Agence France-presse
Les Juifs «en partie responsables de l'hostilité dont ils souffrent», a écrit Churchill
Londres - Winston Churchill, premier ministre britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, estimait dans un article écrit en 1937 que les Juifs étaient «en partie responsables de l'hostilité dont ils souffrent».
Il attribuait cette hostilité au fait que «le Juif est "différent"».
L'article qui contient ces vues, intitulé «Comment les Juifs peuvent combattre la persécution», n'a pas été publié à l'époque. Découvert dans les archives de Churchill par un historien britannique, il a été pour la première fois rendu public aujourd'hui.
Dans ce texte, Churchill évoquait les persécutions antisémites menées par le régime nazi au pouvoir en Allemagne depuis 1933, et qui allaient culminer pendant le conflit mondial avec l'extermination de quelque six millions de Juifs d'Europe.
«Il serait facile d'attribuer (l'hostilité aux Juifs) à la méchanceté des persécuteurs, mais cela ne concorde pas avec tous les faits», écrivait Churchill, trois ans avant de devenir le chef du gouvernement britannique.
L'antisémitisme, argumentait-il, «existe même dans des pays où Juifs et Gentils sont égaux au regard de la loi et où de nombreux Juifs ont trouvé, non seulement un asile, mais des opportunités».
«Ces faits doivent être pris en compte dans toute analyse de l'antisémitisme, poursuivait Churchill. Ils devraient particulièrement être pris en considération par les Juifs eux-mêmes».
Il se peut en effet qu'involontairement, ils invitent à la persécution, qu'ils soient en partie responsables de l'hostilité dont ils souffrent», avançait Churchill.
Car selon lui, «le fait central est que le Juif est "différent". Il a l'air différent. Il pense différemment. Il a une tradition et un héritage culturel différents. Il refuse d'être assimilé».
Churchill ajoutait dans son article que les Juifs étaient «sobres, travailleurs, respectueux de la loi» et appelait les Britanniques à s'opposer aux persécutions contre eux.
L'article a été découvert par le docteur Richard Toye, un historien de l'Université de Cambridge. À l'époque, le secrétaire de Churchill lui avait dit qu'il ne serait «pas avisé» de le publier.