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Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 19 Sep 2010, 05:16
de Daniel Laurent
Bonjour,
Aldebert a écrit:Femme dotée d'une très grande intelligence, qui a été soupçonnées d'être un agent des services de renseignements allemands et qui a toujours su tirer son épingle du jeu

Henri Frenay etait persuade qu'elle etait bien un agent de la Gestapo :
Il ne faut pas tourner autour du pot : la culpabilité d’Hardy est certaine pour l’historien, sinon pour les juges de l’époque. Et il lui appartient également de rechercher pourquoi les juges ont refusé l’évidence. La seule chose qui ait vraiment pesé, pour sauver Hardy, ce sont les attestations de Frenay et de Bénouville, dont on peut cependant relever que, s’ils se sont démenés lors du premier procès, il ont lâché Hardy au moment du second, sans pour autant se muer en accusateurs. Lorsque la localisation de Barbie en Bolivie au début des années 1970 a relancé l’affaire, ils se sont montrés très circonspects. Ainsi Frenay, dans La nuit finira, en 1973, réduit rétrospectivement son aide au minimum : il a défendu en Hardy "l’honneur de la Résistance", estimant qu’il n’y avait pas de "preuves accablantes" ; cependant, il s’étend sur les airs louches qu’avait Hardy pendant les brèves semaines de sa première libération, et sur le soupçon qu’il avait conçu, lui Frenay, et asséné en 1946 à l’intéressée, que Lydie Bastien, la compagne d’Hardy, était, elle, un agent de la Gestapo, et ce avant même de le connaître.

Francois Delpla, Aubrac, les faits et la calomnie, le Temps des Cerises, 1997, chapitre 4.
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=171

Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 28 Sep 2010, 23:17
de Aldebert
bonsoir,


Le parcours de Lydie Bastien est rocambolesque voire incroyable. Cette femmes qui avait ses "entrées" partout dans le monde politique pendant la guerre ( Vichy) alors qu'elle n'avait que 20 ans et ce, jusqu'à la fin de sa vie sous différentes présidences. Elle s'affichait avec des responsables des services secrets allemands sous l'occupation, et était la maitresse de l'un d'eux. ..et d'autres. Elle est compromise dans l'affaire Jean Moulin à Caluire. Elle n'a jamais été inquiétée, troublant!
Après la guerre elle part en Inde puis les USA, elle crée une fondation, fréquente des hautes personnalités, des artistes, que du beau monde. Elle a pignon sur rue à Paris. Dès qu'elle a un souci elle fait appel a ses amis du gouvernement français du moment. Elle gagne beaucoup d'argent en trafiquant. Comment expliquer pourquoi tout cela ait pu se passer aussi naturellement.??
Cordialement
Albert

Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 06 Mai 2011, 11:50
de fbonnus
Bonjour,

Pour votre information, un article sur Jean Moulin est présent dans le Numéro 71 d'Histomag'44, en page 43.
ici => portailv2/download/download-80+histomag-44-no-71-mai-juin-2011.php

Bien à Vous.

Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 07 Mai 2011, 05:12
de Daniel Laurent
Bonjour,
fbonnus a écrit:Pour votre information, un article sur Jean Moulin est présent dans le Numéro 71 d'Histomag'44, en page 43.

Article qui est signe par un certain Frédéric Bonnus.
:cheers:

Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 10 Mai 2011, 16:20
de huck
Une petite question (sérieuse) : Est-ce que quelqu'un a lu le livre de Pierre Péan, La Diabolique de Caluire ou il est question de Lydie Bastien?
Une petite remarque (pas sérieuse) : François Delpla ayant publié au "Temps des cerises", serait-il un dangereux rouge, le couteau entre les dents, voire pire, aurait-il été l'amant d'Annie Lacroix-Riz? :mrgreen: :arrow:

Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 10 Mai 2011, 20:04
de Aldebert
huck a écrit:Une petite question (sérieuse) : Est-ce que quelqu'un a lu le livre de Pierre Péan, La Diabolique de Caluire ou il est question de Lydie Bastien?

Oui! J'ai lu et je reste sur ma faim et ma colère :twisted:
Je pense que tu as aussi lu le livre puisque tu en parles.!!! ;) Comment cette femmes à t-elle pu traverser cette page de l'histoire sans encombre eu égard à son rôle plus que suspect voire coupable sous l'occupation. Avait-elle dans sa manche des cartes qui lui permettaient de faire chanter, donc de faire taire, des hauts représentants de la IVe République. Comment se fait-il que le Général ait accepté d'ignorer les coupables actions, s'il les a jamais ignorées, de la "diabolique". Quelqu'un a t-il une information sur ce sujet.
Cordialement
Albert

Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 03 Fév 2012, 22:42
de valdraït
J'ai entendu parler de Jean Moulin dans une émission qui parlait surtout de Barbie. C'est une homme qui a vraiment attiré mon attention! Son courage face aux nazis et à la torture a été remarquable. La résistance est pour moi vraiment quelque chose d'important dans la guerre et représente le courage des hommes. Merci pour cette biographie!

Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 06 Fév 2012, 22:07
de Barbu
Bonsoir. Petit complément: Jean Moulin était conseillé de Pierre Cot, ministre de l'air du gouvernement de Front Populaire. La relation entre les deux hommes était une relation de franche amitié, et c'est Jean Moulin qui va déconseiller à Pierre Cot de faire parti du gouvernement Daladier en 1938. Ils étaient tous les deux membres du Parti Radical, et appartenaient tous deux à la frange de gauche du dit parti. Ils avaient la même vision de l'impératif de l'alliance franco-soviétique, mais on sait ce qu'il en advint (c'est pour ça que P. Cot fut appelé par Reynaud pour la mission avortée d'achat d'avions à l'URSS en mai 1940).
Pour l'arrestation de Caluire, le fait qu'ils ne soient pas armés pouvait accréditer la thèse auprés des allemands de simples client du docteur Dugoujon, à condition qu'il ne s'agisse que d'un simple controle, ce qui n'était pas le cas: la gestapo agissait là sur renseignements précis... Amitiés. Bernard

Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 05 Avr 2012, 15:08
de spiderlee
Je vous invite à lire le livre de Daniel Cordier "Alias Caracala", il fût le secrétaire particulier de Jean Moulin et une grande partie du livre raconte leur relation au quotidien dans la clandestinité à Lyon.

Re: Jean MOULIN

Nouveau messagePosté: 04 Sep 2012, 18:14
de beruge
Rien n'est simple dans les affaires de Résistance, ni en France ni ailleurs.
Lorsque Jean Moulin est capturé,avec d'autres chefs de la Résistance, à Caluire le 20 juin 1943,René Hardy parvient seul à s'échapper.

Cet homme est un authentique héros de la Résistance.
Sous le pseudonyme de "Didot", il organise depuis un an les sabotages dans les chemins de fer et appartient à la direction de l'Armée secrète.
Il a le tort d'être anticommuniste.
C'est par hasard qu'il a été arrêté, le 7 juin, à la gare de Châlon-sur-Saône et relâché dans la nuit du 10 au 11, soit six semaines avant la réunion où Moulin a convoqué un nombre ahurissant de chefs de la Résistance : malgré toute la sympathie que l'on éprouve pour le personnage qu'il est devenu à partir de 1940 (rompant avec un
comportement antérieur nettement plus discutable de carrièriste cryptocommuniste), on est bien obligé d'y voir une manifestation d'amateurisme.

Quelques heures après avoir relâché Hardy, le chef de la Sipo de Lyon apprend d'un traître qu'il a laissé filer le célèbre " Didot". Jusqu'à sa mort, K.Barbie vouera une haine inexpiable à l'homme qui l'a ridiculisé, réussissant à lui faire croire qu'il n'était qu'un inoffensif voyageur.
C'est Klaus Barbie qui est à l'origine du bobard faisant de "Didot"-Hardy un traître ayant vendu ses camarades.

Ce bobard arrange bien des gens.

Les communistes d'abord, qui tolèrent mal un chef de cheminots anticommuniste ; les résistants qui ont craqué sous la torture et ceux qui cherchent un bouc émissaire pour endosser la responsabilité des conséquences de leurs sottises, car en 1943, l'antenne française de la Sipo décapite la Résistance métropolitaine, mal organisée,
victime des imprudences multiples de ses chefs (il n'est même pas besoin d'envisager de cyniques dénonciations de concurrents,l'amateurisme suffit à expliquer la catastrophe).

Certes, le 12 juin 1943,les hommes de Barbie parviennent à reprendre Hardy : Barbie le relâche à condition qu'il le tienne informé de la date prévue pour le débarquement allié à l'ouest (Hardy lui a très habilement fait croire qu'il en serait informé, en tant que chef du " sabotage-rail ", ce qui est une absurdité que gobe le SS, peu intelligent).

Le 16 juin, Hardy reconnaît devant un camarade de Résistance, Léon Damas, qu'il est personnellement brûlé et probablement filé.
Le 19 juin, Barbie apprend le site (Caluire,sans en connaître le lieu exact) et la date de la réunion où le "délégué du général de Gaule",un certain "Max", doit rencontrer divers chefs de la Résistance.
Il a été prouvé que "Didot"-Hardy ignorait la ville s'il connaissait la date de la réunion.
En fait, Barbie fait filer un autre participant, Henri Aubry, un homme fort imprudent, dépressif (ce qui lui occasionne des troubles de la mémoire), peut-être " retourné " par le Sipo (il sera catalogué "Hosenträger" par les Allemands,après son arrestation du 21 juin, ce qui dans l'argot de la Sipo correspond au "mouton" de la police française.
Le 21 juin, blessé par balle à l'avant-bras gauche,Hardy parvient à s'enfuir,puis est arrêté par la police française ; les comptes-rendus d'interrogatoire prouvent que Hardy ne dénonce aucun de ses camarades.
D'une manière générale,aucun des résistants connus de "Didot"-Hardy ne sera arrêté dans les suites immédiates de ses deux arrestations par les Allemands et de son arrestation par la police française.

Il sera jugé à deux reprises,en 1947 et en 1950 dans une ambiance de lynchage médiatique.
En 1947, il est acquitté.
En 1950, il est condamné pour "complicité avec l'ennemi" sur l'unique témoignage d'une femme ayant travaillé à la fois pour la Résistance et pour la Sipo (et qui avait,de ce fait,beaucoup de choses à se faire pardonner).

N'en déplaise à une foule d'auteurs haineux, l'étude précise de l'affaire permet de penser que cet authentique héros a été volontairement sali par divers membres de la Résistance et par Barbie, qu'Hardy avait ridiculisé par deux fois.