Jumbo a écrit:François à ta connaissance, après tes nombreuses recherches dans les archives de tout bords, Todt est mort à cause d'une panne banale ou d'une panne savamment programmée?
Je rappelle ce que j'écrivais dans mon livre :
C'est Baur qui dirige la lutte contre l'incendie et que Hitler charge, sitôt qu'il est informé, d'une enquête. La fouille des débris n'a permis aucune conclusion lorsqu'arrive une explication exotique : l'avion de Todt n'était pas l'avion de Todt ; celui-ci, un Heinkel 111, était en réparation à Paris, et l'armée lui en avait fourni un autre ; or les avions militaires étaient équipés d'un système d'autodestruction, pour le cas où ils seraient contraints d'atterrir en territoire ennemi. Et Baur, comme un juge d'instruction au vu d'un rapport policier bien ficelé, voit soudain la scène comme s'il avait été présent : Todt avait l'habitude de voyager à l'avant, sur le siège du radio. En prenant la place de celui-ci peu après le décollage, il avait par mégarde actionné le mécanisme de destruction, avec une boucle de ses bottes (sic). Mais la mise à feu prenait quelques minutes, pendant lesquelles une odeur de brûlé se répandait. Du coup, le pilote avait tenté, un peu tard, de rebrousser chemin .
Ce qui ressort clairement de ce récit, c'est que l'accident et l'enquête se sont produits dans l'entourage immédiat du Führer, là où grouillaient les SS et les créatures prêtes, sans le moindre état d'âme, à des besognes aussi basses que confidentielles. Baur réagit comme beaucoup de nazis naïfs, qui prêtent la main à des comédies tellement énormes qu'elles anesthésient, même des années plus tard, leurs facultés cérébrales, par peur d'une vérité trop accablante.
Depuis, j'ai découvert que Baur avait fait un coup pendable dans l'automne 40 : il avait fait "savoir" aux Anglais qu'il était fatigué de la guerre et n'attendait qu'une occasion pour leur livrer Hitler en personne, sur un aérodrome nommément désigné; il faudrait y tenir une équipe prête pour empêcher l'avion de repartir, ce que Hitler ne manquerait pas d'ordonner dès qu'il comprendrait la situation. Les Anglais ont si bien marché qu'ils ont maintenu le dispositif encore quelques semaines après la venue de Hess (l'intox avait peut-être pour but de permettre d'observer leurs préparatifs).
L'histoire du système d'autodestruction est débile, et les spécialistes pourront sans doute le confirmer : un tel système était probablement accessible au pilote seul, et complètement hors de portée des passagers. Donc Baur ment, et grossièrement, dans son rapport (et dans son livre). Mais il peut difficilement inventer le retour de l'avion vers la piste après quelques minutes, et la flamme qui s'en échappe... et peut avoir bien des causes. Mais pourquoi mentir si la cause est bêtement mécanique ?