Bonjour à toutes et à tous,
En vue de notre prochaine soirée débats, voici un petit préambule d’introduction…
Nous l’avons abordé le mois dernier, le plan de bataille allié en 1939-1940 comportait des erreurs et nous n’en connaissons que trop bien les conséquences aujourd’hui encore. Et comme le rappelait François Bédarida en novembre 2000 lors du colloque consacré à la Campagne de 1940, les conséquences de ce que l’on appelle la « Bataille de France » restent encore à vif dans la mémoire nationale. Six semaines haletantes et tragiques, six semaines sanglantes, au coût humain extrêmement élevé – très supérieur à celui de l’adversaire. Six semaines entraînant l’exode, d’une extrémité à l’autre du territoire, d’une large proportion de la population française. Ceux qui ont vécu ce temps se souviennent encore de l’indicatif sonore précédant à la radio les informations,
« la marche des rois », résonnant indéfiniment dans le vide, sans doute parce que le speaker attendait encore que la dernière main fût mise au bulletin des mauvaises nouvelles. Le tout se terminant le 17 juin par la voix chevrotante du maréchal Pétain annonçant qu’il fallait cesser le combat.
Le 10 mai tout avait pourtant commencé sur des accents victorieux et l’armée française avait pénétré en Belgique persuadée de pouvoir y contenir le principal effort allemand aux cotés des belges et des britanniques. Malgré les efforts des DLM, notamment à la bataille d’Hannut, la première bataille de chars de la Seconde Guerre Mondiale, malgré les combats de Gembloux, l’effondrement allait commencer alors même que l’attaque principale de l’armée allemande se portait ailleurs. En effet là où personne ne les attendait, là où tout le monde pensait que toute progression étaient ardue voire impossible, les Panzers allaient non sans mal porter un coup de faucille décisif au cœur du dispositif français. La percée de Sedan, la bataille de Stonne allaient montrer toute la supériorité tactique de l’armée allemande face aux troupes et aux blindés français malgré la vaillance de ces derniers mais aussi le sacrifice de l’armée de l’air pour les stopper. Après la rupture du front c’est la course à la mer qui prit de vitesse les alliés, et malgré les tentatives de contre-attaque d’Arras, de Montcornet ou encore d’Abbeville, la défaite se profilait tout comme l’encerclement des armées du Nord essayant bientôt, tant bien que mal, d’embarquer à Dunkerque jusqu’au 4 juin. Où étaient donc les réserves stratégiques de ce qui était considérée comme la 1ère armée du monde ? Où était l’armée qui dans la tradition populaire, de 1870 à 1914, allait sortir du cœur de la France pour redresser la situation ? La ligne Maginot allait bientôt se fendiller et l’on ne pouvait que constater l’imprudence du haut commandement d’avoir déployé son dispositif sans de réelles troupes en réserve, se montrant incapable d’endiguer l’invasion. Avions-nous affaire à une guerre mal préparée ? De nombreux récits mentionnent l’économie des munitions dès le début de la guerre, quelles sont les raisons de cette situation ? Le pacifisme de la démocratie française l’avait-elle conduit inconsciemment à accepter de perdre cette guerre ? Toutes ces questions se posaient déjà depuis le début de la guerre et sa dure réalité ne faisait que confirmer ces inquiétudes, bien trop tard pour y remédier.
L’armée allemande redéployée sur la Somme après la réduction de la poche de Dunkerque allait mener à un nouvel affrontement. Le général Gamelin limogé, c’est Weygand qui devait essayer de sauver la situation. Ce qu’il reste de l’armée française est reconstitué, réarmé avec les stocks disponibles, l’on fait feu de tout bois parfois même avec des régiments peu ou pas armés, rien que pour tenir la ligne de front avant le prochain assaut de la Wehrmacht qui pénètre déjà au cœur de la Champagne. Quelle furent les réelles capacités de résistance des hérissons de Weygand ? La poursuite de la guerre hors de métropole, que certains commençaient à évoquer, était-elle encore possible ? Début juin les pertes de l’armée allaient toujours croissant tandis que les flots d’unités en retraite se confondaient avec les flots de civils sur les routes. Oui l’été 1940, pour les Français des départements du nord qui n’ont pas bien compris cette guerre qui arrivait soudainement dans leur village, ce fut avant tout l’exode, le départ vers les départements désignés pour leur évacuation et le cheminement vers l’inconnu. Le 10 juin l’Italie rejoint le conflit mais se heurte bientôt à la ténacité des bataillons alpins. Le 14 juin comme un coup de tonnerre c’est la chute de Paris et l’avance toujours plus profonde et irrésistible des troupes allemandes qui ne finit pas d’abattre le moral de chacun. Bientôt une nouvelle ligne de défense, éphémère, est établie sur la Loire. Quelques unités hâtivement reconstituées à partir de troupes de retour de Dunkerque, des dépôts mais aussi des écoles dont Saumur, résistent quelques jours pour que le terme de « Combats pour l’honneur » prenne tout son sens dans leur sacrifice. Sur les arrières de la ligne Maginot et en Bourgogne, ce qu’il reste de l’armée française combat également pied à pied vers le sud pour éviter la capture jusqu’à ce qu’un armistice devenu inéluctable achève sa saignée.
Bibliographie :- ARBARETIER Vincent
L'Ecole de la guerre : Sedan 1940, Economica, Paris, 2011.
- RAGACHE Gilles,
La fin de la campagne de France : les combats oubliés des armées du centre, 15 juin - 25 juin 1940, Economica, Paris, 2010.
- BELLE Jacques,
Il fallait rester en Belgique le 15 mai 1940, Economica, Paris, 2007.
- BELLE Jacques,
Le 16 juin 1940 : non à l'armistice !, Economica, Paris, 2007.
- LE MOAL Frédéric, SCHIAVON Max,
Juin 1940, la guerre des Alpes : enjeux et stratégies, Economica, paris, 2010.
- LEVISSE-TOUZE Christine (sous la dir. de),
La campagne de 1940, Colloque, Tallandier, Paris, 2001.
- RICHARDOT Jean-Pierre,
100 000 morts oubliés : les 47 jours et 47 nuits de la bataille de France, Le Cherche midi, Paris, 2009.
- LORMIER Dominique,
Comme des Lions : mai-juin 1940, l’héroïque sacrifice de l’armée française, Calmann-Lévy, Paris, 2009.
- FACON Patrick,
L'armée de l'air dans la tourmente : La bataille de France 1939-1940, Economica, Paris, 2005.
-:-:-:-:-:-Soyez nombreux à nous rejoindre afin de participer aux débats aux sujets de :
- L'Armée Française face à la Blitzkrieg, Sedan,
- La course à la mer, Dunkerque,
- La résistance de la Ligne Maginot, la "Ligne" dans les Alpes,
- La défense de Paris, la défense sur la Loire, les combats pour l’honneur, etc.
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