Paul Touvier et Jacques Brel

Bonjour à tous,

Paul Touvier fut l'un des protagonistes de la collaboration, au même titre que Klaus Barbie, Aimé-Joseph Darnand, Maurice Papon, Marcel Déat et j'en passe. Je ne suis pas très reportage TV mais celui diffusé très récemment par France 2 sur le triste Sir attira doublement mon attention.

Premièrement, les différents intervenants se sont bien gardés d'associer l'église traditionnelle d'Ecône (feu Monseigneur Lefebvre) à l'église catholique. J'en suis fort aise. Pour ceux et celles qui méconnaissent ce chapitre de la collaboration, je suggère les ouvrages de circonstance. L'un d'eux "les catholiques sous Vichy", démontre d'une manière chronologique que cohabitèrent deux églises catholiques.

Secondement, quelqu'un est-il capable de me préciser d'une manière rationnelle le but qui lia Jacques Brel à Paul Touvier ?

Un grand merci pour votre prochaine réponse.

Paul Touvier fut l'un des protagonistes de la collaboration, au même titre que Klaus Barbie, Aimé-Joseph Darnand, Maurice Papon, Marcel Déat et j'en passe.

Juste deux petites remarques :

1. Klaus Barbie n'était pas "un protagoniste de la Collaboration", puisque c'était un officier allemand, qui, au grade de SS-Obersturmführer (lieutenant de la SS) en 1943, a dirigé la section IV - chargée de la "suppression de l'opposition" (résistants, juifs, communistes, etc.) - de l'Einsatzkommando (détachement d'intervention) de la Sipo-SD ou Sicherheitspolizei und Sicherheitsdienst (police de sécurité - du Reich - et service de sécurité - issu du parti nazi) à Lyon (KDS de Lyon).

2. Paul Touvier n'était pas vraiment un protagoniste de la Collaboration, au sens de "personne qui joue le premier rôle dans une affaire" (dictionnaire Robert), en tout cas, pas au même niveau qu'un Darnand ou qu'un Déat, puisqu'il n'était finalement, non le chef de la Milice de la région lyonnaise comme on le répétait dans le reportage susmentionné et dans les médias, mais "seulement" le chef régional du 2e service (documentation) de la Milice à Lyon. Cependant, il s'agissait tout de même d'un personnage important occupant une fonction clé (couvrant dix départements), vrai "homme-orchestre" qui "centralisait informations et renseignements à exploiter sur le terrain" (Touvier et l'Eglise) et régnait à Lyon en véritable "seigneur de la guerre" (L. Greilsamer), pillant, arrêtant, emprisonnant et assistant parfois aux tortures qu'il ordonnait.

Premièrement, les différents intervenants se sont bien gardés d'associer l'église traditionnelle d'Ecône (feu Monseigneur Lefebvre) à l'église catholique. J'en suis fort aise. Pour ceux et celles qui méconnaissent ce chapitre de la collaboration, je suggère les ouvrages de circonstance. L'un d'eux "les catholiques sous Vichy", démontre d'une manière chronologique que cohabitèrent deux églises catholiques.

Voulez-vous dire que l'Eglise catholique, en tant qu'institution, a totalement soutenu Paul Touvier et la Milice française, laquelle, il faut le rappeler, était, non pas l'organisation paramilitaire d'un parti, mais une création de l'Etat français (loi n° 63 du 30 janvier 1943 publiée au Journal officiel) ?

Secondement, quelqu'un est-il capable de me préciser d'une manière rationnelle le but qui lia Jacques Brel à Paul Touvier ?

Comme vous, j'ai appris l'existence de cette relation dans le reportage précité. Ainsi que l'a laissé entendre le commentateur, Jacques Brel a sans doute, par esprit à la fois charitable et un tantinet anarchiste, voulu aider quelqu'un qui se trouvait depuis longtemps au ban de la société, ce sans tenir compte de son passé lointain. Mais peut-on tout expliquer de manière rationnelle ?

Quant à moi, ce qui m'a frappé dans ce reportage, c'est que Paul Touvier ait vécu en reclus pendant tant d'années et n'ait jamais tenté de fuir à l'étranger...

Dak avec Tom, et tant qu'à faire retirer également Papon de ta liste, faut pas tout mélanger.

En ce qui concerne Touvier effectivement il est resté en france , ce fut d'ailleurs un des arguments de sa défense (ne se sentait pas coupable???) alors qu'il aurait pu se casser certainement.

St Ex

Merci de votre soutien !

En ce qui concerne Touvier, il n'a jamais cherché à fuir à l'étranger sans doute pour différentes raisons : parce qu'il ne se croyait pas coupable, parce qu'il se sentait soutenu, parce qu'il espérait d'abord un héritage, ensuite une amnistie, parce qu'il était peut-être très casanier et ne détestait pas vivre en reclus comme un religieux cloîtré !

Bonjour,

Natif de Tourcoing, Mgr Lefebvre fut d'abord missionnaire et devint évêque à Dakar. Ses thérories religieuses sur sol français déplurent à la Curie romaine. Il s'expatria à Martigny (canton du Valais, Suisse) pour y poursuivre ses activités méditatives. Il créa la Fraternité Saint-Pie X dont il fut le guide spirituel sur demande de séminaristes français. Mgr Levebvre fut excommunié par Jean-Paul II. Son dogme ultra-conservateur fut et est présentement ovationné par des milliers de traditionalistes en France et en Suisse.

Paul Touvier reçu une éducation religieuse très stricte. Ses parents lui inculquèrent l'essence même d'un catholicisme conservateur calqué sur le modèle d'Ecône. En qualité de sympathisant, il fut protégé par la Fraternité Saint-Pie X tout au long de sa longue cavale. Il est problable que d'autres miliciens croyants aient suivi Touvier et qu'ils reçurent la protection de l'église d'Ecône durant ou après l'occupation.

Lorsque Pétain s'octroya les pleins pouvoirs, la France de Vichy fut géographiquement coupée en deux. Il en fut de même pour son église. Deux catégories de catholiques s'opposèrent. Les fidèles ayant portés allégeance au régime de Vichy et ceux qui restèrent dévoués à Rome. Pour les traditionalistes français, l'avènement de Pétain à la tête de "l'état" fut une aubaine. Une France débarrassée de ses anticléricaux et de ses communistes. Bien que Pétain ne fut jamais un pillier d'église, il n'en demeure pas moins qu'il fut adulé pour l'image qu'il dégagea auprès des gens. Une aura qui lui valu le soutien d'une frange de la population chrétienne de l'Hexagone. Les valeurs familiales et religieuses, l'ordre et la discipline, telles furent la ligne de conduite de Pétain.

Des pélerinages eurent lieu à Lourdes pour prier pour le salut du Maréchal Pétain. Des membres de son cabinet se déplacèrent pour la circonstance. Il n'est pas exclus que certains s'y soient même rendus en étant athées.

En qualité d'institution, l'église catholique romaine n'a pas soutenu Paul Touvier, la milice et Vichy. Marginale à Rome, la Fraternité Saint-Pie X soutint ce qu'il y avait de plus abject dans la société française de l'époque, le fascisme. Malheureusement, les médias se complaisent à accuser injustement l'église catholique toute entière.


Au plaisir de vous relire très prochainement
Vincent, Suisse

Bonjour,
Les catholiques ne sont pas les seuls a avoir ete divises par la guerre et le nazisme.

Ce sont des communistes qui ont suivi Jacques Doriot et creee le PPF, le plus extremiste des partis de collaboration.

La W-SS Division "Handschar" etait composee de musulmans bosniaques, il y avait des musulmans tunisiens dans la Phalange Africaine, et meme un bande de nervis musulmans organisee par la Gestapo en France. Mais des musulmans parmi les FFL sans parler des "indigenes" qui s'illustrerent au Garigliano et en Provence, entre autres.

On retrouve des socialistes dans le gouvernement de Petain... et au CNR ainsi qu'au GPRF !

Beaucoup de protestants allemand suivirent Hitler de bon coeur. Mais pas tous. Je ne sais pas pour la France, mais ne serais pas du tout surpris d'apprendre qu'ils s'en trouvaient dans les 2 camps.

En fait, toutes les communautes de pensee (Politiques et religieuses) furent dechirees par la guerre. Sauf une, a priori : La communaute hebraique. Encore que, il doit bien y avoir des cas de collabos juifs...

Et ces dechirures furent longues a cicatriser.
Le "cri du coeur" de thivivan82 montre meme que certaines cicatrices sont toujours douloureuses plus de 60 ans apres.

Beaucoup de protestants allemand suivirent Hitler de bon coeur. Mais pas tous.

Ainsi, on remarque que lors des élections de 1932, la majorité des voix qu'Hitler obtient proviennent de catholiques (exemple de la Bavière catholique). Les protestants votent plus vers des partis modérés.

Daniel a dit:

Beaucoup de protestants allemand suivirent Hitler de bon coeur. Mais pas tous. Je ne sais pas pour la France, mais ne serais pas du tout surpris d'apprendre qu'ils s'en trouvaient dans les 2 camps.

c'est encore plus compliqué que cela Daniel, la Pasteur Boegner (qui a sa rue dans le 16 ème de Paris depuis les années 70) est un grand résistant mais il fait d'abord parti de l'entourage immédiat de Pétain à Vichy et jusqu'en 42 si ma mémoire éléphantesque est bonne.

St Ex

Daniel a dit:

En fait, toutes les communautes de pensee (Politiques et religieuses) furent dechirees par la guerre. Sauf une, a priori : La communaute hebraique. Encore que, il doit bien y avoir des cas de collabos juifs...

Si justement la communauté isra"elite fut également déchirée, on en a parlé je ne sais plus où (collaboration?)

Quand aux collabos juifs, ben oui à la pelle à commencer par Joannovici (monsieur Joseph, j'en parle pour répondre à Sologne, parce que lui c'est le pompon).

St Ex

Face au nazisme parvenu au pouvoir, l'attitude du Zentrum, parti catholique lié à l'épiscopat, a été longuement débattue.

Jusqu'en 1932, l'épiscopat allemand a manifesté de sérieuses réticences à l'égard de l'idéologie nazie et a, par exemple, interdit aux militants nazis d'assister à l'office en uniforme.

Cependant, il est vrai qu'ensuite l'épiscopat s'est montré plus indulgent envers le nazisme, surtout, il faut le rappeler, par anticommunisme. En effet, en 1933, pour le Zentrum, Hitler est l'homme qui barre la route au bolchevisme et qui devient fréquentable dans la mesure où il offre des garanties aux catholiques (maintien de l'enseignement confessionnel, des mouvements catholiques de jeunesse, des concordats des Etats avec le Saint-Siège, des prérogatives du président du Reich, de l'indépendance des magistrats, et proclamation que le christianisme est un facteur essentiel de la vie nationale...).