hilarion a écrit:Ne dois t o pas chercher la haine d'hitler contre les juifs aussi lors du crack boursier de 1929....
L'enfant qui naît le 20 avril 1889 à Braunau-sur-Inn, aux confins de l'Autriche et de la Bavière, et qu'un prêtre catholique baptise quelques jours plus tard sous le nom d'Adolf, est le fils d'Aloïs Hitler et de Klara, son épouse. Lui fonctionnaire moyen des douanes, elle mère au foyer. Il a vingt-trois ans de plus qu'elle et meurt en 1903, dans le village de Leonding, proche de Linz, où la famille venait de s'installer. Gros travailleur parti du bas de l'échelle, maître de maison autoritaire, Aloïs n'admettait pas que son fils eût le projet de devenir artiste peintre. Mais sa mort mit fin opportunément au conflit et la mère céda, permettant au jeune Adolf, en octobre 1907, de passer le concours d'entrée à l'école des beaux-arts de Vienne, auquel il échoua.
Elle-même, atteinte d'un cancer du sein, décéda le 21 décembre suivant. Son médecin, le docteur Bloch, était juif. Le jeune homme fut profondément affligé.
Ces informations sont à la fois présentées en 1925 dans Mein Kampf (à l'exception du médecin juif), et recoupées par les recherches les plus sérieuses. Y trouve-t-on quelque élément de nature à expliquer ce qui devait se passer trente ans plus tard ? C'est ce qu'on croit souvent. En conservant son projet professionnel malgré le veto paternel, l'enfant serait devenu « dissimulé ». Des châtiments corporels l'auraient orienté vers la violence, et le fait d'obtenir l'appui de sa mère pour braver la volonté d'un père mort l'aurait plongé dans une culpabilité obsessionnelle.
Quant aux origines ethniques du médecin qui échoua à la guérir, le lecteur aura deviné quelle conclusion on en tire : ayant soumis un corps adoré à un traitement douloureux sans le soustraire à la mort, il aurait suscité chez le rejeton une rancune paroxystique, expliquant qu'il ait plus tard entrepris l'éradication de la souche « raciale » du praticien.
Or cette enfance est impressionnante de banalité. Les projets artistiques sont légion chez les fils de fonctionnaires, les Juifs nombreux dans le corps médical autrichien d'alors, un temps où les maris sont souvent plus vieux que les épouses, et où les tumeurs mammaires ont rarement une issue heureuse. Pourtant, un seul enfant est devenu dictateur.
Une piste légèrement antérieure mérite peut-être davantage de considération. Aloïs, le père d'Adolf, était né en 1842 de père inconnu, cinq ans avant le mariage de sa mère. Il avait certes été reconnu par le mari... mais longtemps après la mort de celui-ci et sur la seule foi de quelques témoins. Quoi qu'il en soit, « l'absence du nom du père » est reconnue aujourd'hui, par un grand nombre de thérapeutes, comme une source importante de psychoses, et souvent à plusieurs générations de distance. En revanche, l'idée que ce géniteur ait pu être juif, ou son petit-fils le craindre, ne repose sur aucun fondement documentaire. (1)
Si l'enfance est banale, c'est le terme de « normal » qui vient sous la plume lorsqu'on considère sans préjugé l'adolescence de Hitler.
François Delpla, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur au lycée Prévert de Taverny, a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels : Churchill et les Français (1993), Montoire (1995), La Ruse nazie (1997).