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Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 01 Nov 2010, 13:22
de Prosper Vandenbroucke
Bonjour à toutes et à tous.
Voici une petite introduction à notre soirée débats du jeudi 25 novembre 2010.

Le 11 novembre 1942, à l'aube, les chars allemands franchissent la ligne de démarcation et se ruent vers le sud. Ils pénètrent dans les villes, occupent les points stratégiques, désarment les garnisons de l'armée d'armistice. Les habitants de Montluçon, de Clermont-Ferrand, de Saint-¬Etienne, à l'heure du petit déjeuner, regardent progresser dans le jour sale les colonnes motorisées de la Wehrmacht et des Waffen SS. Ils voient les feldgendarmen avec leur plaque métallique sous le menton, régler la circulation en agitant leur bâton à disque.
Tous les villages, toutes les villes de France (sauf Toulon), auxquels l'armistice avait évité le spectacle humiliant de la force allemande, sont désormais dans la guerre. Celle-ci n'aura plus seulement comme visage le ravitaillement difficile, l'absence du fils ou du mari, et, çà et là, les bombardements. Les carrefours vont se couvrir de poteaux indicateurs aux lettres gothiques, le drapeau à croix gammée va flotter sur certains édifices, les uniformes verts vont déambuler dans le Midi qui depuis douze siècles n'a pas vu d'envahisseur germain.
Du haut de leurs tourelles, les guerriers blonds voient des Français pleurer et détourner la tête. Ils en voient qui les regardent simplement, en silence, craintifs et curieux, admiratifs parfois. Les enfants, eux, trouvent cela bien distrayant.
L'armée (l'armistice a vécu. Le général Bridoux, ministre de la Guerre, a intimé l'ordre aux unités de rester dans leurs garnisons. Seul, le général de Lattre commandant sa division de Montpellier a refusé d'obéir. Il tente avec quelques hommes de prendre le maquis. L'expédition échoue piteusement. Il est immédiatement arrêté et envoyé à la prison militaire de Toulouse.

C'est ce 19 novembre que Hitler, en dépit de la parole donnée, décida d'en finir une fois pour toutes avec la flotte française de Toulon en ordonnant d'exécuter l'opération Lila, c'est-à-dire la capture des navires, qui constituait le deuxième temps de l'opération « Anton ». On comprend assez bien ses raisons. Les Russes venaient de déclencher la contre-offensive qui allait aboutir, en quelques jours, à l'encerclement de la Vle armée du général Paulus à Stalingrad et il n'entendait pas garder sur ses arrières la menace de cette flotte armée dont les chefs pouvaient, d'un jour à l'autre, être tentés d'imiter le général Barré, qui, précisément ce même jour, venait d'ouvrir le feu contre les forces de l'Axe à Medjez-el-Bab, en Tunisie.
Le grand amiral Raeder, l'amiral Theodor Krancke, aide de camp naval du Führer, essayèrent vainement de l'en dissuader. Ils se rendaient parfaitement compte qu'on ne pourrait pas de sitôt utiliser ces gros bâtiments, même si on les prenait intacts. Ne valait-il pas mieux endormir la vigilance des marins français ? Ils se doutaient, d'ailleurs, de ce qui allait se passer, témoin la réponse de ce capitaine de frégate Hugo Heydel, détaché en liaison auprès du général Hausser, lorsque celui-ci l'interrogea sur les chances de succès de l'opération « Lila » :
Aucune, à mon avis. Les Français ont déjà préparé un « Scapa Flow », comme nous-mêmes l'aurions fait.

Source : http://www.histoire-en-questions.fr

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Voici également deux documents d'archives provenant du fond privé du colonel Clogenson (chef de l'EMA/3) présentant brièvement comment l'état-major de l'armée de Vichy avait planifié l'éventuelle reprise des combats qui n'eut jamais lieu :

==> Fonds Clogenson - Rapport sur la Rapine
==> Fonds Clogenson - Annexe au rapport sur la Rapine

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Ce fil est à présent verrouille et il sera déverrouillé le jeudi 25 novembre vers 20h58.
Soyez nombreux ce soir là!!
Amicalement
Prosper

Re: Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 25 Nov 2010, 21:59
de Prosper Vandenbroucke
Voilà, il est bientôt 21h00, le fil est déverrouillé et le débat est ouvert.
C'est à vous
Bien amicalement
Prosper ;)

Re: Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 25 Nov 2010, 22:02
de tagnon
Bonjour, je suis là ! 1ère question: le Ministre de la Guerre était-il bien le Général Bridoux ? Je croyais Weygand, resté en France.

Re: Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 25 Nov 2010, 22:07
de tagnon
Autre question, d'ordre général: le but 1er d'Hitler était-il bien de s'emparer ou du moins de neutraliser définitivement la flotte francaise ? Etait-elle l'enjeu principal de l'opération ? ou bien un bénéfice secondaire au cours d'une action bien plus vaste, dont la volonté d'éliminer mieux que Vichy la résitance qui en 1942 commencait à se développer, et aussi de mener à bien plus vigoureusement l'élimination des juifs de France, partie de l'Europe destinée à la sphère nazie ?

Re: Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 25 Nov 2010, 22:11
de mitchum
Bonjour,

Une question tout simple. Pourquoi la flotte Francaise n'a pas evacué Toulon. Etant donné que l'Allemagne pénètre en zone Sud le 11, le risque était trop grand, la flotte aurait pu appareiller non ? Surtout que le coup de force sur Toulon a lieu 8 jours après le 11.

Re: Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 25 Nov 2010, 22:12
de tagnon
Et encore une réflexion sur la pourquoi de l'opération Anton: la crainte de voir les Anglo-Américains prendre de l'ascendant sur Vichy et tenter un débarquement éclair sur les côtes du sud. La résitance armée en Afrique du Nord n'avait pas été très déterminée, et Hitler ne connaissant pas les projets Alliés: donc occupation préventive de la zône "libre". une sorte de "pre-emptive strike" si vous me pardonnez l'anglicisme.

Alain.

Re: Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 25 Nov 2010, 22:14
de brehon
Bonsoir,
mitchum a écrit:Pourquoi la flotte Francaise n'a pas evacué Toulon
Parce que la Marine Française en général et l'Amiral de Laborde en particulier étaient fidèles à Vichy.

Re: Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 25 Nov 2010, 22:17
de tagnon
Bonjour Mitchum,

Parce qu'elle n'était pas "sous vapeur" (chaudières non allumées, dispositions d'appareillage non réalisées et nécessitant un certain délai, équipages sans doute incomplet etc...). C'est d'ailleurs pourquoi les Allemands se sont précipités tant qu'ils pouvaient, tout en se montrant - à Toulon - le moins menaçant possible, pour ne pas provoquer ce qui s'est finalement produit: le sabordage.

Qu'en pensent les connaisseurs de cet épisode ?

Alain.

Re: Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 25 Nov 2010, 22:19
de Prosper Vandenbroucke
Pour répondre à la première question de Tagnon:
En septembre 1940, Huntziger était le seul général d'armée qui eut survécu qui se trouvait hors des prisons allemandes; il s'était donc imposé comme le successeur logique de Weygand au ministère de la Guerre, selon le principe voulant que le choix se fit en fonction de l'ascendant et du prestige militaires du candidat. En avril 1942, ce fut Eugène Bridoux, général de division depuis une date relativement récente, qui fut choisi en raison de sa fidélité à Laval.
Prosper ;)

Re: Opération Anton - Sabordage de la flotte - Novembre 1942

Nouveau messagePosté: 25 Nov 2010, 22:29
de brehon
S'il y avait eu volonté d'appareiller, il y avait largement le temps de le faire (cf MeK ou tous les bâtiments qui le pouvaient l'on fait).
La moitié, voire le tiers d'un équipage est suffisant. Le problème aurait peut-être été le niveau des soutes à mazout.