Heinz Lammerding

Heinz Lammerding restera dans l'histoire comme le commandant de l'unité SS qui a commis le plus grand crime de guerre en France pendant la 2ème guerre mondiale.
Heinrich "Heinz" Bernhard Lammerding est né LE 27 août 1905 à Dortmund .
fils d'un architecte, il passe sa jeunesse à Dortmund. Après ses études au Gymnasium de Dortmund, il entreprend des études d'ingénieur dans le bâtiment à la Technische Hochschule de Munich en 1925. Le décès de son père en 1927 il doit interrompre ses études pour des raisons financières pour travailler dans l'administration municipale de Dortmund. Finalement il parachève son cycle d'étude et obtient le diplôme d'ingénieur en 1932.
A l'age de 22 ans (1931) il entre au parti nazi (722 395) et à la SA dont il devient chef d'escouade (Schar) de la SA-Standarte 92 (Braunschweig) En 1933 il est muté à la SA-Standarte 98 de Dortmund il devient chef de section dans une compagnie du génie.
Ingénieur en entreprise ainsi que dans les services techniques de Dortmund jusqu'en 1934.
A l'issue d'une période militaire dans le domaine de l'éducation Physique dans le corps du Génie, il obtient une qualification de Commandant de compagnie en janvier 1934.
A partir de mars 1934, il va devenir SA à plein temps comme Cdt adjoint de la SA-Pioniersportschule Höxter au sein de la nouvelle organisation de préparation militaire de la SA (Chef des Ausbildungswesens der SA ou AW) il est prom AW-Obersturmführer (Lt). Un mois plus tard il devient aide de camp de l'inspecteur du Sport du Génie (Pioniersport) de l'organisation AW.
En janvier 1935, l'organisation AW est dissoute 4 mois avant la création de la Wehrmacht et à réintroduction du service national.
Comme un certain nombre de cadres de l'AW, il passe à la SS militarisé (SS-Verfugungstruppen) (n° 247 062) qui se structure avec un grade équivalent de SS-Obersturmführer en avril 1935.
il devient chef de section dans la 1ère compagnie du SS-Pionier-Sturmbann en cours de formation à Leisnig.
En 1936, il suit un stage de commandant de compagnie à l'école du Génie de l'armée près de Zossen et il devient Cdt de la 1ère Cie du bataillon de Génie de la SS-VT.
Après plusieurs stages à l'école de lutte contre les gaz (Berlin), de sport militaire (Wunsdorf) et de commandant de compagnie expérimenté il est nommé adjoint du Cdt du Bataillon du Génie de la SS VT. (il est SS-HauptsturmfÜhrer depuis janvier 1937).
En 1939, Stage à l'école de guerre de Munich puis détachement à l'école d'officiers SS de Tolz comme instructeur tactique pour le génie.
il rejoint en octobre 1939, la Division SS "Totenkopf" en cours de formation comme 1er Cdt du bataillon du Génie avec une promotion comme SS-Sturmbannführer (Cdt).
Il participe à la campagne de France où il recoit l'Eiserne Kreuz de 2ème (mai 40) et 1ère classe (juin 40).
Le 28 novembre 1940, il est nommé Ia (premier officier d'état-major) de la Totenkopfdivision qui va servir de troupe d'occupation dans le secteur de Dax (juin 40 - mai 41) avant de partir dans le secteur de Demjansk en Russie) il occupera ce poste jusqu'en juin 1942.
il suit une formation pour officiers d'état-major au sein du Panzergruppe 3 en février 1941. Il est promu SS-Obersturmbannführer der Waffen-SS (Lt Col) en septembre 41.
il va diriger d'aout 42 à novembre 1942 le régiment d'infanterie motorisée "Thulé" puis de novembre 1942 à février 1943 il va cumuler ce commandement avec celui de Ia 1er officier d'état de la Panzer-Grenadier-Division "Totenkopf". Promu SS-Standartenführer (Col) le 30.01.1943
D'octobre 42 à janvier 1943, la division décimée à l'est est affectée pendant sa reconstitution à la défense cotière dans le secteur de Montpellier.
Le sinistre Cdt de la Division, Théodor Eicke créateur des unités de garde des camps de concentration et chef des KL jusqu'en 1939 est tombé en opérations en février 1943. Lammerding a été son principal collaborateur de plus de 2 ans. la division Totenkopf dirigée d'une main de fer va s'illustrer par son fanatisme en opération qui se traduire par de lourdes pertes.
lI va assurer en avril 1943, le commandement par intérim de la Division
Pour son conduite en opérations il recoit les deux plus haute distinctions militaires allemandes : la Ritterkreuz le 11 avril 1944 et la Deutsche Kreuz in Gold le 24 avril 1943

En mai 1943 il quitte la Totenkopf. Il est nommé Chef d'Etat-major du II SS-Panzerkorps de mai à juillet où il se forme à la direction d'état major d'un corps d'armée.
Tournant de carrière : de juillet 43 à novembre 1943 il est chef d'état auprès de Cdt des unités de Lutte contre les partisans à l'Est (Bandenkampfverbande) . Durant cette période va été conduite l'opération "Heinrich" (novembre 43) dans le secteur d'Osweja-Rossony-Idritza qui va se solder par 5442 morts et plus de 15 000 déportés comme travailleurs forcés (ostarbeiter) à l'Ouest.

De novembre à décembre 1943 il dirige le Kampfgruppe von Gottberg dans la lutte contre les partisans dans le secteur de Witebsk. Il est promu SS-Oberführer le 3.12.
Le 28 décembre il dirige le Kampfgruppe Lammerding constitué des restes de la 2 SS Panzerdivision Das Reich (soit un peu plus de 5000 hommes) jusqu'en avril 1944.
C'est alors qu'il est nommé Commandant de la 2 SS-Panzerdivision envoyé se reconstituer dans le secteur de Montauban et accède au rang de SS-Brigadeführer und Generalmajor der Waffen-SS (général de brigade) .
Le parcours sanglant de la Das Reich dans le Sud Ouest de la France est à l'image de son commandant, aguerri aux techniques de lutte contre les partisans à l'est.
Il est blessé le 26 juillet 1944 en Normandie.
il reprend son commandement du 24 novembre au 20 janvier 1945.
Lorsque Himmler est nommé Commandant du Groupe d'Armée Vistule il devient son chef d'état-major en janvier 1945.
En avril 1945 il va commander pendant un mois la dernière division créée de la Waffen SS la 38e SS "Niebelungen" à partir des élèves officiers et instructeurs de l'école SS de Tolz.
il est fait prisonnier par les britanniques.

La suite est connue.

Merci Georges pour cette bio dont la suite est également intéressante.
Est-ce pour autant le principal crime de guerre en France ? En un seul lieu et dans la même journée c’est certain mais le procès « vallée du Rabodeau » se situe au moins au même niveau. Ce qui ne relativise pas, au contraire : deux procès passés à coté des coupables …
JD

oui. Le parcours sanglant de la Das Reich dans le Sud Ouest est sans égal en France pour une seule et même unité : il est émaillé de nombreuses exactions contre la population civiles : hommes, femmes et enfants ont été tués dans au moins 6 départements :
- 8 juin Rouffillac /Carsac (Dordogne) 29 morts régiment Der Führer
- 9 juin 15e compagnie du régiment Der Führer tue 69 personnes dans la carrière de Gramagnat à Argenton sur Creuse (Indre)
- 9 juin Tulle (corrèze ) 99 pendus
- 10 juin Oradour (Haute Vienne) 642 morts (régiment Der Fûhrer)
- 11 juin Marsoulas (Hte Garonne) 32 morts Maères sur Sarlat 5 morts (régiment Deutschland)
- 11 juin Trébon/Pouzac/Bagnières de Bigorre (Haute Pyrénées) 57 morts (régiment Deutschland)

Et ici on ne parle pas des maisons isolées et villages incendiés, des exécutions sommaires (pendus, fusillés) et des maquisards tués dans des affrontements.

Cela ne minimise pas les autres crimes commis en France .
L'ouvrage de Peter Lieb recense sur 6 pages pas moins de 26 massacres commis contre des populations civiles au cours de l'année 1944.

Quel dommage que cet excellent ouvrage (pionnier ?) de Peter LIEB ne soit pas traduit en français !
JD

Bonjour,

Si je me souviens bien Lammerding n' a pas été condamné après la guerre
Est ce possible ???

[Prosper Vandenbroucke]

Bonjour Claude, oui c'est possible et il n'est pas le seul.
Heinz Lammerding est condamné à mort par contumace par un tribunal de Bordeaux pour les pendaisons de Tulle, le 9 juin 1944, et le massacre d'Oradour-sur-Glane, le 10 juin, il se cache à Wiesbaden sous le nom de Braune, puis s'établit sous son vrai nom à Düsseldorf comme entrepreneur. (Il était ingénieur de formation) Il meurt le 13 janvier 1971 à Bad-Tölz, en Bavière, sans jamais avoir été extradé vers la France, qui l'avait pourtant, réclamé à de nombreuses reprises, pendant des années.
Si ce n'est pas exact, on me corrigera.
Bien amicalement et bon dimanche
Prosper

L'Allemagne n'extrade pas ses ressortissants, comme tout le monde. Mais le procès aurait pu se tenir devant une cour allemande. Alors que ça se pratique aujourd'hui dans pas mal de pays civilisés, j'ignore pourquoi cette solution n'existait pas dans la toute nouvelle Allemagne Fédérale ?

(Crainte de preuves fabriquées, venant des Soviétiques ? En tous cas ils ont bien protégés leurs assassins...)

Lammerding a été prisonnier de guerre britannique.
libéré par les anglais, il s'installe sous le nom de "Braune" à Wiesbaden et jusqu'en janvier 1953 est chef ingénieur de la Baufirma Günter Wiederspan.
5.7.1951 il est jugé et condamné à mort par contumace par le Tribunal Militaire de Bordeaux pour le massacre de Tulle.
12.1.1953 - 13.2.1953 procès d'Oradour sur Glane à Bordeaux
1.1953 les français demandent aux anglais l'extradition de Lammerding qui vit dans leur zone d'occupation.
En janvier 1953 . Lammerding déménage en Bavière qui est zone d'occupation U.S.
26.2.1953 La haute commission britannique autorise les autorités judiciaires britanniques a délivrer un mandant d'arrêt contre Lammerding ... qui n'est plus dans leur zone d'occupation.
les zones d'occupation cesse d'exister entre 1954 et 1956 et la RFA et à la RDA ont pleine souveraineté et le droit de réarmer
Lammerding est alors doublement protégé par la souveraineté de l'Allemagne fédérale, qui interdit d'extrader ses nationaux par une interprétation de la Convention signée avec les Occidentaux qui fonde la justice allemande à refuser de se saisir d'affaires déjà jugées par les alliés.

De 1955 à 1970, il va diriger sa propre entreprise de construction Fa H.B. Lammerding à Düsseldorf.
en novembre 1970, il cède son entreprise à son fils et et part à Greiling dans l'arrondissement de Bad Tölz en Bavière
Il est mort d'un cancer le 13.1.1971 à l’hôpital municipal de Bad Tölz .
Un hasard ? A Bad Tölz se trouvait la SS-Junkerschule Tölz avec laquelle a été crée la division SS qu'il a dirigé brièvement en avril 1945.

[Dog Red]

Quels jeux d'influence sous-tendent cette complaisante partie "d'attrape moi si tu peux" ?

Amouroux racontait que des résistants l'appelaient au téléphone chez lui pour le menacer de représailles
Et il est mort chez lui
dans son lit