Manstein, mégalomane ? Surement pas! Mais compétent, çà, c'est sûr et en étant, lui-même, conscient, de par sa propre expérience militaire. Sa probable seule erreur commise avait probablement été de vouloir persévérer, à l'été 1943, dans l'élimination du Saillant de Kursk, se mettant, alors, en contradiction avec l'avis des autres généraux concernés. Dans cette affaire, Dodolf s'était, lui-même, plus ou moins fait forcer la main, car, au départ, il n'avait donner son feu vert que pour deux opérations plus limitées, les opérations
Habicht &
Panther; c'est Manstein qui l'avait finalement convaincu, le 15 avril 1943, de mener une action plus ambitieuse, l'opération
Zitadelle, censée être menée début mai.
En dehors du fait, que les préparatifs ayant pris un temps fou, le déclenchement avait été différé deux fois, l'une, fin mai, à cause de la météo, l'autre, courant juin, suite aux retards de production, qui avaient décalé d’autant la prise en main par les équipages, des nouveaux blindés -
Panther, Tiger, Ferdinand, Sturmpanzer-. Tiens, c'est marrant, mais qui était, alors, depuis février 1943, le "Patron" des
Panzertruppen... Guderian!
... Le même, qui avait, aussi, négocié, avec "Dodolf", un poste, en tant que
General Inspekteur de l'
Inspektorat 6 (Panzertruppen), qui le plaçait, ainsi, au même niveau hiérarchique, par rapport au
Führer, que les plus hautes autorités de la
Heer, de la
Kriegsmarine ou de la
Luftwaffe!
Depuis le mois d'avril, çà avait, également, viré en "eau de boudin", en Tunisie, puis, peu après, les Alliés avaient débarqué en Sicile, menaçant directement l'Italie, où çà puait, déjà, grave, du côté de la fiabilité de "l'Allié" italien. en plus, durant l'offensive
Zitadelle, çà avait sérieusement coincé sur l'aile Nord.
Le 13 juillet, au matin, A. Hitler avait convoqué Manstein (Aile Sud) & Kluge (Aile Nord), à son QG de Prusse-Orientale, pour leur signifier sa décision d’interrompre l’opération
Zitadelle. Les progressions étaient insuffisantes, la ligne de front allemande, qui avait reculé, autour d’Orel, était désormais sous la menace d’une offensive russe et les dernières informations communiquées par les
1. &
6.Armee signalaient d’inquiétants renforcements des Soviétiques, dans le bassin du Donets, partie méridionale du
Heeresgruppe Sud.
Le débarquement anglo-américain en Sicile, le 10 juillet, constituait un autre souci ; le
Führer n’ayant aucune confiance dans la combativité des Italiens, il était indispensable de transférer, dans les plus brefs délais, des troupes en Italie, dans les Balkans et constituer, rapidement, de nouvelles armées, ce qui impliquait de retirer des unités, sur le Front Est. Manstein, qui jugeait les russes à bout de souffle, persistait dans son idée d’un proche succès, sous réserve que la
9.Armee/Heeresgruppe Mitte poursuive sa progression ; Kluge, dont les troupes venaient de se casser les dents, deux jours de suite, sur les lignes russes, doutant d'y parvenir, s'était rallié à la décision d’Adolf Hitler ; Manstein s'était vu, cependant, accorder un peu de délai pour infliger, dans son secteur, une défaite partielle, mais suffisamment conséquente, aux russes, afin de réduire leur capacité de contre-attaque.
Le lendemain, 13 juillet, Hitler confiait à Model, le commandement des
II.Pz-Armee &
9.Armee, avec ordre de rétablir le front et d’en éliminer les pénétrations ennemies. Les espoirs de Manstein s’étaient, pour diverses raisons, avérés vains et, le 17 juillet, le
II. SS. Panzerkorps était retiré du front, en vue de son transfert en Italie, alors que, confirmant les craintes du
Führer, l’Armée Rouge (Fronts Sud-Ouest et Sud) passait à l’offensive, sur le flanc droit du
Heeresgruppe Sud.
Manstein n'avait pour autant pas démérité, mais les circonstances, à l'été 1943, n'étaient pas (ou plus) en sa faveur. Sinon, Guderian, avec sa formation et sa longue expérience avérée d'officier d'état-major, était largement plus à son aise, en tant
General Inspekteur de la
Panzerwaffe, que, sur le terrain, même, si, lui-même, n'a jamais pour autant démérité, en tant que commandant de corps d'armée. En gros, on pourrait résumer leurs compétences respectives, en considérant Manstein comme étant une " haute pointure terrain", et Guderian, comme un excellent "administrateur".