Clauster a écrit:Notre graffeur Cherbourgeois a laissé un peu de béton brut !
A la rigueur, çà peut être considéré comme une "oeuvre d'art", même si on peut discuter de son intérêt historique.
Cela dit, pour les vieilleries dans mon genre (75 balais révolus), du temps de notre jeunesse, ces ouvrages étaient tous dans leur jus historique, avec l'avantage que la "nature" avait, elle-même, fait ses effets. Quand nous étions gamins, nous avions l'impression qu'ils appartenaient, ainsi, à l'héritage de l'architecture locale.
En plus, cornaqués par notre parentèle, il était strictement interdit de tenter s'aventurer à l'intérieur, sensé recéler des matériels potentiellement dangereux (obus, etc.). Bref, il n'y avait que les "voyous" et les audacieux "frondeurs" qui osaient s'aventurer dans leurs structures! En réalité, ces "blockhaus" étaient, déjà, tous devenus de vraies poubelles malodorantes, même si extérieurement, elles semblaient être restées intactes!
La mode du Tag ne date, elle, que de la fin des années 70. Au départ, il s'agissait, plus ou moins, de messages "Peace & Love", rédigés selon la norme calligraphique de la période "Hippy". Je peux difficilement la renier, car, dans la décennie 70, j'en avais été, moi-même, un grand adepte, dans le cadre d'illustrations diverses réalisées sur papier (!).
Le taggage de l'époque était, certes, peu esthétique, mais, au départ, il était sensé véhiculer un message "Peace and Love", sauf que les surfaces proposées par les flancs de ces "blockhaus" étaient spacieuses et à l'abri, pour l'essentiel, des patrouilles de gendarmerie. Au bout d'une période très courtes, les premiers taggeurs avaient, eux-mêmes, créé une génération de copieurs, globalement nettement moins performante, avec pour seul résultat, un barbouillage quasi-systématique de leurs taggs originaux et, en parallèle, une continuité désespérante de la "poubellisation" de l'intérieur des casemates et ouvrages.
Le tag, sur la photo mise en ligne par Clauster, est, lui, tardif - vu son style, il date, au mieux, du début des années 2000 -. Là, on tombe aussi sur un cas bien particulier, le taggeur de base, plus pollueur qu'artiste, avait du, alors, se rendre à l'évidence que son éventuelle intervention sur les travaux originaux n'aurait fait que les gâcher inutilement! Au fil du temps, on était parvenu à reconnaitre, internationalement, même en freinant des quatre fers, le "Street Art", qui avait, alors, fait flores, entre autres, aux States.
Même s'il y aura, toujours, des "irréductibles" partisans de la bombe de peinture à outrance, pour badigeonner n'importe quoi, la reconnaissance internationale du street-art et ses dérivées avait, alors, sérieusement calmé le jeu.
Le tagage mis en lien par Clauster, au post N°9, quelque soit notre propre approche artistique, constitue un vrai travail. Il fait partie de notre propre appréhension personnelle, en dehors des supports classiques ( papier, carton, toile). C'est, certes, très compliqué, mais l'origine de la peinture murale, en quelques sortes, une forme de tagg, se situe aux XI-XIIème siècles, dans certaines églises méridionales italiennes, influencées, alors, par la qualité exceptionnelle des peintures religieuses et des icones de l'église chrétienne orthodoxe d'Orient , avant qu'elle ne soit submergée par l'invasion musulmane.
En fait, nous n'avons rien inventé, sauf le choix du support privilégié en fonction de l'époque. La décoration du dôme de la chapelle Sixtine de Rome, réalisée entre 1508 et 1512, à l'excès, n'est ainsi rien d'autre qu'un "street-art" de qualité exceptionnelle à vocation religieuse!