Post Numéro: 1 de RoyalTiger 02 Avr 2004, 01:08
Le fort d’Eben-Emael fut érigé sur les hauteurs de Liège entre 1932 et 1935. Ce fort, large de 700 mètres et profond de 900, ne compte pas moins de 64 positions renforcées, disposant d’un arsenal très varié (cela va du 120 à la mitrailleuse, en passant par des armes antichars et de la DCA). Toutes les pièces sont protégées par des coupoles en acier ou en béton. Cette position fortifiée défend les ponts du Canal Albert, et ainsi la route vers les Pays-Bas et le centre de la Belgique.
A l’aube du 10 mai 1940, le bataillon d’assaut aéroporté du capitaine Koch s’apprête à prendre d’assaut cette forteresse réputée inviolable.
Cette unité est répartie en quatre groupes : « Fer » (sous-lieutenant Schachter), « Béton » (sous-lieutenant Schacht), « Acier » (lieutenant Altman) et « Granit » (lieutenant Witzig).
Fer a pour objectif le carrefour et le pont de Kanne, Béton se chargera du pont de Vroehaven et Acier s’emparera du pont de Veldwezelt. Le « gros morceau » est réservé à Granit : la conquête du fort, ou du moins, la désorganisation des défenses, pour que l’assaut terrestre puisse réussir.
Équipés, en plus de leur équipement individuel, de charges d’explosifs, les 85 paras du groupe Granit prennent place à bord de 11 planeurs DFS 230, qui seront tractés par des JU 52. Le départ est donné à 04.30 hrs, sur le terrain de Cologne-Ostheim.
Très vite, deux appareils doivent se poser en catastrophe (rupture du câble pour l’un et panne d’un moteur de l’avion tracteur pour l’autre). Dans l’un d’eux, le Lieutenant Witzig : l’unité perd son chef avant même le combat.
A 05.20 hrs, les 9 planeurs restant se posent sur le plateau d’Eben-Emael. Ce sont finalement moins de 70 hommes qui s’élancent vers « le fort le plus puissant du monde ».
Très vite, les 700 défenseurs belges présents (500 soldats logeaient en dehors de la forteresse) subissent les effets des charges creuses placées sur les coupoles ou dans les embrasures. Les Allemands, maintenant commandés par l’adjudant-chef Wenzel, neutralisent les défenses les unes après les autres.
Un groupe, sous les ordres de l’adjudant Nierdermeyer attaque la casemate n° 18 et perce une brèche qui lui permet de pénétrer à l’intérieur du complexe.
Le major Jottrand, qui commande Eben-emael, a bien du mal à réaliser l’ampleur de l’attaque et à organiser une défense efficace.
Le sort en est rapidement jeté : en moins de trente minutes, Eben-Emael a cessé d’exister en tant que fort.
A 08.30 hrs, le lieutenant Witzig rejoint finalement ses hommes à bord d’un planeur isolé.
Malgré une contre attaque d’infanterie menée par les défenseurs belges, le fort est perdu.
Dans l’après-midi, des attaques de stuka complètent le travail en réduisant au silence des points d’appui qui tirent encore.
Au soir, Witzig abandonne certaines positions conquises pour regrouper ses hommes, dans l’attente d’une contre attaque de nuit…qui ne viendra jamais.
Le 11 mai à 07.00 hrs, un premier détachement du 51ème bataillon de génie de combat, commandé par le sergent-chef Portsteffen, atteint Eben-Emael après avoir traversé le Canal Albert sur des canots pneumatiques. La jonction est faite entre paras et fantassins.
Quelques heures plus tard, le gros de l’infanterie allemande atteint le fort.
Le groupe Granit a accompli sa mission.
Les combats dureront encore quelques heures, pour voir finalement la reddition du major Jottrand et de ses hommes.
Les paras comptent 6 tués et 20 blessés. Mais cette attaque (probablement la plus ambitieuse de la guerre) a permis aux groupes Acier et Béton d’atteindre eux aussi leurs objectifs : seul le pont de Kanne (groupe Fer) a pu être détruit par les belges avant l’arrivée des planeurs.
La route vers l’ouest fut ainsi ouverte…