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Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 20 Sep 2013, 04:09
de François Delpla
Jumbo a écrit:Se débarrasser du grand manitou des autoroutes, au début, puis de l'AW, même si c'est un défaitiste peut paraitre "cher payé". Tu le mutes sur le front de l'est en esperant une balle balle perdue ou un obus fou...



c'est ici que la folie de Hitler offre une clé : Todt a rendu des services immenses, a été l'un des Allemands qui ont le mieux confirmé Hitler dans sa "mission". Le voir défaitiste, et de près (il passe peu avant sa mort de longues heures avec Hitler) doit faire à peu près le même effet que, à Dieu, la conversion de Lucifer en Satan.

Speer, au contraire, est un ange docile... et le restera (malgré tous les détails que, ayant sans doute tardivement compris le côté malsain de son enrôlement, il donne dans ses mémoires sur ses prétendues révoltes).

En d'autres termes, la vague de défaitisme qui déferle sur les élites allemandes devant les désastres militaires et diplomatiques de la fin 41 (et qui est d'ailleurs trop peu étudiée), vague à laquelle Hitler, pas bête, s'abandonnerait bien lui-même, entraîne un surcroît de dureté, d'appel à la volonté, de spéculation sur la foi qui sauve et de repli sur tout ce que l'Allemagne compte de techniciens politiquement sous-développés.

Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 20 Sep 2013, 04:44
de François Delpla
JARDIN DAVID a écrit:Non, pas de la roupie de SS.
En plus je trouve l'argumentation tout à fait logique. Mais je me méfie de la logique. Un peu de précautions et le conditionnel ne font feraient pas de mal !


Gaffe, JD ! Le doute est hygiénique, mais la prudence peut être la pire des imprudences, quand elle t'amène à décréter inexistant ce qu'on veut te cacher.

Entre le spéculateur trop aventureux et le mouton trop docile, la marge est étroite et pourtant l'historien digne de ce nom y chemine.

Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 20 Sep 2013, 06:54
de JARDIN DAVID
Tout à fait d'accord ! Alors, vu que :
François Delpla a écrit:de la fin 41 (et qui est d'ailleurs trop peu étudiée),
.... au travail !
Manque d'organisation ? Ce serait un comble ici. :mrgreen:
JD

Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 20 Sep 2013, 18:47
de Jumbo
François à ta connaissance, après tes nombreuses recherches dans les archives de tout bords, Todt est mort à cause d'une panne banale ou d'une panne savamment programmée? ::dubitatif::

Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 20 Sep 2013, 19:02
de ulysse57
Ce qui est interressant c'est de comparer deux photos des obsèques de Todt et de Rommel :




Celle de Todt.

Image


celle de Rommel.

Image


Je trouve étonnant de voir que la dépouille d'un civil ( tout ministre du Reich qu'il fut ) soit considérée comme celle d'un militaire , avec tout le faste corollaire.

Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 21 Sep 2013, 08:52
de François Delpla
Jumbo a écrit:François à ta connaissance, après tes nombreuses recherches dans les archives de tout bords, Todt est mort à cause d'une panne banale ou d'une panne savamment programmée? ::dubitatif::


Je rappelle ce que j'écrivais dans mon livre :
C'est Baur qui dirige la lutte contre l'incendie et que Hitler charge, sitôt qu'il est informé, d'une enquête. La fouille des débris n'a permis aucune conclusion lorsqu'arrive une explication exotique : l'avion de Todt n'était pas l'avion de Todt ; celui-ci, un Heinkel 111, était en réparation à Paris, et l'armée lui en avait fourni un autre ; or les avions militaires étaient équipés d'un système d'autodestruction, pour le cas où ils seraient contraints d'atterrir en territoire ennemi. Et Baur, comme un juge d'instruction au vu d'un rapport policier bien ficelé, voit soudain la scène comme s'il avait été présent : Todt avait l'habitude de voyager à l'avant, sur le siège du radio. En prenant la place de celui-ci peu après le décollage, il avait par mégarde actionné le mécanisme de destruction, avec une boucle de ses bottes (sic). Mais la mise à feu prenait quelques minutes, pendant lesquelles une odeur de brûlé se répandait. Du coup, le pilote avait tenté, un peu tard, de rebrousser chemin .
Ce qui ressort clairement de ce récit, c'est que l'accident et l'enquête se sont produits dans l'entourage immédiat du Führer, là où grouillaient les SS et les créatures prêtes, sans le moindre état d'âme, à des besognes aussi basses que confidentielles. Baur réagit comme beaucoup de nazis naïfs, qui prêtent la main à des comédies tellement énormes qu'elles anesthésient, même des années plus tard, leurs facultés cérébrales, par peur d'une vérité trop accablante.


Depuis, j'ai découvert que Baur avait fait un coup pendable dans l'automne 40 : il avait fait "savoir" aux Anglais qu'il était fatigué de la guerre et n'attendait qu'une occasion pour leur livrer Hitler en personne, sur un aérodrome nommément désigné; il faudrait y tenir une équipe prête pour empêcher l'avion de repartir, ce que Hitler ne manquerait pas d'ordonner dès qu'il comprendrait la situation. Les Anglais ont si bien marché qu'ils ont maintenu le dispositif encore quelques semaines après la venue de Hess (l'intox avait peut-être pour but de permettre d'observer leurs préparatifs).

L'histoire du système d'autodestruction est débile, et les spécialistes pourront sans doute le confirmer : un tel système était probablement accessible au pilote seul, et complètement hors de portée des passagers. Donc Baur ment, et grossièrement, dans son rapport (et dans son livre). Mais il peut difficilement inventer le retour de l'avion vers la piste après quelques minutes, et la flamme qui s'en échappe... et peut avoir bien des causes. Mais pourquoi mentir si la cause est bêtement mécanique ?

Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 01 Oct 2013, 00:31
de CHEVALIER
François Delpla a écrit:Depuis, j'ai découvert que Baur avait fait un coup pendable dans l'automne 40 : il avait fait "savoir" aux Anglais qu'il était fatigué de la guerre et n'attendait qu'une occasion pour leur livrer Hitler en personne, sur un aérodrome nommément désigné; il faudrait y tenir une équipe prête pour empêcher l'avion de repartir, ce que Hitler ne manquerait pas d'ordonner dès qu'il comprendrait la situation. Les Anglais ont si bien marché qu'ils ont maintenu le dispositif encore quelques semaines après la venue de Hess (l'intox avait peut-être pour but de permettre d'observer leurs préparatifs).

L'histoire du système d'autodestruction est débile, et les spécialistes pourront sans doute le confirmer : un tel système était probablement accessible au pilote seul, et complètement hors de portée des passagers. Donc Baur ment, et grossièrement, dans son rapport (et dans son livre). Mais il peut difficilement inventer le retour de l'avion vers la piste après quelques minutes, et la flamme qui s'en échappe... et peut avoir bien des causes. Mais pourquoi mentir si la cause est bêtement mécanique ?

Petit HS mais d'où tenez vous cette histoire avec Hans Baur histoire qu'on se renseigne plus en avant ? C'est que c'est quand même énorme, et on aurait du mal - si c'est vrai - à ne pas y voir un coup monté.

Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 01 Oct 2013, 08:42
de François Delpla
c'est dans mon Churchill et Hitler, Tempus 2013, p. 729, n 12.

La cote d'archives, à Kew, est AIR 16/619.

Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 02 Oct 2013, 06:51
de François Delpla
ulysse57 a écrit:
Je trouve étonnant de voir que la dépouille d'un civil ( tout ministre du Reich qu'il fut ) soit considérée comme celle d'un militaire , avec tout le faste corollaire.


Remarque à creuser : cela renvoie sans doute au fait que la distinction entre le civil et le militaire n'existe pas pour le nazisme, tout étant lutte et la Volksgemeinschaft unie en celle-ci.

Re: La mort de Fritz Todt

Nouveau messagePosté: 03 Oct 2013, 01:10
de dynamo
Est ce que l'on sait si un Canaris ou un Himmler avait un dossier sur Todt ?
(méthode classique dans le Reich)