Post Numéro: 5 de norodom 24 Juin 2011, 21:03
Bonsoir à tous
Le lien cité par Prosper, qui conduit à l'article de Michel Dalan, est très intéressant et plus particulièrement au premier chef, puisqu'il cite l'évènement du 16 février 1940 qui a marqué le début des opérations en Norvège.
Il y a plus de quarante ans, j'avais été passionné par le récit du Major-Général JL Moulton, officier de l'ordre de l'Empire britannique, sur l'abordage de l'Altmark au Jösenfjord sur la côte méridionale de la Norvège.
L'Altmark, navire ravitailleur attaché au cuirassé de poche Graf Spee lequel venait de se saborder deux mois plus tôt à quelques trois miles au large de Montevideo, fut intercepté par le croiseur britannique Arethuse et la 4ème flotille de destroyers, sous les ordres du capitaine Vian. A l'entrée de la nuit, Vian qui agissait sur ordre direct de Churchill s'approcha de l'Altmark. Ce dernier avait essayé d'éperonner le destroyer Cossack, mais ce faisant, il alla s'échouer sur le rivage dans le Jösenfjord. Les marins anglais, au cri (traduit) de "Voilà la marine", sautèrent à bord de l'Altmark et après s'en être rendus maîtres, libérèrent les 299 prisonniers anglais qui se trouvaient à bord et les transférèrent sur le Cossack.
En Angleterre, cet abordage fut considéré comme un exploit et le cri de guerre des marins devint vite célèbre.
En Norvège, ce fut la consternation et l'irritation , tant l'évènement était considéré comme une violation flagrante de la neutralité du pays.
En Allemagne, la presse et la radio proclamèrent un immense cri d'indignation...
Hitler manifesta une énorme fureur et, selon l'opinion de ses collaborateurs, l'incident de l'Altmark mit fin à ses hésitations sur l'invasion de la Norvège.
Ces lignes, qui ne sont qu'un extrait du récit de cet évènement, me sont apparues utiles, tant l'évènement lui-même s'avèra détonnateur de la campagne de Norvège
En effet le 19 février, Hitler ordonna d'accélérer les préparatifs du Weserübung (l'opération Weser), nom de code du plan d'invasion de la Norvège. Deux jours plus tard , l'opération était confiée au général de corps d'armée von Falkenhorst. Ce dernier avait prévu dans son plan, l'occupation du Danemark et la mainmise, par la force, sur les aérodromes d'Aalborg, au nord du Jutland.
Il est un fait qu'il est important de connaître, c'est que lorsque Hitler donna des instructions formelles le 1er mars, pour l'invasion, il passa outre aux objections des états-majors des armées de terre et de l'air. Là, il serait intéressant de savoir sur quels points des instructions d'Hitler portaient ces objections...
L'opération Weser, fut déclanchée aux premières heures du 9 avril 1940, suite aux ordres donnés par Hitler, le 2 avril.
Reste à développer le sujet, essentiellement, pour ce qui est de la participation française aux opérations, à partir de l'embarquement le 12 avril 1940 à Brest, de la 5ème demi-brigade de chasseurs alpins...
Ce corps expéditionnaire fut transporté par quatre croiseurs auxiliaires (El-Djezaïr, El-Mansour, El Kantara et Ville d'Oran). Le débarquement eût lieu dans la nuit du 19 au 20 avril à Namsos, à 150 km au nord de Trondheim (3ème ville de Norvège), après avoir subi un bombardement en mer, sans graves conséquences. Cette ville de Namsos fut détruite dès le lendemain par la Luftwaffe
Les bombardements continuèrent les jours suivants et, le 2 mai, le corps expéditionnaire commandé par le Général Audet dût évacuer. Les bombardements allemands causèrent la perte du torpilleur français Bison.
La 5ème demi-brigade connut une triste fin en juin 1940, dans la région de St-Valéry-en-Caux en Seine-Maritime, à l'issue d'une résistance héroïque au cours de violents combats.
Le Général Antoine Béthouart cite dans l'un de ses récits qu'il avait débarqué à Namsos avec la 5ème demi-brigade, avait quiité la ville le 27 avril en prévision de son évacuation et a été transporté à Harstad (îles Lofoten) à bord du destroyer britannique Acasta. Là il était appelé à exercer le commandement de toutes les unités terrestres françaises et polonaises.
La hiérarchie supérieure comprenait l'amiral Cork and Orrery, commandant en chef de toutes les unités et le major-général Mackesy, commandant des forces terrestres.
A Harstad, dès le 26 avril avait débarqué la 27ème demi-brigade de chasseurs. Etaient attendues, la 13ème demi-brigade de la légion étrangère (2 bataillons), une brigade polonaise (4 bataillons), un groupe d'artillerie coloniale de 75, une baterie antiaérienne de 25, (ce qui paraît peu), une compagnie de chars, une compagnie antichars.... entre temps la brigade de chasseurs était devenue la 1ère division légère de chasseurs.
Voilà donc pour le CE français.
Du côté britannique, en un premier temps à Londres, Churchill avait réussi à persuader Chamberlain d'autoriser le mouillage de mines dans les eaux territoriales norvégiennes. Les mouilleurs prirent la mer le 5 avril. Les unités terrestres embarquèrent le 7 avril aux îles Orcades (Orkney) au nord de l'Ecosse et débarquèrent le 13 avril aux îles Féroé, plus au nord. Là, se situait la base de départ en vue des opérations terrestres à venir, sur le sol norvégien.
Ensuite, trois débarquements du CB eurent lieu : le 15 avril à Harstad, du 16 au 17 avril à Namsos et le 18 avril, plus au sud, à Molde et Andalnses.
Les retraites de ces lieux intervinrent : dans la nuit du 30 avril au 1er mai dans le secteur de Molde, les 2 et 3 mai à Namsos (voir plus haut le retrait du CEF) et le 8 juin dans le secteur de Harstad et Narvick, où se trouvaient également des unités françaises.
Côté mer, les unités de la Royal Navy affichèrent leur supériorité sur la kriegsmarine et au fil des récits il apparaît bien que le haut commandement britannique n'a pas su profiter de cet avantage.
Dans bien des circonstances, trop de latitude semble avoir été laissée aux allemands et particulièrement aux parachutistes, lesquels purent anticiper sur les projets alliés.
Ce fut le cas lorsque suite à des hésitations, notamment de la part de Mackesy (voir ci-dessus), l'engagement dans la bataille de Narvick (27 avril - 6 juin) prit plusieurs jours de
retard.
J'ai cité la supériorité de la marine anglaise, c'est peu... car le récit de l'activité des unités navales vaut à lui seul tout un chapitre...
J'en reste là, pour laisser la parole aux autres contributeurs... il y a tant de choses à écrire sur ce sujet passionnant !.