Un article Wiki destiné à "éclairer" Jean-Michel sur les "subtilités" de l'arme d'épaule française.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fusil_GrasExplication : Emporté dans la séquence finale "question-réponse", Jean-Michel avait rappelé, à son auditoire, que l'armement du pioupiou français, en 1939-1940, selon le "classement combatif" de son unité, intégrait des armes datant d'avant 1870.
Là, j'avais très discrètement toussé sur ma chaise, car notre célèbre Chassepot, modèle 1866, aux douilles en carton, à l'aiguille de percussion et au joint d'étanchéité de fermeture de culasse fragiles - le pinpin français, en 1870, disposait, pour ces deux derniers, d' une dotation réglementaire de rechange! -, avait été fort utilement remplacé, à dater de 1874, par le fusil Gras, certes, au même calibre de 11 mm et à un coup! , mais qui bénéficiait, lui, d'une douille métallique, d'un percuteur beaucoup plus solide et d'une étanchéité de culasse qui le dispensait du joint caoutchouc.
Au fil des années, le robuste fusil Gras avait conservé son calibre de 11 mm, mais bénéficié de modifications, telles que, pour le modèle 1886/93, l'emploi de cartouches chargées de poudre B, dites sans fumée, et la mise en place d'un magasin tubulaire du type 'Kropatscheck", soit 10 cartouches au total, dont 8 dans le magasin.
Le fusil Gras original, "à un coup", pesait un "âne mort"... plus de 4,2 kg, chargé, sans sa baïonnette! Avec l'adjonction du magasin tubulaire, pour munitions de 11 mm, on en était rendu au poids d'un sac de 5 kilos de patate!
. Seule consolation pour son détenteur, qui, lui, en prenait un sérieux coup dans l'épaule à chaque tir - il avait intérêt à bien le caler! -, le projectile de 11 mm, même, en dépit de sa vitesse initiale moindre, comparée aux munitions de 8 mm, bénéficiait d'un redoutable pouvoir d'arrêt, car le 11 mm français correspondait, grosso modo, au calibre .45 (11,43 mm) du célèbre Colt 1911 US, dont le calibre avait été intentionnellement retenu par l'US Army, pour remédier au manque de pouvoir d'arrêt, auquel elle avait été confrontée avec ses armes de poing réglementaires au calibre .38, durant la guerre hispano-américaine! ... sachant que les 72 cm de longueur du canon du fusil Gras lui assuraient des portées bien plus efficaces que les malheureux 12,7 cm du canon du Colt 1911.
Avec cette histoire de calibre, on est directement plongé dans "l'insoluble" problème du poids de munitions, portées par un pinpin, ainsi que celui de son arme personnelle chargée, qui, compte-tenu de tout le barda qu'il trimbale, doit lui laisser suffisamment d'aisance pour se mouvoir sur le terrain, et, en parallèle, celui de la capacité d'arrêt du projectile, en fonction de son calibre et de son profil balistique.
Plus ou moins "
hors sujet":
En 1914, notre "pinpin" national était sensé effectuer un tir de salve à 1000 m, tandis que, sans parler des tireurs d'élite, eux, désormais, généralement, dotés d'une arme "sélectionnée" équipée d'une lunette, les utilisateurs pas trop manchots et expérimentés pouvaient, allègrement, dézinguer le "copain d'en face" à 500 m!
Au fil des conflits, notamment, la WW2, puis les engagements ultérieurs, Corée, etc., la distance pratique efficace, au combat, des tirs à l'épaule s'était avérée être de l'ordre de 400 m ou moins.
Dans un premier temps, la première génération de fusils d'assaut - Sturmgewehr 43/44 et AK-47 -, conçue pour le tir en rafale - en principe, réglé à trois coups par action sur la gâchette - avaient utilisé des munitions du même calibre que le fusil réglementaire, mais qui étaient dotées d'un douille raccourcie, contenant une charge propulsive moindre, afin de satisfaire à cette limite de distance d'emploi, sauf que le pouvoir d'arrêt de ces munitions "raccourcies" s'était, souvent, révélé être moindre que celui d'une "cartouche" standard de fusil!
L'adoption relativement récente de munitions d'un calibre inférieur à 6 mm, tel que le 5,56 (ou .223) × 45 mm OTAN, bref de la munition "22 long rifle" à usage militaire, avait exigé un nouveau dessin balistique des projectiles et une nouvelle conception, afin de leur assurer un pouvoir d'arrêt suffisant, le tout permettant au pinpin sur le terrain de disposer d'une arme efficace et, ainsi, pouvoir embarquer le maximum de munitions, sans pénaliser, pour autant, sa mobilité - l'intervention en tirailleur ayant, également, entre temps, remplacé le "tir en ligne" -.
"Bizarrement", la munition complète de 5,56 mm est légèrement plus longue que celle de 7,62 mm "raccourcie" de l'AK-47, mais elle dispose, ainsi, de par la puissance de sa charge propulsive, contenue dans la douille, d'une Vo supérieure de plus de +30%, vitesse destinée à offrir au projectile, le maximum de vitesse, donc de précision, et de pouvoir létal à la distance pratique de combat retenue. En fait, en tenant compte des conditions de combat, on a compensé grâce à la Vo et au "profil du projectile", la perte de pouvoir d'arrêt et de précision qui résultaient jusque là de la diminution de calibre!
En 1914, hormis le Lebel Modèle 1888 à magasin longitudinal et le fusil Berthier Modèle 1907/15, à dispositif "Mannlicher", lames-chargeurs de 3 puis 5 cartouches, tous deux au calibre de 8 mm, le parc de vieilleries, distribuées aux troupes "de l'arrière", était essentiellement constitué du fusil Gras "à répétition", même si la quantité produite du modèle 1886/93 n'est pas précisée.
Vu la "pingrerie" proverbiale de nos services d'intendance et l'insuffisance crasse du stock produit de MAS 36, au calibre de 7,5 mm, avec magasin de 6 cartouches type "Mauser" (plus une engagée dans la chambre), rapporté aux 5 millions de pinpins mobilisés, le fusil Gras et le Lebel avaient refait leur apparition en 1939 et été attribués aux troupes de l'arrière, aux unités de "forteresse" et de "type C"!