Un autre cas de criminel de guerre ayant échappé à la justice
Heinrich-Friedrich « Heinz » Reinefarth
Né le 26.12.1903 à Gnesen (Province de Posen)
Fils de magistrat. Pendant sa scolarité au Lycée de Cottbus il s’implique avec le Bataillon Franz, un corps franc de Cottbus (1920). Au terme de ses études de droit à Jena il passe le 1er Examen d’Etat de la Fonction Publique (Referendar Examen) et effectue son stage au Tribunal de Jena puis le Grand Examen d’Etat (Assessor Examen) validé par un stage à la Cour des Comptes de Prusse.
Il s’installe comme avocat en 1931 et exerce à Forst (1931) puis à Cottbus . Avant l’arrivée au pouvoir de Hitler, il défend des SA et SS devant les tribunaux.
Il rejoint le NSDAP en 1932 ( n° 1 268 933) et devient conseiller juridique et responsable de l’Association des juristes Nazis du Kreis de Cottbus jusqu’en 1942. Brièvement conseiller juridique de la SA Standarte 52 (Cottbus) depuis septembre 32, il passe à la SS en décembre 1932 à la demande de Kurt Daluege Chef du SS-Gruppe Ost pour services rendus à la SS et devient dès 1933 Conseiller juridique du SS-Abschnitt XII (Frankfurt a/Oder) avec le grade de Sturmführer (s/lt)
En 1934, il devient notaire à Cottbus
Il va devenir un membre influent de la Direction du Kameradschaftsbundes Deutscher Polizeibeamten, proche collaborateur de son Président le SS-Oberführer Luckner qui apprécie son travail. Daluege son mentor est alors devenu Chef de la Police en Uniforme de Prusse et deviendra en 1936 Chef de l’Ordnungspolizei pour le Reich.
Au sein de la SS où il est membre à temps partiel, il gravit régulièrement les échelons passant de Untersturmführer (s/ lt) (1934) au grade d’Obersturmführer ( lt) en 1935 puis d’Haupsturmführer (Cpt) en 1937.
Mobilisé en aout 1939 comme Feldwebel de réserve, il sert comme zugführer dans la 14. (Panzerjäger-) Kompanie du régiment d’infanterie 337 (208 Infanteriedivision). En Pologne il gagne la Croix de Fer de 2ème classe. Puis il participe à la campagne de France. Le 28 mai 1940, avec bravoure il va s’emparer de 4 batteries, 2 bataillons d’infanterie et une colonne de munitions soit 3 000 hommes dont 1 colonel au sud de Nieuport.
Son fait d’armes lui vaut d’être décoré de la Croix de Chevalier de la Croix de Fer le 25 juin 1940. Il est promu Leutnant der Reserve le 1 juillet 1940. C’est le premier membre de l’Allgemeine-SS à recevoir cette haute distinction. Une recommandation pour une promotion au grade de Sturmbannführer (Cdt) est validée avec effet après la guerre. Il participe au début des opérations sur le front de l’est jusqu’en décembre 1941 puis est libéré de ses obligations militaires.
Le 20 avril 1942 il est rattaché administrativement à l’Etat-major personnel de Himmler et est assigné au service de la Police en Uniforme (Ordnungspolizei) qui l’envoie en stage à la Police Municipale de Cottbus. Il va bénéficier d’une promotion éclair en étant promu avec date d’effet rétroactif le m^me jour Sturmbannführer (effet 20.4.39), Obersturmbannführer (effet 20.4.40), Standartenführer (effet 20.4.41), Oberführer (effet 30.1.42) et finalement SS-Brigadeführer et Generalmajor der Polizei.
Pourquoi ? parce qu’il est nommé Inspecteur Général de l’Administration auprès du nouveau Protecteur du Reich en Bohême Moravie Kurt Daluege qui vient de remplacer Heydrich assassiné par des résistants tchèques à Prague. Son rôle est de contrebalancer l’influence du SS-Gruppenführer Karl Herman Frank HSSPF et secrétaire d’Etat, adjoint et surtout rival de Daluege en Tchécoslovaquie.
En juin 1943, il quitte Prague pour devenir Chef du Département « Organisation, Personnel, police économique et police de la route » à la Direction administrative et Juridique de l’Ordnungspolizei à Berlin. Dès septembre il prend la tête du Service Juridique de la Direction Centrale de l’Ordnungspolizei.
En novembre 1943, il est envoyé à Cracovie (Gouvernement Général de Pologne) pour un stage en vue de prendre le poste de Chef Supérieur des SS et de la Police en Posnanie annexée à Posen, sa ville de naissance. En effet, le HSSPF local Berkelmann vient de mourir subitement. Il prend ses fonctions en décembre 1943.
A ce titre il devient adjoint du représentant du Commissaire du Reich à la Consolidation de la Race allemande et participe activement à l’expulsion du Warthegau vers le Gouvernement Général de Pologne de citoyens polonais en vue d’accélérer la germanisation du territoire annexé au Reich.
Le 3 juillet 1944, il est promu SS-Gruppenführer und Generalleutnant der Polizei (General de division).
D’aout à octobre 1944 , lors du soulèvement de l’Armée Secrète polonaise à Varsovie, il dirige sous les ordres de Von Dem Bach Zelewski chef des Unités antipartisans, un Kampfgruppe composé d’élément hétéroclites : le régiment disciplinaire SS Dirlewanger, 12 compagnies d’auxiliaires de police de Galicie, un bataillon de volontaires azerbaidjanais, d’un régiment de montagne, de volontaires SS musulmans du caucase. Son groupe de combat se distingue dans la répression : plus de 100 000 insurgés et civils sont tués durant les combats à Varsovie notamment dans le quartier de Wola.
Pour sa « conduite des opérations » qui lui vaudra le surnom de « bourreau de Varsovie », il reçoit la Croix de chevalier avec feuille de chênes (608e récipiendaire).
Il a été nommé Generalleutnant der Waffen-SS und Polizei le 16.11.1944 en effet ses compétences ont été élargies au contrôle des camps de prisonniers de guerre de son secteur . L’administration des Prisonniers de Guerre dépendent de Himmler depuis qu’il a été nommé Chef de l’Armée de l’Intérieur.
En décembre 44, il est nommé commandant du nouveau XVIII Corps d’armée SS (un corps mixte armée/waffen-SS° qui vient d’être crée sous les ordres du Cdt du Groupe d’Armee « Oberrhein » (Himmler) au sud de l’Allemagne.
Fin janvier 1945 il repart en Posnanie, il doit diriger un état-major de regroupement d’unités éparses SS à Frankfurt a/Oder. Il est désigné le 2 février 1945 comme Cdt de la Forteresse de Küstrin qu’il doit défendre coute que coute dans des combats retardateurs avec 11 000 soldats et 900 membres du Volksturm.
Finalement le 29 mars, après deux mois de combat, il décide avec un groupe d’un milliers d’hommes de rompre l’encerclement et de quitter Küstrin. Il est arrêté le 30 mars sur ordre de Hitler et envoyé à la prison militaire de Zinna près de Torgau. Il doit passer devant un tribunal de guerre mais finalement il n’est pas condamné. Il sera libéré le 1 mai 1945. Il est capturé par les américains à Krimml (Autriche) .
Entre 1945 et 1948 il va passer de camp en camp entre zone US et anglaise confronté à des demandes d’extraditions de la Pologne qui sont toutes refusées par le Bureau US des crimes de guerre. Il est libéré dans la zone britannique en 1948.
Il bénéficie d’une mesure de relaxe le 24 juin 1948.
Un cour de justice de Hambour prononce le 21 juin 1949 un acquittement.
La cour de dénazification de Flensburg l’acquitte en le classant dans la catégorie V (à libérer sans charge)
De 1950 à 1951 il reprend sa profession d’avocat.
Membre de la Direction des personnes déplacées pour le Land Schleswig Holstein, il s’implique en politique (Kreistag) et dans diverses associations économiques et culturelles du Land
En 1957, une coalition de partis le choisit pour être nommé Bürgermeister de Sylt la plus grande ile allemande de la mer du Nord pour une durée de douze ans
De 1957 à 1962 il est membre du Landtag du Schleswig Holstein
Il fait jusqu’en 1969 l’objet de nombreuses procédures, attaques via la presse, demandes de l’état polonais qui n’aboutiront pas. Il est mort le 7 mai 1979 à Westerland (Ile de Sylt).
(Sources : dossier personnel SS + Die General der Waffen-SS und der Polizei 1933 - 1945 Band 4)