Post Numéro: 55 de tietie007 05 Fév 2007, 21:57
En effet les 3 hommes ont des personnalités assez différentes.
Lénine était un intellectuel qui a passé la majorité de sa vie en exil, dans le cercle restreint des socialistes opposants au régime tsariste. Il avait une grande capacité de travail intellectuelle et a voué sa vie à la construction de son Parti. Intolérant avec ses adversaires, il acceptait aisément la discussion au sein du Parti. Sa foi dans sa doctrine, sa tenacité et la lucidité dont il a fait preuve, lors de la Révolution russe, en font un des génies politiques dul XXeme siècle ! Mais le Parti qu'il avait forgé pour prendre le pouvoir, instrument d'une redoutable efficacité, se révéla être un léviathan qui mangea ses propres enfants ! Hegel aurait pu dire que Lénine a pris le pouvoir en Russie pour que l'URSS s'oppose à Hitler, 20 ans plus tard, une ruse de la raison !
Hitler était un chef charismatique, génial orateur qui transfigurait les foules, et était un autodidacte doué. Mais son mode de vie fut très tôt coupé des réalités, et il n'était pas réputé pour être un gros bosseur, notamment dans le domaine administratif. Par contre il avait une mémoire étonnante en ce qui concerne les détails militaires, mais manqua d'acuité dans la conduite opérationnelle de la guerre, notamment à l'Est. Il mettra trop l'accent sur "la volonté" et l'esprit combatif, censés résoudre tous les problèmes. Le fait d'avoir eu raison contre ses généraux, lors de son ordre de tenir à tout prix, lors de la contre-offensive russe devant Moscou, en décembre 1941, va le conforter dans son infaillibilité (du reste il deviendra le chef de l'OKH et ne remplacera pas Brauchitsch), et le fourvoiera dans le Plan Bleu, opération, stratégiquement trop risquée, coup de poker insensé, qui ne pouvait que mal se terminer. A partir de la Russie, il va totalement s'isoler du monde, perdant totalement le sens des réalités, vivant comme un ascète, ayant des bouffées délirantes ! Ses officiers généraux et maréchaux essaieront de lui imposer un nouveau chef d'Etat-Major de l'armée, nécessaire pour mener la guerre à l'Est, fardeau trop lourd pour un seul homme, ce que le Fuhrer refusa tout le temps, ayant confiance dans son flair et sa bonne étoile ! Erreur grossière d'un homme qui n'avait plus sa lucidité !
De plus, il n'a jamais vraiment cerné les problèmes que posaient la logistique et le ravitaillement des Groupes d'armées, et n'a pas saisi les conséquences d'une mondialisation de la guerre, engoncé qu'il était dans ses préjugés ! Il a, notamment, délaissé la production d'armement, aspect assez déroutant dans une guerre qu'il croyait courte ...toujours l'optimisme nazi !
Staline fut un chef qui ne s'imposa pas de lui même, comme Hitler. Autant le Fuhrer ne fut pas inquiété, au sein de son propre parti, sauf en 1920, autant Staline arriva au sommet après une lutte acharnée, ce qui pourrait expliquer sa paranoïa maladive et les purges gigantesques qu'il provoqua. Ce n'était pas un orateur, et il n'apparaissait quasiment jamais en public. Mais c'était un travailleur acharné, supervisant tout, et moins borné qu'on ne l'a dit. Les dernières études qui ont été faites sur le dictateur soviétique, montre qu'il était un grand lecteur, qu'il connaissait ses classiques qu'il annotait souvent, au crayon, des extraits. Au niveau de la conduite de la guerre, après ses erreurs monumentales, il s'adapta magistralement aux contraintes du conflit, laissant de plus en plus d'autonomie à l'armée rouge, notamment en donnant moins d'importance aux Commissaires Politiques et en laissant travailler ses généraux. Il a de plus mobilisé totalement la société soviétique pour ce conflit, ce qui va se traduire par une supériorité matérielle écrasante !