Il s'agit donc de rendre inopérante dans le laps de temps le plus court l'artillerie du fort qui couvre le canal Albert. Un bombardement classique par l'artillerie lourde et l'aviation coûterait un temps précieux mis à contribution par les défenseurs pour venir à la rencontre des assaillants. Le recours aux planeurs pour neutraliser les coupoles d'artillerie du fort et aux paras pour s'emparer des points de franchissement du canal Albert avant même que les premiers Panzer n'aient pointé le bout du nez est la clé de la manoeuvre.
Olivier nous offre la chronologie des évènements, profitons en pour l'étoffer :
Tomcat a écrit:Au fort lui-même, l'alerte générale fut donnée à 00h 30 du matin (on avait noté tous les signes d'une invasion imminente) et la confirmation d'alerte réelle à 03h 00 (20 coups de canons tirés dans les 4 directions par coupole sud, la tourelle nord n'ayant pas tout son effectif). Une grande partie du personnel ne put rejoindre à temps ses poste de combats.
L'alerte de 00h30 n'en est qu'une de plus parmi toutes celles (je n'ai pas le compte sous la main) qui ont eu lieu depuis janvier 1940. Nombreux sont ceux, qui dans le fort, ne la prendront pas au sérieux avant la confirmation du matin. Le fort est en permanence servi par 2x700 hommes qui se relaient en 2 équipes toutes les 24 heures.
Tomcat a écrit:04h10 - L'alerte avion retentit dans l'ouvrage, au moment même où les planeurs se posaient sur les dessus. Les servants des mitrailleuses antiaérienne furent surpris et rapidement neutralisés par des assaillants mieux armés.
L'adjudant qui commande les 5 mitrailleuses AA sur le toît demande ce qu'il doit faire lorsqu'il se rend compte de l'approche silencieuse de plusieurs avions. Il lui est rappellé qu'il ne doit tirer qu'après s'être assuré de la nationalité des cibles. Dès qu'il acquiert le certitude que les avions cherchent à se poser, le sous-officier fait tirer ses mitrailleuses... mais les planeurs se posent déjà dans la foulée. Au sol, les assaillants sont hors d'atteinte des mitraileuses sur affûts AA (impossible de les faire tirer vers le sol!) et neutralisent rapidement les défenseurs.
Tomcat a écrit:04H30 - Les troupes allemande traversent la frontière hollandaise.
Vers 4h30, la 4.Pz.-Div. est informée que les ponts sur la Meuse et le canal Albert sont pris ! Elle débute alors la course contre la montre qui doit lui permettre de percer vers la Hesbaye (en gros la région de Liège). Elle atteint Maastricht à 7h30 et découvre les ponts sur la Meuse détruits. La traversée du fleuve ne reprendra de manière effective qu'en milieu d'après-midi. En fin de journée, la 4.Pz.-Div. a réussi à établir 2 têtes de pont au-delà du canal Albert, malgré plusieurs contre-attaques menées par les Belges.
Tomcat a écrit:Pendant ce temps, en moins de trente minutes sapeurs-parachutistes allemands attaquèrent les objectifs susceptibles de tirer sur les ponts. Furent attaqués les blocs tourelle de 75 nord et sud, les deux blocs d'artillerie MA1 et MA2, les blocs mitrailleuses Nord et Sud, ces derniers pouvant gêner leurs mouvements sur le terrain.
Et 2 équipes de démolition se jettent sur les fausses coupoles et les font sauter. Preuve en est que les récits qui relatent la connaissance des plans du fort par les Allemands sont des mythes.
Tomcat a écrit:Les hommes du groupe Granit purent se retrancher sur le fort à l'abris des blocs mitrailleuses Nord et Sud et furent efficacement appuyés par la Luftwaffe. De là, ils organisèrent des raids pour détruire la coupole tournante de 120mm.
L'une des 2 pièces de 120mm est neutralisée en même temps que le reste de l'artillerie (les pionniers allemands poussent devant eux les rescapés des mitrailleuses AA pour disuader les défenseurs de tirer. L'explosion de la charge creuse qui neutralise la première pièce de 120mm chasse les artilleurs de leur batterie. La seconde pièce sera détruite vers 9 heures.
Tomcat a écrit:A l'entrée du fort eurent lieu des tentatives de sortie pour contre attaquer, mais elles échouèrent à cause de l'aviation allemande, omniprésente, et aussi parce que les hommes qui y prirent part n'étaient pas des fantassins de formation mais des artilleurs et ne purent rien contre les armes automatiques des Allemands solidement retranchés sur les dessus du fort.
Plus que la Luftwaffe, c'est l'entrainement, les armes automatiques et leurs positions retranchées dans les ouvrages capturés qui permettent aux Fallschirmjäger de repousser les défenseurs. Et de toute manière, il est trop tard, les Allemands ont mené à bien leur mission.
Tomcat a écrit:Les dessus de l'ouvrage furent également bombardés par les forts amis de l'ancienne ceinture fortifié de Liège. Par la taille du massif à bombarder, cela se révéla insuffisant.
Ces bombardements arrivent trop tard. Les pionniers ont achevé leur mission. Autant que l'étendue du massif, c'est le retranchement des Allemands dans les ouvrages neutralisés qui les protège des bombardements.
Tomcat a écrit:Après 36 heures d'agonie, le fort dut se rendre, 21 belges furent tués pendant les combats , les assaillants perdirent 6 hommes.
Le fort capitule le 11 mai à 11 heures. Les défenseurs comptent 23 morts et 65 blessés dont la plupart atrocement mutilés par les explosions des charges creuses ! L'ensemble de la garnison connaîtra la captivité jusqu'en 1945.