Merci à tous pour ce passionnant numéro !
Juste une courte réaction en lisant quelques lignes de l’article de Dan sur les PG du saillant, avant de pouvoir l’apprécier à tête reposée : le "Carnets secrets du général Patton" par Boris Laurent en 2013 reprend une version tronquée des-dits carnets, celle de Martin Blumenson “The Patton Papers 1940-1945” parue en 1957.
Sa version mentionne "The 11 th Armored is very green and took the necessary losses to no effect. There were also some unfortunate incidents in the shooting of prisoners. I hope we can conceal this…" .
En réalité, l'original des carnets, consulté à la Library of Congress par le journaliste reporter Chris Harland-Dunaway, mentionne "the division is very green and took unnecessary losses to no effect.
Also murdered 50 odd German men. I hope we can conceal this’’.
Ce que l’on peut constater ici :
Image 110 of George S. Patton Papers: Diaries, 1910-1945; Original; 1944, Oct. 3-1945, Feb. 5 | Library of CongressÀ noter que Chris a montré ce document à Roger Marquet en 2018. On entend la réaction de Roger dans ce podcast, vers 29:08 :
Take No Prisoners (rebroadcast) | Reveal | WNYCOn a là un cas typique de vainqueur qui (ré)écrit l'histoire. Blumenson était historien de l'US Army.
PS : en anticipation, je précise que je ne cherche à discréditer aucun combattant, ni à en excuser d'autres qui ont été condamnés.
Sans conteste "c'est la guerre", et "pas de quartier" ou "take no prisonners" est un ordre séculaire, en outre certaines situations tactiques ne permettent pas de gérer des prisonniers sans mettre la mission en péril.
Cela étant établi, ça n'empêche pas qu'avec notre recul et notre accès aux informations, on a l'opportunité de poser un regard plus nuancé sur des événements dont la mémoire a souvent été instrumentalisée pour répondre aux besoins de l'époque. D'où l'importance que les archives soient ouvertes aux citoyens et rendues matériellement accessibles au plus grand nombre.
Notons aussi que le document original apparaît dans les versions
anglohpone et
germanophone de l'article sur Wikipedia à propos du massacre de Chenogne, mais pas dans la
version francophone. Comme quoi, la mémoire est aussi affaire d'implication et d'intérêt de notre part, il reste des choses à écrire, en français tout du moins.