Je viens d'aller faire un petit tour sur le site du musée :
http://normandieniemen.free.fr/ Cette affaire m'inspire différentes remarques, dictées par ma propre expérience au Fort de Mutzig, qui de 2002 à aujourd'hui est monté à la force des bras,
sans aucune subvention, de 3 à 4 000 visiteurs à 18 500, et l'augmentation (de 10 à 20 % par an actuellement) se poursuit.
Les responsables du musée se plaignent de la perte de leurs subventions, et ils ont raison. L'ensemble est dynamique, l'association vivante et sérieuse. MAIS il ressort de leur texte d'appel à l'aide qu'ils n'ont jamais cherché à aller plus loin que les subventions. C'est bien gentil de s'appuyer sur la mémoire, le souvenir des anciens et les grands sentiments, mais notre monde n'est pas rempli de gens qui vont visiter les musées pour la mémoire. Il est rempli de gens qui vont visiter les sites qu'ils connaissent.
Un musée se doit, qu'on le veuille ou pas, de devenir une machine de guerre commerciale. Son but : drainer le plus de visiteurs possible. Une fois le visiteur à l'entrée du musée, il est toujours temps de lui faire un cour d'Histoire, de lui parler mémoire, de lui présenter les vétérans et tout ce qu'on veut.
Mais pour le dire vulgairement, le problème est : "comment tirer le visiteur affalé avec sa bière devant la télé de son canapé et l'emmener jusqu'au musée ?".
Une fois cette question posée, on peut monter sa stratégie marketing. Aux Andelys, la situation est compliquée : loin des grands centres urbains, pas d'autouroute dans le secteur (à ce que je me souviens), ville intéressante sans plus. Mais la ville possède une marchine de guerre touristique : Château-Gaillard. Et là, ce ne sont pas 2 000 visiteurs qui le visitent par an, c'est au moins 30 à 40 000, soyez-en sûrs. Or, ces visiteurs n'ont aucune information sur le musée. Ils viennent et repartent. Un panneau grand format, avec les montants, le béton pour les fixer et tout ce qui lui permet de tenir debout, coûte environs 5 000 euros (maximum). Cette petite dépense effectuée, le nombre de visiteurs du musée va automatiquement augmenter.
Après, il faut que le visiteur ne trouve pas porte close quand il vient. Pour éviter ça, l'information est primordiale. Indiquer les horaires d'ouverture sur le site internet est un minimum. On y trouve tout ce qu'on veut, mais il n'y a pas l'entrée (que l'on attend de tout site de musée) "informations pratiques" (edit : les horaires y sont... avec les contacts ! Résultat on ne les trouve que par hasard...). Sans ça, le visiteur potentiel n'a même pas envie de se déplacer pour aller voir. Après une ou deux ans de fonctionnement, les entrées permettent de publier les premiers prospectus : ça coûte cher, ça demande une gestion lourde, mais ça permet d'être présent dans les offices du tourisme. Une fois le musée incontournable dans tous les offices de la région, le nombre de visiteurs augmente encore. La suite c'est la distribution dans les hôtels, campings, restaurants : encore des visiteurs en plus !
Avec tout ça, n'importe quel musée intéressant, sérieusement et intelligemment conçu et bien géré est capable de s'autofinancer.
Le problème n'est pas directement lié aux subventions, mais au faux sentiment de sécurité qu'elles donnent. Nombre de sites ne fonctionnent que sur les subventions, ce qui précipite leur fermeture le jour où elles disparaissent.
Une dernière chose : un musée qui fait 2 000 visiteurs par an n'intéresse aucun politique. Multipliez ce chiffre par dix et les subventions recommenceront à tomber. La raison ? Un site qui draine du monde rapporte... de l'argent ! Les visiteurs vont dans les restaurants, campings, hôtels, du secteur, bref ils passent du temps sur place.
On ne prête qu'aux riches...
Bonne soirée,
Seb.
PS : J'envoie à peu près la même chose aux responsables du musée. Je ne veux pas faire Mr prêchi-prêcha qui ne s'adresse pas directement aux gens concernés.