Jumbo a écrit:Le défaut de ravitaillement de l'armée de Patton ne vient elle pas en partie de la course engagée avec Monty plus au nord qui lui aussi avait grand besoin de carburant pour ses troupes? N'est-ce point Ike qui avait pris la décision de favoriser temporairement Monty au détriment de Patton au niveau des dotations en fuel?
Bonjour Jean,
Il y a 3 aspects aux contexte stratégique de septembre 1944 en France et Belgique :
1. les Alliés sont à la poursuite de la Wehrmacht en déroute, le principe en la matière est de presser l'ennemi afin de l'empêcher de reprendre son souffle et se rétablir. Mission traditionnelle de la cavalerie qu'un cavalier comme PATTON, justement, a dans le sang. Les autres chefs d'armée sont des fantassins, ce qui n'empêche pas BRADLEY de tenter une manoeuvre d'encerclement des fuyards avant leur rétablissement sur le canal Albert (bataille de Mons les 3-4 septembre) ;
2. le 31 août, Monty perd le commandement de toutes les forces terrestres au profit de Ike. On change de monture en pleine poursuite. Des conceptions s'opposent : front étroit chez les Anglais/front large chez les Américains. C'est une véritable crise de commandement au moment où les Allemands (passés maître dans l'art du repli stratégique depuis 1943) ont les idées très claires : courir jusqu'au Westwall et s'y rétablir grâce aux troupes fraîches qui sont en train d'y prendre place. Ike va choisir la stratégie de Monty (en partie pour le consoler de sa perte de commandement ???) au succès prometteur : franchissement du Rhin à Arnhem, conversion à l'est et au sud pour s'emparer de la Ruhr et excellente base de départ pour filer vers Berlin par le nord de l'Allemagne quand le plan de PATTON de traverser le Rhin dans la Forêt Noire puis de viser Frankfort traverse un terrain propice à la défense ;
3. le ravitaillement ne suit pas pour alimenter la poursuite de l'Escaut jusqu'à la Lorraine, à ça les Alliés ne peuvent rien. Après une progression au déboulé de 500km, une pause logistique est incontournable (au 2septembre, les pointes de la FUSA sont à court de carburant la frontière belge passée et PATTON va l'être lui aussi dans la région de Metz).
D'où les doutes suivants : en cavalier émérite, PATTON pousse-t'il la poursuite au plus loin, tant qu'il a de l'essence et conscient que celle-ci va cesser de suivre? Ou en intégriste de la Blitzkrieg pousse-t'il ses chars sans se soucier de la logistique? Je n'ai pas encore lu de référence claire sur la question. Dommage que Old Blood and Gutts soit mort avant de rédiger ses mémoires...