Post Numéro: 57 de norodom 24 Sep 2011, 17:37
Bonjour,
Tout au long de cette première soirée de débat sur "l'invasion de la Pologne", chacun a bien convenu que les évènements militaires se sont déroulés rapidement... quelques uns ont émis des idées sur ce qu'il eût été convenu de faire... ce que la Pologne aurait dû, ou aurait pu prévoir...
Evidemment, par un beau soir de septembre 2011... quoi de plus simple?
Mais en septembre 1939... que pouvait-on prévoir? et quelle parade pouvait être préparée à temps?
Alors, pour éclairer les esprits il m'apparaît bon de rappeler la situation particulière de la Pologne et le comparatif des forces en présence.
Bien avant leur invasion et surtout lorsque les Allemands annexèrent la Tchécoslovaquie, et à fortiori lors de la signature du pacte germano-soviétique, les Polonais étaient conscients du danger qui les menaçaient. Le plan de modernisation de leur armée était contrarié car tout avis de mobilisation pouvait servir de prétexte à une agression allemande. Les trois quarts des forces engagées devaient se présenter dans un délai de trois jours à leur centre de regroupement, par appel individuel. Les autres étaient convoqués par voie d'affiches.
En temps de paix, l'armée polonaise comprenait 30 divisions d'infanterie, 12 brigades de cavalerie, 2 brigades motorisées et des unités du génie, d'artillerie lourde, de chars et de transmissions.
L'aviation, qui était rattachée à l'armée, comptait 150 avions de chasse, 120 bombardiers légers, 36 bombardiers lourds et 84 avions de liaison.
La marine comptait 4 destroyers, 5 sous-marins, 2 cannonières, 1 mouilleur et 6 dragueurs de mines.
S'ajoutait à celà les corps de défense de la frontière orientale (KOP).
Les effectifs en hommes étaient de 370 000 actifs et 2 800 000 réservistes.
Le plan de modernisation prévoyait de porter l'infanterie de 30 à 39 divisions, de renforcer quelques unités et de structurer la force aérienne en une brigade de bombardiers et une brigade de chasseurs.
Qu'en était-il à la veille de la guerre ?
Un cinquième seulement du plan de modernisation était achevé...
L'armée de l'air disposait de 400 avions dont 36 seulement en parfait état.
La force motorisée comprenait 225 chars légers modernes et 88 chars vétustes, 534 véhicules de reconnaissance et une centaine de voitures blindées de modèle ancien.
Une priorité absolue avait été donnée à la modernisation de l'artillerie antiaérienne et antichars. L'artillerie était moderne, mais inférieure en calibre et en portée à celle des Allemands.
Les liaisons téléphoniques et télégraphiques entre l'armée et le haut commandement, passaient par le réseau civil et même si l'équipement radio avait été rénové, celui des transmissions était démodé.
En face, comment se présentaient les forces allemandes?
41 divisions d'infanterie, composées de 27 division d'infanterie à pied, 6 divisions de panzers, 4 divisions légères, 4 divisions d'infanterie motorisée... s'y ajoutait une brigade de cavalerie.
A noter 16 autres divisions pas totalement équipées.
A noter également qu'à cette époque là, l'armée allemande n'était pas totalement opérationnelle, la formation nécessaire à l'expérience pratique, n'était pas achevée... la raison en était l'accroissement en armement très rapide depuis 1934
Bien que les panzers soient équipés de mitrailleuses et de peu de canons, la supériorité de cette armée était due au grand nombre d'unités blindées et motorisées autonomes.
En gros, l'armée de l'air était composée de 850 bombardiers et stukas et 400 chasseurs...
Et puis, les méthodes révolutionnaires tactiques et stratégiques dans l'utilisation du matériel ont dévoilé la guerre-éclair!
A l'attention de ceux qui ont avancé l'idée qu'une intervention immédiate des alliés, au moment de l'invasion de la Pologne aurait été nécessaire, il convient de rappeler que la Pologne était encerclée par deux puissants ennemis qui venaient de se réconcilier. Malgré la garantie franco-britannique, toute assistance rapide venant de l'ouest paraissait improbable en dépit des promesses. Hitler comptait sur une dérobade dans l'immédiat et "au cas où" il avait inclu celui-ci dans le plan blanc de l'invasion... plan fondé sur quatre idées :
1 / Situation militaire et géographique défavorable de la Pologne, ce qui permettait son encerclement.
2/ Acceptation d'un risque à l'ouest afin d'obtenir à l'est une victoire rapide et décisive avant l'intervention des alliés.
3/ Confiance du haut commandement en la suprématie des méthodes tactiques et stratégiques.
4/ Menace pour la Pologne d'une attaque des Soviets à l'est.
Voilà, j'ai été un peu long dans mon exposé... pas simple d'abréger sur des sujets qui méritent d'être développés...
Cordialement,
Roger