Post Numéro: 67 de Eric Denis 16 Jan 2009, 17:06
Bonjour,
Vaste sujet pouvant être abordé de plusieurs manières. Je rappellerai quelques éléments, à mon sens, dignes d’intérêt :
1/ Les bombardements stratégiques de l’Allemagne dans les années 43-45 n’ont que faiblement gêné la production. Le Reich a appris en enterrer ses industries vitales ou à les disséminer dans de petites structures.
2/ L’impact psychologique des bombardements sur les populations a, dans l’ensemble, engendré un résultat inversement proportionnel à celui qui était attendu. Ce fut le cas pendant le Blitz sur l’Angleterre comme pendant les dernières années du conflit sur l’Allemagne. Cumulé avec l’idée d’imposer au Reich une capitulation sans condition, le bombardement stratégique a probablement poussé les forces de la Wehrmacht dans une position sans retour de guerre totale. Pour certains, il y a tout à perdre à arrêter le combat, pour d’autres il n’y a plus rien à perdre car leurs familles ont été tuées. Or, le Landser de 44 est tout aussi déterminé que celui de 40, même si son entrainement n’a plus grand-chose à voir.
3/ Il existe néanmoins un point très positif à cette offensive aérienne généralisée. C’est l’obligation pour la Luftwaffe d’engager d’importants effectifs dans la défense de la patrie, privant ainsi les différents fronts de forces aériennes irremplaçables pour le soutient des troupes au sol. La Luftwaffe s’est brisé les ailes sur les bombardiers alliés, certes, en leur infligeant de très lourdes pertes, mais au prix du sacrifice de ses meilleurs pilotes. La courbe d’espérance de vie d’un pilote de la Luftwaffe chute vertigineusement au cours des dernières années du conflit.
4/ La méthode, en théorie, n’est pas dénuée de sens. Tout dépend des objectifs que l’on se fixe. Pendant les premières semaines du Blitz, la Luftwaffe, concentrant ses bombardements sur les infrastructures de production aérienne et sur les aérodromes anglais, à bien failli mettre la RAF à genoux. Seul un changement d’objectif à permis le sursaut anglais. Autre exemple, la concentration des bombardements alliés sur l’industrie pétrolière et les usines allemandes d’essence synthétique a privé la Wehrmacht de nombreux moyens pendant la bataille des Ardennes, tout comme elle a cloué au sol un grand nombre d’avions de la Luftwaffe et contraint les nouveaux pilotes à partir au combat avec un nombre d’heures de vol d’entrainement très insuffisant.
5/ A mon sens, le bombardement en masse de civils est l’un des grands bouleversements de la 2GM par rapport aux guerres précédentes. Les forces armées s’en prennent maintenant aussi aux civils. Chacun des deux camps en a d’ailleurs rejeté la responsabilité initiale sur l’autre, mais durant les premiers combats, la méthode fonctionne. La Hollande, par exemple, se rend à l’Allemagne en 40 principalement à cause du bombardement de Rotterdam. Paris, comme les grandes villes française sont déclarées villes ouvertes par crainte de destructions massives. Mais cette méthode montre vite ses limites lorsque les opposants sont déterminés. Nous savons aujourd’hui qu’il est impossible de gagner une guerre avec la seule force aérienne, même si la maitrise du ciel est l’un des fondements incontournable de la victoire. Mais à l’époque, l’outil est neuf et ses effets sont méconnus à long terme. Ainsi se forme l’expérience des militaires, en observant les tenants et les aboutissements d’une campagne aérienne. En regardant les chiffres des pertes en bombardier lourds, les Alliés ont même été parfois obligés de stopper temporairement leurs offensives car le moral des aviateurs était en chute libre. Certains rapport parlent même de largages de bombes au plus vite et bien avant la cible afin de pouvoir rentrer à la base sain et sauf.
Enfin, et non des moindres, s’attaquer délibérément à un objectif civil, sans potentialité militaire par un moyen ou par un autre, est qualifié comme crime de guerre ou terrorisme de nos jours. Une réflexion à méditer…
Cordialement
Eric DENIS