie, Robert Laffont, 1972, p. 117-139.

D'après les généraux allemands, aucun doute : l'Armée rouge fut stoppée non par Staline, mais par les capacités opérationnelles de la Wehrmacht. La violence extrême de la bataille de Praga, l'une des plus grandes batailles de blindés de l'année 1944, en témoignait. Guderian, qui avait toutes les raisons de vouloir stigmatiser Staline, relata dans ses Mémoires que "nous autres Allemands, nous eûmes l'impression que seule notre défense contraignit les Russes à s'arrêter et non pas l'intention russe de saboter le soulèvement polonais" (Heinz Guderian, Souvenirs d'un soldat, Plon, 1954, p. 348-349). Rokossovski dut attendre le 25 août 1944 pour informer Staline que ses troupes étaient aptes à reprendre l'offensive.

Le sort de Varsovie s'était joué dans ces terrifiants combats de Praga et de ses alentours. Car la ville entra en insurrection le 1er août, et il s'avérait qu'à l'instant le plus crucial, l'Armée rouge était dans l'incapacité totale de la soutenir.

Pourtant, la radio communiste avait lancé de fervents appels à la révolte. Le 29 juillet 1944 à 8 h 15, Radio Kosciuzko (l'antenne de Moscou) avait inauguré de telles envolées lyriques. Etait-ce le signe que Staline voulait manipuler la Résistance polonaise, la pousser à commettre l'irréparable ? Le regretté historien Henri Michel a apporté une réponse convaincante à cette question. Tout en précisant que les intentions de l'Armée rouge étaient, comme le furent celles de l'armée américaine vis-à-vis de Paris, de contourner cette agglomération urbaine pour la faire tomber comme un fruit mûr une fois les Allemands écrasés, il ajoute que "l'intention politique montre déjà le bout de son nez sous ces considérations militaires : c'est à l'Armée populaire, aux communistes, que Staline s'adresse à Varsovie pour déclencher l'insurrection et en prendre la tête ; leur image de marque en sera améliorée, et ils seront en meilleure position dans la lutte pour le pouvoir. Et l'insurrection aura l'avantage de fixer des troupes ennemies ; c'est son objectif, plus que la libération de la ville." (Henri Michel, Et Varsovie fut détruite, Albin Michel, 1984, p. 318)

Mais ce plan se heurta à deux obstacles : une très inattendue contre-offensive allemande dans la banlieue de Varsovie, à Praga d'une part, et le fait que l'insurrection fût entièrement contrôlée par l'A.K.

Le 1er août, à l'annonce de l'insurrection, des témoins le signalèrent très "énervé", et cette crise s'aggrava dès que Rokossovski et Joukov lui évoquèrent l'épuisement de l'Armée rouge, qui rendait impossible tout mouvement offensif supplémentaire dans la région de Varsovie. Ces deux maréchaux ne durent de faire primer leur point de vue qu'à l'intervention salvatrice de Georgui Malenkov, l'un des plus proches collaborateurs du dictateur. En conséquence, autorisation leur fut donnée d'interrompre l'offensive, faute pour elle de pouvoir se poursuivre. Encore qu'on ne puisse exclure ici, comme le suspecta d'ailleurs Joukov vingt ans plus tard, un coup monté par Staline pour se confectionner un alibi sur mesure devant l'Histoire, la responsabilité de l'écrasement imminent de la ville devant être attribuée aux généraux soviétiques, non au "Chef" lui-même - voir Simon Sebag Montefiore, Staline. La cour du Tsar rouge, Edition des Syrtes, 2005, p. 504.

Faute pour lui de réaliser son plan initial, le Vojd fit volte-face, condamna l'insurrection en termes très sévères, que ce fût à Mikolajczyk, le chef du gouvernement polonais en exil à Londres à qui Molotov avait pourtant garanti le 3 août que Varsovie allait tomber, à Churchill dans sa correspondance secrète, ou encore au monde entier par la radio communiste, qui ne ménageait pas les "provocateurs" et les "menteurs" de l'A.K.

Staline n'ignorait pas que la révolte de Varsovie allait nuire à la satellisation de la Pologne. D'un autre côté, l'échec de l'A.K. pouvait creuser une faille dans son alliance avec les Anglo-Saxons, ce que Hitler avait au demeurant fort bien compris puisqu'il recommanda à ses troupes d'écraser dans le sang Varsovie, ajoutant à ce massacre un zeste de spectaculaire en y dépêchant des mortiers géants complaisamment filmés par la Propagandastaffel. A la même époque, il laissait Von Choltitz livrer Paris sans combat aux Alliés : belle manière de montrer qu'il était soucieux de sauver l'Occident du communisme, et que les destructions apportées à l'Europe de l'Est étaient dues, en définitive, aux "Rouges". D'ailleurs, instruction fut donnée de traiter les membres de l'A.K. capturés comme prisonniers de guerre - même si l'ordre, à ma connaissance, ne fut pas vraiment appliqué... Là encore, priorité était donnée à la lutte anticommuniste pour mobiliser les Anglo-Saxons contre Staline.

Ce dernier, pour sa part, joua plus ou moins consciemment le jeu du Führer. Car il ne fit rien, au mois d'août, pour aider les insurgés. Rokossovski n'entreprit aucune démarche pour coordonner ses actions avec l'A.K., qui ne cessait pourtant de le solliciter. Pire encore, l'avance de l'Armée rouge ne reprit qu'au début du mois de septembre, Praga étant occupé le 14. La veille, les premiers équipements et munitions furent expédiés par les Soviétiques aux Résistants, mais dans des conditions plutôt douteuses. Le 10, le Kremlin avait enfin autorisé les avions alliés à utiliser les aérodromes russes, et un premier pont aérien anglo-saxon regroupant 110 bombardiers de la VIIIth U.S. Air Force fut organisé le 18 : le mauvais temps, toutefois, aboutit à ce que le tiers du matériel transporté seulement parvînt à l'A.K. De toutes les manières, ce que Staline ne pouvait manquer de savoir, l'insurrection était, à cette date, condamnée.

En d'autres termes, l'abstention stalinienne n'a probablement pas été préméditée. Le Vojd recherchait vraisemblablement une libération de Varsovie dans la première semaine du mois d'août, libération effectuée sous la férule des communistes polonais. Mais le durcissement de la résistance allemande et l'insurrection non-communiste le surprirent considérablement, l'amenant à hésiter puis à maladroitement s'efforcer de rejeter la responsabilité de ce désastre fort prévisible sur l'A.K.. Il n'était pas question pour lui d'aider cette dernière, d'où ses condamnations véhémentes, quitte à faire appel à d'hypocrites sentiments humanitaires (Staline affirma se soucier en effet du sort des civils de la capitale polonaise !), avant de décider de lancer un programme d'aide passablement bâclé et désordonné à la mi-septembre, lorsque l'A.K. était suffisamment décimée. Au moins la Pologne tomberait-elle inévitablement dans l'orbite soviétique, mais le Vojd avait dangereusement affaibli son alliance avec l'Ouest, ce qui ne pouvait manquer de réjouir son homologue nazi.
« Choisir la victime, préparer soigneusement le coup, assouvir une vengeance implacable, puis aller dormir… Il n'y a rien de plus doux au monde » (Staline).

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Re: Varsovie, des nouveaux documents

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 03 Aoû 2007, 01:13

Narduccio a écrit:Le livre intitulé "L'Insurrection de Varsovie dans les archives des services secrets" publie également des documents provenant de la police secrète allemande, transmis à une commission polonaise qui poursuivait après la guerre les crimes nazis.

"Ces documents provenant des délateurs polonais que la police politique allemande possèdait dans le milieu des insurgés montre le haut degré de pénétration de la police allemande auprès des insurgés", souligne Majewski.

"Les Allemands avaient une très bonne connaissance des préparatifs grâce aux délateurs et leurs agents, mais ne prenait pas au sérieux la possibilité d'un soulèvement", ajoute-t-il.

"Leur connaissance sur la disposition détaillée des unités des insurgés leur a permis de réaliser des bombardements très exacts et causé de grandes pertes aux Polonais", précise-t-il.


Il est au moins permis de supposer qu'ils redoutaient du grabuge. Du moins, au vu de la situation du front, devaient-ils prendre leurs précautions.

Le 26 juillet, soit cinq jours avant l'insurrection, Himmler avait mis à la tête des troupes de la place le Generalleutnant Rainer Stahel. Le S.S. Brigadeführer Paul Geibel, S.S. und Polizeiführer pour Varsovie, avait reçu également des bataillons de police en renfort. Des fortifications avaient été hâtivement levées.

Mais de telles mesures relevaient du strict minimum, puisque des troupes transitaient par la ville pour rejoindre le front de Praga. Varsovie était le noeud de communications de la 9. Armee du General der Panzertruppen Nikolaus Von Vormann.

Le 1er août, l'insurrection prit les Allemands au dépourvu. Stahel communiqua immédiatement à Hans Frank, gouverneur général de Pologne en poste à Cracovie, qu'une insurrection venait d'éclater. Le S.S. und Polizeiführer pour le Gouvernement Général, Wilhelm Koppe, tenta de joindre Geibel par téléphone, mais ce dernier, réfugié au sous-sol, ne put que lui révéler que ses hommes étaient attaqués. Koppe décida d'acheminer plusieurs unités sur la capitale polonaise.

Le Quartier-Général de Hitler, à Rastenburg en Prusse orientale, accueillit la nouvelle avec inquiétude. Hitler donna d'abord l'ordre d'évacuer la ville pour la raser avec l'aviation et l'artillerie lourde, mais la chose se révéla impossible, et l'inaction de Staline lui donna par la suite une meilleure idée... Quant à Himmler, ses premières mesures furent de faire fusiller, au camp de Sachsenhausen, le général polonais Rowecki (principal artisan de l'armée secrète polonaise) le 3 août 1944, avant de réunir une force de frappe patronnée par le S.S. Gruppenführer Heinz Reinefarth, laquelle comprenait les sanguinaires troupes de choc des tristement célèbres Dirlewanger et Kaminski. L'officier de liaison de Himmler auprès de Hitler, Hermann Fegelein, put dire à leur sujet qu'ils étaient de véritables "Apaches" - voir George Bruce, op. cit., p. 158-160.

Fegelein savait de quoi il parlait. A la tête de la S.S. Kavalleriebrigade, il avait massacré de nombreux Juifs en Russie au cours de l'été 1941 : les Juifs de sexe masculin avaient été exécutés par balles et les femmes poussées dans les marais - entreprise de mise à mort industrielle qui révéla rapidement ses limites. Les cavaliers S.S. avaient déjà assassiné de nombreux Juifs polonais en septembre 1939... (voir Paul J. Wilson, Himmler's Cavalry. The Equestrians SS, 1930-1945, Schiffer Publishing, 2000, p. 145-168).
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Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Borovic  Nouveau message 05 Aoû 2007, 19:14

Bonsoir,


- "En d'autres termes, l'abstention stalinienne n'a probablement pas été préméditée"
..... je ne peux pas être d'accord avec cette conclusion. D'autres que moi (voir les travaux d'Alexandra Viatteau en France : "Staline assassine la Pologne") ont démontré le contraire avec des documents soviètiques récents (années 80, 90). A mon humble niveau, il me suffit de suivre la progression sur le terrain de l'Armée Rouge :
- ses bases de départ en juin ( 3 fronts) : Varsovie est le pivot de la campagne.
- la stratégie de contournement des "points durs" (par exemple Lwow ou Wroclaw)
- en juillet, Varsovie est déja "hors jeu". (Les allemands misant sur le "Mur de Poméranie"). Varsovie est militairement perdue, encerclement par la petite tenaille (Général Pierchorowicz au Nord-Zegze / Général Berzarin au Sud-Pulawy = RDV à Bronie) et la grande tenaille ( 2iéme Front biélorusse au nord et 1er Front ukrainien au Sud : RDV à Ktuno/Lodz).
- Le 1er Front biélorusse du Général Poplawski "fixant" les allemands dans Varsovie, sans chercher à perçer ( ... Berling sera pourtant envoyé au massacre sur la Vistule, sans aucun soutient artillerie, ..... on comprend facilement pourquoi. Nombreux étaient les combattants de AK ayant suivi le plan "Tempête" de Londres et ayant "volontairement" - c'était ça, ou une balle dans la nuque - rejoint Berling).
- Les tenailles de Joukov et Rokossovski faisant tomber Wawa comme un fruit mur.

Mais il fallait éliminer AK : ... on connait la suite et un jour peut être, les "dessous" de Téhéran.


- " ... une libération de Varsovie dans la première semaine du mois d'août, libération effectuée sous la férule des communistes polonais"
..... cela laisserait à penser que Staline ne savait pas que la Résistance communiste était inexistante en Pologne en 1944 (quelques centaines d'hommes, pour la plupart des officiers russes du NKVD "maquillés" en résistants polonais) ..... simpliste et de mauvaise foi !


- " ... le 4 août, les allemands étaient parvenus à repousser l'Armée Rouge, en certains points de 50 à 100 kms"
..... quelles sont vos sources ?. 100 kms - jusqu'à Bialystok - !!!!! . Début août, les troupes allemandes "retraitaient" dans la douleur, pour se sortir des marais du Pripet avec les T-34 de Ploplawski dans le dos. Le franchissement du Bug (Est/Ouest) sera chérement payé. Parler d'une bataille de chars à Praga est pour le moins "bizarre" : Praga est la rive droite de Varsovie . (en 1944 : une "vieille ville", entourée de marais et de forêts touffues). A Praga, seuls les ponts enjambant la Vistule avaient une valeur statégique pour les allemands, ... fallait sauver les meubles !

... si l'heure "W" recelle encore beaucoup d'interrogations, le Stop and Go de Staline devant Wawa est certainement une décision longuement étudiée et ...... négociée!


Cordialement !


 

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Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 05 Aoû 2007, 21:11

Borovic a écrit:Bonsoir,

- "En d'autres termes, l'abstention stalinienne n'a probablement pas été préméditée"
..... je ne peux pas être d'accord avec cette conclusion.


A toutes fins utiles, je précise ce qu'est "ma" conclusion : Staline a cherché à déborder Varsovie par l'Armée rouge, tout en laissant une insurrection communiste s'y accomplir. Voyant qu'il n'obtiendrait ni l'un ni l'autre, il a improvisé de mauvaises excuses et ce n'est qu'à ce moment précis - début août 1944, soit peu après le début de l'insurrection - qu'il a résolu de ne point venir en aide aux Polonais. Et ce, sciemment. L'offensive de Rokossovski aurait pu reprendre dès le 25 août - de l'aveu de Rokossovski lui-même - mais à la fin de ce mois fatal, les Soviétiques se sont abstenus de faire le moindre effort en ce sens. L'assaut n'a repris que dans la première quinzaine de septembre, et de manière bien plus limitée que Rokossovski ne l'avait initialement envisagé. Staline avait tout simplement remodelé le plan d'opérations du 1er Front de Biélorussie !


D'autres que moi (voir les travaux d'Alexandra Viatteau en France : "Staline assassine la Pologne")


Références exactes : Staline assassine la Pologne 1939-1947, Seuil, 1999. Un livre militant, avec du très bon et du moins bon. Le très bon, c'est la richesse de l'ouvrage, puisque le détail des relations soviéto-polonaises, du pacte germano-soviétique à Katyn, de la "libération" du pays à sa satellisation, des tortures aux massacres et des massacres à leur négation, nous est brillamment exposé. Le moins bon ressort de la difficulté de cette historienne à ramener les faits dans leur véritable contexte. Tout se passe, chez elle, comme si l'intention de Staline, dès la minute où il est venu au monde, était de tuer le plus grand nombre de Polonais possible. La complexité des mécanismes décisionnels soviétiques - voir les travaux d'historiens russes à ce sujet, tels qu'Oleg Khlevniuk - n'est guère mise en lumière. Les rapports de force entre l'U.R.S.S. et les Alliés occidentaux sont décrits sous le prisme du machiavélisme des uns et des autres, en faisant bon marché des erreurs d'appréciation commises par chaque camp.

Cet état d'esprit, très humanitaire certes, très moral donc, me semble difficilement conciliable avec les exigences du métier d'historien. Et il l'amène à commettre des fautes méthodologiques qui laissent un goût amer.

Exemple ? Sur Varsovie, justement. J'avais cité les Mémoires de Heinz Guderian, lequel précisait que selon lui, l'Armée rouge n'avait du d'être stoppée que par l'armée allemande. Dans son chapitre intitulé "Le crime contre Varsovie" (titre au demeurant provocateur s'il en est, moralement incontestable mais historiquement simpliste), voici ce qu'elle retranscrit desdits Mémoires : "L'Armée rouge s'est arrêtée au bord de la Vistule. [...] Certes, les insurgés représentaient les milieux conservateurs polonais d'orientation pro-occidentale. On peut supposer que l'Union soviétique n'était pas intéressée à laisser ces sphères se renforcer grâce à une bataille victorieuse et à la prise de la ville." (Viatteau, p. 183).

Mais la phrase de Guderian selon laquelle "nous autres Allemands, nous eûmes l'impression que seule notre défense contraignit les Russes à s'arrêter et non pas l'intention russe de saboter le soulèvement polonais", qui se trouve pourtant à la même page (Souvenirs d'un soldat, op. cit., p. 348-349), n'est pas citée. Or, elle modifie radicalement le sens de la citation précédente : c'est en qualité de témoin et de spécialiste de l'armée allemande que Guderian estime qu'il a eu l'impression que l'Armée rouge avait été stoppée par les Allemands. Son opinion relative à l'insurrection résulte de ses lectures et de ses interprétations d'après-guerre, époque où il ne fait pas mystère de son anticommunisme.

Tout aussi partielle, parce que partiale, est la citation qu'elle tire des Mémoires du chef d'état-major du Generaloberst Hermann Balck, commandant de la 4. Panzerarmee au cours des événements de Varsovie : "L'insurrection de Varsovie se présentait très mal pour nous. Mais au moment où l'Armée rouge a décidé de ne pas nouer le contact avec les insurgés polonais, la tension s'est relâchée. [...] L'armée soviétique n'a rien fait pour aider l'armée polonaise." (Viatteau, op. cit., p. 183) Voici la phrase coupée par cette historienne au moyen du fameux "[...]" : "La 9e armée allemande, qui combattait dans le secteur, eut l'impression que les Russes avaient excédé leur approvisionnement en carburant et munitions et étaient trop faibles pour percer notre ligne" (Friedrich Wilhelm von Mellenthin, Panzer Battles, Ballantine Books, 1971, p. 347).

Là encore, cette citation tronquée est censée appuyer la thèse d'un arrêt prémédité des armées soviétiques, alors que les généraux allemands écrivent noir sur blanc qu'ils ont bel et bien eu l'impression que la halte soviétique résultait de leurs propres efforts.

Tout le chapitre consacré à Varsovie est de la même veine. Il ne s'agit pas là d'une étude historique, malgré les révélations - souvent intéressantes, voire même édifiantes - opérées, mais d'un réquisitoire.


ont démontré le contraire avec des documents soviètiques récents (années 80, 90).


Ce qui a été démontré, c'est que Rokossovski avait conçu un plan d'attaque censé aboutir à la chute rapide de Varsovie, plan d'attaque qui ne sera appliqué qu'en... janvier 1945. Mais ce projet était prévu pour s'exécuter [b]à partir du 25 août 1944
, date à laquelle Rokossovski estimait ses troupes fin prêtes pour un tel mouvement. L'arrêt de ses forces au début du mois d'août, en revanche, était lié à la résistance allemande. Alexandra Viatteau, qui nous rappelle la manière dont ce plan fut reporté et dissimulé par Staline - et aussi la manière rocambolesque dont les Polonais obtinrent sa divulgation (Viatteau, p. 179-181), semble mélanger les dates, et ne mentionne pas le fait que ledit plan d'opérations n'a certainement pas été conçu avant l'insurrection.


A mon humble niveau, il me suffit de suivre la progression sur le terrain de l'Armée Rouge :
- ses bases de départ en juin ( 3 fronts) : Varsovie est le pivot de la campagne.
- la stratégie de contournement des "points durs" (par exemple Lwow ou Wroclaw)
- en juillet, Varsovie est déja "hors jeu". (Les allemands misant sur le "Mur de Poméranie"). Varsovie est militairement perdue, encerclement par la petite tenaille (Général Pierchorowicz au Nord-Zegze / Général Berzarin au Sud-Pulawy = RDV à Bronie) et la grande tenaille ( 2iéme Front biélorusse au nord et 1er Front ukrainien au Sud : RDV à Ktuno/Lodz).
- Le 1er Front biélorusse du Général Poplawski "fixant" les allemands dans Varsovie, sans chercher à perçer ( ... Berling sera pourtant envoyé au massacre sur la Vistule, sans aucun soutient artillerie, ..... on comprend facilement pourquoi. Nombreux étaient les combattants de AK ayant suivi le plan "Tempête" de Londres et ayant "volontairement" - c'était ça, ou une balle dans la nuque - rejoint Berling).
- Les tenailles de Joukov et Rokossovski faisant tomber Wawa comme un fruit mur.


Effectivement, tel était le plan tel qu'il devait s'exécuter en juillet-août 1944, ainsi que je l'ai écrit dans mon premier message posté sur ce fil. Comme les Américains s'agissant de Paris, l'intention des Russes est de déborder la capitale pour la faire tomber comme un fruit mûr, sans l'attaquer de front, et sans s'en emparer immédiatement, car la chute d'une telle agglomération susciterait de considérables difficultés logistiques.

Dans ce contexte, la chute de Varsovie devait survenir dans la première quinzaine d'août. Et Staline espérait que la ville serait dominée par les communistes. L'appel à l'insurrection formulé par Radio Kosciuzko s'adressait à la population de la capitale, non à l'Armée de l'Intérieur, preuve que le Kremlin avait cherché à la court-circuiter, et même à la devancer. Sans doute les archives russes pourront-elles nous en dire davantage sur le degré de connaissance soviétique de l'état de la Résistance communiste à Varsovie. Il reste que Staline a évidemment commis là une erreur d'appréciation en sous-estimant l'A.K. : ce ne sera ni la première, ni la dernière de sa trop longue vie.


Mais il fallait éliminer AK : ... on connait la suite et un jour peut être, les "dessous" de Téhéran.


Que Staline ait cherché à liquider l'A.K. ne fait aucun doute. Les unités de l'Armée de l'Intérieur de Pologne orientale avaient été désarmées, leurs chefs arrêtés, les hommes devant s'engager dans l'armée polonaise communiste de Berling sous peine de "disparaître". Mais Staline, en voulant prendre de court ses adversaires, a été devancé par eux.


- " ... une libération de Varsovie dans la première semaine du mois d'août, libération effectuée sous la férule des communistes polonais"
..... cela laisserait à penser que Staline ne savait pas que la Résistance communiste était inexistante en Pologne en 1944 (quelques centaines d'hommes, pour la plupart des officiers russes du NKVD "maquillés" en résistants polonais) ..... simpliste et de mauvaise foi !


Les effectifs de la Résistance communiste polonaise sont évalués à 20.000 au cours de l'été 1944 (Henri Michel, op. cit., p. 181). 20.000 autres ont été récupérés par l'Armée rouge. Leur mouvement, quoique moins puissant que l'A.K., avait su faire parler de lui, et capter des dissidents de l'Armée de l'Intérieur, tel que le général Zeligowski, qui avait raflé Wilno à la Lituanie en 1920 (ibid.). Les communistes ne cessaient d'appeler à la révolte (en témoigne l'appel du journal clandestin Gwardiska en date du 30 juillet 1944, deux jours avant l'insurrection). L'A.K. pouvait craindre un tel débordement des communistes qui, quoique moins nombreux, savaient se faire entendre : cette crainte a joué dans le déclenchement de l'opération Tempête (Henri Michel, op. cit., p. 266).

Staline avait tenté de contraindre l'A.K. à l'inaction en ordonnant à l'Armée rouge de ne pas négocier avec elle. En revanche, en créant le fameux Comité de Lublin, en lançant des appels à la population de Varsovie et non à la Résistance, il tenait à conférer une plus grande légitimité à ses agents présents sur place.


- " ... le 4 août, les allemands étaient parvenus à repousser l'Armée Rouge, en certains points de 50 à 100 kms"
..... quelles sont vos sources ?. 100 kms - jusqu'à Bialystok - !!!!!


C'est ce que révélera Rokossovski au journaliste Alexander Werth le 26 août 1944 (Alexander Werth, La Russie en guerre, tome II, p. 298). Evidemment, il s'agissait du recul maximal. Le repli s'est surtout effectué dans une zone comprise à 50 km de la ligne maximale jamais atteinte avant la contre-attaque allemande.


Début août, les troupes allemandes "retraitaient" dans la douleur, pour se sortir des marais du Pripet avec les T-34 de Ploplawski dans le dos. Le franchissement du Bug (Est/Ouest) sera chérement payé. Parler d'une bataille de chars à Praga est pour le moins "bizarre" : Praga est la rive droite de Varsovie . (en 1944 : une "vieille ville", entourée de marais et de forêts touffues). A Praga, seuls les ponts enjambant la Vistule avaient une valeur statégique pour les allemands, ... fallait sauver les meubles !


Je ne vois pas en quoi il est "bizarre" de causer d'une bataille de chars dans le secteur de Praga. L'O.K.H. avait massé cinq divisions de Panzer face à Rokossovski. Ces divisions ont énergiquement contre-attaqué et totalement bousculé le 1er Front de Biélorussie. Voir les références citées.

Vous semblez confondre la situation de l'armée allemande en juillet et celle d'août 1944. Le contexte est pourtant différent. Jusqu'à fin juillet, la Wehrmacht se replie, plus ou moins en bon ordre. Certaines unités, c'est vrai, ont été décimées. Mais pour combler les brèches et reconstituer une ligne de défense digne de ce nom, l'O.K.H. a réuni plusieurs formations blindées, notamment l'excellente Fallschirm-Panzer-Division 1. Hermann Göring, venue d'Italie. En août, ce poing blindé fracasse une Armée rouge qui vient de franchir plusieurs centaines de kilomètres sans interruption et donne des signes d'essoufflement.

... si l'heure "W" recelle encore beaucoup d'interrogations, le Stop and Go de Staline devant Wawa est certainement une décision longuement étudiée et ...... négociée!


Ca reste à démontrer. En ce cas là, je ne pige pas pourquoi Rokossovski se démène comme un beau diable, début août, pour forcer le dispositif ennemi. A supposer que la manoeuvre en tenailles ait pu s'effectuer, jamais les Allemands n'auraient été en mesure d'écraser une insurrection de Varsovie, quelle qu'elle soit. C'est donc que Staline espérait que la ville tomberait aux mains des communistes, du moins que ces derniers s'activeraient pour se donner au moins le beau rôle au lieu de passer pour un Louis XVIII ramené en France dans les fourgons de l'étranger.

Mais l'insurrection de l'A.K. le prendra au dépourvu. Dès lors, plus question pour lui de la soutenir. Et le 29 août, au lieu de laisser Rokossovski déclencher son offensive, il donne l'ordre aux Fronts d'adopter une position défensive entre Jelgava et Yozefow. Ce n'est qu'en septembre qu'il relancera l'assaut, qu'il autorisera les Alliés à utiliser ses aérodromes et qu'il fera envoyer du matériel aux insurgés. Mais septembre, c'était déjà bien trop tard. Et il le savait fort bien.
« Choisir la victime, préparer soigneusement le coup, assouvir une vengeance implacable, puis aller dormir… Il n'y a rien de plus doux au monde » (Staline).

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Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Borovic  Nouveau message 05 Aoû 2007, 23:19

Bonsoir,


... La question posée était : "Stop and Go" : préméditation ou pas ?
- Vous dites "non", je dis "oui". La période concernée est donc fin juillet pour l'état des forces en Pologne, la situation politique à Varsovie et l'appel à l'insurrection. Le plan "tempête" (A/O Londres) était déja appliqué dans les zones libérées. Personne, aujourd'hui, n'a la réponse à l'heure "W", avec pourtant des hommes comme Okulicki qui y était fermement opposés.
Ensuite, nous sommes sur la même ligne.

- Donc Staline, en juillet, fait tout pour provoquer cette insurrection, en sachant parfaitement que la population polonaise EST 100% AK (y a pas de différence) et que l'AL est inexistante en effectifs (quelques attentats bruyants et inutiles = vaste opération de propagande).
- Il ordonne, toujours en fin juillet, aux deux pointes (Deblin - dont les polonais de Berling - et Zegze) de stopper leur marche vers l'Ouest et de virer à 90° vers Varsovie-Praga en ne fournissant AUCUN efforts en aviation et artillerie.
- Bref, il prépare tout simplement le Stop and Go avec comme conséquenses l'extermination de AK et l'invasion de la Pologne. (qui a commencée avec l'élimination de Sikorski, partisan d'une résistance armée contre le régime stalinien)
- J'en reviens toujours à mon idée : la solution se trouve à Téhéran. La fin de la seconde guerre mondiale y a été négociée : Staline était beaucoup trop rapide pour les alliés.

(Quant à la grande bataille de chars à Praga - j'y habite - il y a tout simplement pas la place : Vistule à l'Ouest, marais au Sud, forêts à l'Est, lac au Nord = reste un vieux et minuscule quartier , Praga)
- Vous citez la "Herman Goering" . En août et septembre, cette division + la 137 DP étaient sur la rive gauche, au Sud de Gora Kalwaria, à Studzianki (50 kms Sud Varsovie) face à Berzarin.

Un jour, on saura ..... peut être !

Bonne soirée !


 

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Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 05 Aoû 2007, 23:21

Donc, M. Bernard, vous ne niez pas que Staline ait délibérément laissé le soulèvement de Varsovie échouer, mais en y apportant des précisions qui sont souvent omises pour tenter de lui donner un rôle encore plus noir que celui qu'il a joué. Vos éclaircissements sont solidement étoffés et je ne peux que me ranger derrière eux.


 

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Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 06 Aoû 2007, 02:04

Bonsoir,

Probablement dernier gros message avant un certain temps, je reprends le taf' demain - ou plutôt aujourd'hui (z'avez vraiment de la chance que j'aie les moeurs d'un cyborg :mrgreen:).


- Donc Staline, en juillet, fait tout pour provoquer cette insurrection, en sachant parfaitement que la population polonaise EST 100% AK (y a pas de différence) et que l'AL est inexistante en effectifs (quelques attentats bruyants et inutiles = vaste opération de propagande).


Comme rappelé plus haut, l'Armée de Libération comprenait 40.000 partisans lorsque le premier Soviétique entrera en Pologne. 20.000 rejoindront l'Armée rouge au fur et à mesure de son avance foudroyante. 20.000 autres demeuraient en territoire occupé. C'est peu face aux rivaux, l'A.K. regroupant 250.000 agents, les "bataillons paysans" 150.000. Mais un cinquième des sabotages étaient dus aux communistes, très actifs dans l'action violente. Et ils avaient su, à cet égard, se mettre en avant, comme en France.

Prétendre que la Résistance communiste est inexistante, y compris même à Varsovie, me paraît ainsi exagéré.

Enfin, si Staline a véritablement cherché à provoquer l'A.K., force est d'admettre qu'il a fait preuve d'un génie politique et d'un don de voyance digne d'admiration. En effet, la décision de l'A.K. de passer à l'action a été prise, non sans hésitation, à la dernière minute. Le dictateur soviétique, à moins d'avoir fait du général Bor Komorowski un de ses agents - ce qu'il n'était évidemment pas - n'avait aucun moyen d'exercer la moindre pression directe sur l'Armée de l'Intérieur.

De surcroît, il lui aurait fallu intervenir directement dans la marche des opérations. Or, la situation de fin juillet - début août 1944 est bien trop confuse pour permettre à Staline d'avoir la moindre prise sur l'Armée rouge. Pouvait-il prévoir et contrôler les modalités de la contre-offensive allemande ?

La meilleure hypothèse, pour lui, était de déborder Varsovie, et d'y amener les communistes à devancer l'A.K.. La capitale devait tomber dans la première semaine d'août, les communistes auraient pu s'adapter à la situation. Cette subtilité se retrouvait dans la composition du Comité de Lublin, qui n'était pas uniquement composé de communistes - lesquels n'en occupaient pas moins les postes clés. Staline avait besoin d'une façade de légitimité pour mieux satelliser la Pologne sans provoquer les Anglo-Saxons.

Dans ce contexte, une insurrection de l'A.K. l'aurait amené à dévoiler trop tôt son jeu vis-à-vis de la Pologne. Appuyer l'opération aurait compliqué sa politique de satellisation. Ne pas la soutenir l'aurait mis en difficulté auprès des Alliés. C'est pourquoi il parlera en termes excédés de cette initiative de l'A.K. : il y a lieu de croire cette irritation sincère, outre qu'elle visait un évident but médiatique, à savoir discréditer l'A.K. en la présentant comme une clique gouvernée par des irresponsables.


- Il ordonne, toujours en fin juillet, aux deux pointes (Deblin - dont les polonais de Berling - et Zegze) de stopper leur marche vers l'Ouest et de virer à 90° vers Varsovie-Praga en ne fournissant AUCUN efforts en aviation et artillerie.


Attendez, vous exagérez manifestement. L'une des formations employées par les Soviétiques, la 2e armée blindée, alignait plusieurs centaines de chars (808 au 18 juillet 1944). Il a fallu d'importants combats aux Allemands, qui avaient regroupés d'importantes formations de Panzer, pour stopper les Soviétiques et les Polonais, puis pour les repousser. La bataille était loin d'être gagnée par la Wehrmacht, et la contre-offensive a regroupé de puissants moyens, outre d'être bien organisée.


- Bref, il prépare tout simplement le Stop and Go avec comme conséquenses l'extermination de AK et l'invasion de la Pologne. (qui a commencée avec l'élimination de Sikorski, partisan d'une résistance armée contre le régime stalinien)


Staline avait beau considérer Sikorski comme un gêneur, il ne l'a pas pour autant supprimé. En fait, la thèse de l'accident a le mérite de la vraisemblance, et d'être soutenue par des éléments révélés par un pseudo-historien qui s'était acharné à vouloir démontrer la culpabilité... de Churchill.

Rappel des faits : en fin de soirée du 4 juillet 1943, près de deux mois après l'annonce de la découverte d'un charnier d'officiers polonais à Katyn (officiers massacrés par les Soviétiques, pain bénit pour la propagande nazie), le Liberator qui transportait le général Sikorksi s'écrasait près de Gibraltar, quelques instants après avoir décollé de l'aérodrome britannique.

Sa mort fut une véritable catastrophe pour le gouvernement polonais en exil. Sikorski, héros de guerre, politicien doué, homme intègre, incarnait la résistance polonaise à l'envahisseur nazi. Avec lui disparaissait, en plein contentieux avec Moscou, le seul individu suffisamment charismatique pour défendre avec le brio requis les intérêts de la Pologne face aux prétentions soviétiques. Ce alors que le Kremlin prenait prétexte du désarroi polonais consécutif à la découverte du charnier de Katyn pour se désolidariser des collègues du général.

Les circonstances de la mort de Sikorski n'ont jamais été pleinement élucidées. Accident ou sabotage ? En ce qui concerne la seconde hypothèse, rien n'est venue la confirmer. Aucune trace de sabotage n'a été relevée. Aucune preuve n'a été apportée.

En revanche, l'hypothèse de l'accident est bien plus crédible.

En effet, un sac postal aurait indirectement bloqué les commandes de l'appareil.

Un sac postal avait été retrouvé sur la piste d'atterrissage, étant tombé du Liberator qui allait s'écraser en mer, non loin de là. Or tous les témoins ont affirmé que la porte arrière de l'appareil avait été fermée avant le décollage. De même le mécanicien navigant avait signalé que "tout était en ordre dans la cabine, ce qui impliqu[ait] que les trappes des soutes à bombes [avaient été] bien fermées" (David Irving, La mort mystérieuse du général Sikorski, Robert Laffont, 1969, p. 221). Comment ce sac avait-il pu s'échapper de l'avion ? Le pilote, flight commander tchèque du nom Edward Prchal, seul survivant de l'accident, supposa, si l'on en croit Irving, que le sac n'avait "pu être perdu que par l'ouverture du logement de la roue avant du train d'atterrissage".

Je cite David Irving (op. cit., p. 221-222) :

C'est possible. Dans le Liberator aménagé en transport, le poste bombardier, dans le nez vitré de l'appareil, était utilisé comme soute et on y mettait du courrier. En principe, les sacs étaient arrimés, l'écoutille fermée.

Mais le dimanche matin, 4 juillet, vers 7 heures, un homme est monté à bord prendre des sacs de courrier. On ne l'a su que par hasard au cours de l'enquête. Prchal, Kelly, son mécanicien navigant et les autres l'ignoraient. Le caporal Hopgood, de garde dans l'appareil, a déclaré : "L'homme est allé dans la soute à bombes AVANT prendre les sacs... Il l'a vu aller vers l'avant. La soute à bombes était aménagée en compartiment voyageurs. Le wing-commander Falk pense que Hopgood a voulu dire dans le compartiment du bombardier à l'avant.

L'homme de l'A.D.R.U. prend son ou ses colis. Il déplace les autres sacs pour trouver ceux qu'il cherche et il referme mal l'écoutille (nous restons dans le domaine des hypothèses). Le mécanicien, dans sa dernière inspection de l'avion, durant le point fixe en bout de piste, constate que les trappes de soutes à bombes sont bien fermées mais ne pense pas à se rendre dans le compartiment du bombardier où, à sa connaissance, personne n'est entré.

Les trépidations des moteurs, le roulis de l'appareil qui roule pour aller en bout de piste secouent les sacs, les font glisser et l'un d'eux passe dans le logement de la roue avant du train. Quand l'avion démarre pour décoller, il tombe sur la piste.

Voilà qui expliquerait la perte du sac postal que retrouvera le lendemain le mitrailleur William Miller.

Mais où un sac est passé, un autre peut suivre. Un second sac de courrier prend donc le même chemin et va à son tour tomber par l'ouverture. A ce moment, l'avion a décollé. Prchal rentre son train. La roue avant en remontant repousse le sac postal dans l'appareil. Elle le repousse au dessus d'elle, jusqu'à le plaquer contre le plancher du poste de pilotage et contre les câbles des gouvernes de profondeur qu'il bloque.

Quand l'avion s'écrase en mer (ou au cours du repêchage), ne serait-ce que parce que la pression d'huile est tombée dans les vérins du train d'atterrissage, le sac est libéré et devient une épave comme les autres. C'est un sac ; en principe, il contient des lettres, du papier. Il n'a pas plus laissé de traces sur les câbles métalliques qu'un tampon de chiffons et les experts ne pourront déceler les points de friction en cherchant des éraflures qui n'existent pas.


David Irving a au moins précisé que cette hypothèse n'était pas de lui, mais de "certains milieux" (p. 221 - merci de les citer, Dave, il ne le fait pas...). Il ajoute également, p. 223 : "L'hypothèse est séduisante. Mais ce n'est qu'une hypothèse."

Cela étant dit, comme l'a dit le wing-commander Falk, cité par Irving, p. 222-223 :

Après avoir étudié les conclusions de la commission d'enquête, je suis maintenant plus convaincu que jamais que cette explication est la seule qui cadre au mieux avec les témoignages dont nous disposons. Pas une seule déposition n'infirme l'hypothèse ; plusieurs l'étayent.


Mais David Irving, remarquable crétin quand il s'y met, finira par nier l'évidence, et malgré son enquête qui établissait la certitude de l'accident, prétendra que le crash de l'appareil était d'origine criminelle, et que Winston Churchill a commandité le meurtre du général polonais ! Et à ce sujet, il commettra une superbe falsification de document à cet effet...


- J'en reviens toujours à mon idée : la solution se trouve à Téhéran. La fin de la seconde guerre mondiale y a été négociée : Staline était beaucoup trop rapide pour les alliés.


Euh... Suis vraiment pas sûr d'être d'accord avec vous sur ce point là... Ni à Téhéran, ni à Yalta, ni à Potsdam les Trois Grands ne se sont partagés le monde.


(Quant à la grande bataille de chars à Praga - j'y habite - il y a tout simplement pas la place : Vistule à l'Ouest, marais au Sud, forêts à l'Est, lac au Nord = reste un vieux et minuscule quartier , Praga)
- Vous citez la "Herman Goering" . En août et septembre, cette division + la 137 DP étaient sur la rive gauche, au Sud de Gora Kalwaria, à Studzianki (50 kms Sud Varsovie) face à Berzarin.


Quand les historiens causent de Praga, c'est un genre de convention, un peu comme les historiens du Premier Empire qui placent à Austerlitz la bataille qui s'est déroulée sur le plateau de Pratzen, sur Kobelnitz, Krzenowitz, Puntowitz, et à proximité de Brunn. En fait, la fameuse bataille de chars a pris place à Radzymin et Wolomin. Et encore, je résume.

Reste qu'elle a bien eu lieu, et que les Panzer ont bel et bien brisé l'assaut de Rokossovski.
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Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Borovic  Nouveau message 07 Aoû 2007, 21:10

Bonsoir,

"Et encore, je résume"

.... bon, on va pas se battre pour une "appellation controlée". Ces combats à l'Est de Varsovie, pendant la semaine fin juillet/début août 44 étaient une couverture de la retraite et une protection de l'acces des ponts sur la Vistule, loin des chevauchées précédentes (attaque ou contre attaque, la géographie ne permet pas un large déploiement de chars). Des éléments de la Goëring y participaient avant de se positionner rive gauche en août.
Actuellement, à l'entrée de Wolomin, un T-34 souvenir - largement tagué- commémore la casse d'une centaine de blindés en combats de position.
Notes :
- ces combats ont tournés autour de la route vers l'Est et tout particulièrement Kobylka, Wolomin et OSSOW qui est le lieu du fameux miracle de la Vistule d'août 1920. Surprenant !.
Le 15 août, comme tout les ans, je vous invite à la commémo avec ses reconstitutions (cavalerie et infanterie).
.... voir le site : http://www.bitwawarszawska.pl
- dans un autre registre, je tiens à rappeler la haine féroce qui , depuis des siécles oppose russes et polonais. Cette haine est réciproque et Staline savait qu'il devait éliminer physiquement ces opposants. Il l'a fait dans les Marches de l'Est, et ce ne sont pas les 200 000 morts de Varsovie qui l'empéchaient de dormir. AK ou AL, tout "politique" devaient disparaître,plus ou moins tard, du moment qu'il était polonais.
- Quant à Bor, le 31, il a fixé l'heure "W" sur de fausses informations, celles de Chrusciel lui indiquant la présence d'unités soviètiques à Praga. Il essayera de l'annuler, mais c'était trop tard. Responsabilité ???

Pour en revenir à notre question , pourquoi Staline à stoppé ses "pointes" Sud et Nord en Juillet ? Question de logistique ?, manque de benzine ? (400 kms étaient, chez les soviets, la longueur d'une avancée ). Je n'y crois pas. Les allemands ne voulaient et ne pouvaient tenir Varsovie encerclée. Staline le savait.


Cordialement !

anecdote : dans le petit lac de Goclaw (quartier de Praga), les pêcheurs du coin arrochent régulièrement sur un Sherman soviètique qui, parait-il est tombé dans ce marais. A vos tubas !


 

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Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Borovic  Nouveau message 08 Aoû 2007, 09:19

Bonjour Nicolas,

.... vous allez me dire où je "pompe" tout çà !
- certainement pas dans les bouquins de l'Ouest, je n'y ai pas acces. D'autant que de nombreux magazines, livres, documents en français ou en anglais sont les traductions de "papiers" nouvellement édités à l'Est dans les années 2000 et qui ne sont que des reprises des années 60, 70. (jolies couvertures en couleur sur du "faisandé" d'époque guerre froide).
... Pour ma part, j'utilise des cartes indiquant les mouvements de troupes; des documents polonais des années 45-50 (l'année 46 est tout particulièrement riche en petits opuscules "non controlés"); le listing des cimetières militaires, "tablica" en rase campagne, monuments-souvenirs, minuscules musées qui marquent des dates précises de combats et les noms des KIA; les petits forums locaux sur internet où les gens du pays racontent souvent des faits cachés et inconnus (qui permettent surtout de comprendre la mentalité du secteur : minorités, religions ect ..) et surtout la topographie du terrain que je parcours "en touriste de la mémoire" tout au long de l'année. En faisant un mélange "avec les critiques d'usage", on peut arriver à mieux comprendre certains plans d'action ou décisions de Q.G.. Vous remarquerez que jamais je ne parle de l'URSS que je ne connais pas sur le terrain.
J'insiste sur la géographie du lieu. Par exemple et pour sortir de l'insurrection de Varsovie, un endroit (-largement oublié-) est passionant : la Passe de Dukla. Loin des jeux de guerre virtuels, le terrain donne une nette compréhension de cet arret de plusieurs mois de l'Armée Rouge. Loin de "l'autoroute" de Uzgorod, la topographie répond aux exigences d'une armée de libération (T-34) et celle d'occupation (NKVD). C'est Staline qui décidait, pas les défenses allemandes. Même sénario qu'en Irak, les nains !! .

J'invite tous les passionnés d'histoire à parcourir les lieux de batailles à l'Est, été comme hiver, et à rencontrer les "indigénes". Souvent, vous reviendrez avec une autre analyse que celle des médias de l'Ouest qui "pompent" allégrement des références "faisandés".

Bonne journée.


 

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