pierre69 a écrit:enfin , en ce qui concerne les exactions sur le Front de l'est, j'ai bien aimé "la guerre d'extermination de Staline (1941-45)" de l'allemand Joachim Hoffmann, traduit en français aux editions Akribeia, on peut le trouver sur internet, en plus, Hoffman consacre un chapitre à la théorie du "Brise glace" de Souvarov,
sur le même sujet, tu as également "La guerre civile européene" de l'allemand Ersnt Nolte traduit en français aux éditions des Syrtes, mais seulement une partie de cet ouvrage est consacrée au front de l'est
Tsss... Franchement pas habile de votre part, tout ça.
Joachim Hoffmann est un négationniste allemand, judiciairement condamné en Allemagne en tant que tel si mes souvenirs sont bons. Un escroc intellectuel qui a vendu ses services à l'extrème-droite locale. Son ouvrage "majeur" (au sens de "falsification majeure"),
Stalins Vernichtungskrieg. Planung, Ausführung und Dokumentation 1941-1945, tentait médiocrement d'établir
la thèse d'un Hitler pacifiste qui aurait devancé l'ignoble Staline un certain 22 juin 1941, lequel se préparait à lancer ses hordes de soudards à l'assaut de l'Europe.
Comme si cette foutaise ne suffisait pas, Hoffmann allait encore plus loin, et
niait explicitement la réalité et l'ampleur de l'extermination des Juifs par les nazis, pure propagande soviétique selon lui. Tandis que les atrocités soviétiques sont mises en avant - et attribuées aux Juifs de l'entourage de Staline -, celles des Allemands sont attribuées à la
Pravda.
Hoffmann reprenait notamment à son compte le
bobard négationniste (pléonasme) usé jusqu'à la corde des
Einsatzgruppen luttant courageusement contre des partisans (juifs), mais commettant à l'occasion une ou deux bavures contre la population civile (juive) qui soutenait indéfectiblement les partisans (juifs).
Il faisait également grand cas du chiffre de 74.000 déportés décédés au camp d'Auschwitz, d'après les registres tenus par les
S.S., embarqués par les Soviétiques en 1945 et déclassés à Moscou en 1992.
Mais c'était oublier - sciemment - que les "registres" S.S. d'Auschwitz n'incluaient que les morts faisant partie de la catégorie des prisonniers dûment enregistrés par tatouage à leur arrivée au camp, soit de 15 à 30% des convois de déportés. Lors des sélections à l'arrivée des convois, les nazis faisaient le tri entre les "aptes" au travail (hommes pour la plupart, ni trop jeunes ni trop agés pour la plupart) et les "inaptes" (femmes, enfants, personnes âgées).
Les "inaptes" étaient envoyés directement aux chambres à gaz, sans être enregistrés.
A noter également : la plus grande partie des registres ont été détruits par les S.S avant l'arrivée des Soviétiques. Les
"74.000" ne représentent donc qu'une petite partie des prisonniers (c'est à dire les esclaves enregistrés à leur arrivée au camp)
assassinés. Curieusement, Hoffmann concède ce point, sans commentaire, tout obsédé qu'il est par l'idée de réduire au maximum le nombre de déportés tués à Auschwitz - quitte à manipuler certaines recherches historiques pour ne retenir que la fourchette la plus basse, et la réduire encore davantage.
Si l'on ajoute que l'édition ayant publié Hoffmann en traduction française n'est autre qu'une officine négationniste,
Akribeia, l'on ne peut que constater l'ineptie historique totale du "travail" considéré.
Quant à
Ernst Nolte, cet "historien" totalement discrédité en Allemagne a malheureusement trouvé une seconde jeunesse en France, où
il a reproduit (sciemment ?) de la propagande négationniste initiée par Robert Faurisson dans sa correspondance avec le regretté François Furet (lettre du 5 septembre 1996 publiée dans l'ouvrage commun
Fascisme et communisme, Plon, 1998 - voir notamment p. 87-95). Ni François Furet, ni d'ailleurs aucun autre historien n'a relevé le fait. Et alors qu'Ernst Nolte s'intégrait davantage dans une rhétorique négationniste,
puisque correspondant avec Faurisson et d'autres négateurs (voir Gilles Karmasyn
et alii, "Le négationnisme sur Internet",
Revue d'Histoire de la Shoah n° 170, septembre-décembre 2000, p. 22), l'un de ses ouvrages, majeur mais fort contesté,
La Guerre Civile Européenne 1917-1945, était traduit en français et publié aux Editions des Syrtes en 2000...
Pour rappel, les thèses de Ernst Nolte (très novateur spécialiste du totalitarisme plusieurs décennies auparavant) avaient pris un tournant plus radical dans les années 80, et avaient fait l'objet d'une ardente polémique en Allemagne dans le cadre de l'
Historikerstreit, la fameuse "Querelle des Historiens", portant sur la place du nazisme dans l'Histoire et la mémoire allemandes (voir à ce sujet
Devant l'histoire. Les documents de la controverse sur la singularité de l'extermination des Juifs par le régime nazi, Cerf, 1988, et Edouard Husson,
Comprendre Hitler et la Shoah. Les Historiens de la République fédérale d'Allemagne et l'identité allemande depuis 1949, P.U.F., 2001).
L'absence de réaction des historiens et des intellectuels français devant cette assimilation des "thèses faurissoniennes" par Ernst Nolte pose plus que jamais la lancinante question des compromissions universitaires en la matière.