Forum Le Monde en Guerre

Prosper Vandenbroucke a écrit:
La prise en main et la nazification de la jeunesse :
Ce fut une grande réussite du régime qui embrigada tous les jeunes allemands préparant ainsi ces derniers à devenir des « bons » soldats de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS, acceptant les brutalités qui étaient monnaie courante surtout à l’Est. Pourquoi cet aspect n’a pas été abordé à Nuremberg, d’autant plus que l’un des principaux complices d’Hitler à ce sujet, Baldur von Schirach, était au banc des accusés et s’en est plutôt bien sorti. Il aurait été bon, surtout pour les Allemands, d’y montrer comment les manipulations hitlériennes fonctionnaient et comment elles ont dupé les jeunes esprits.
Merci pour ta réponse au nom de Daliel.
Prosper

La question n'est pas fouillée, mais elle est abordée puisque justement Schirach lance un appel à la jeunesse allemande, qui n'est sans doute pas pour rien dans sa peine relativement légère : il demande aux jeunes de ne plus se sentir liés par une fidélité au Führer.

mais il doit aussi ce verdict au fait qu'on n'a pas été fichu de prouver qu'il était au courant du judéocide.

Borovic a écrit:.....La thése "psychoanalytique" que la montée du "National-Socialisme" est causée par une maladie, que A.H. en est la principale victime et que plusieurs millions d'Allemands étaient de bons clients de Freud pose des questions mais ne répond à aucune. Pas plus que la thése Marxiste des luttes de classes, d'ailleurs. Bla,bla,bla !!!
Si un historien à trouvé ce virus, il mérite le Prix Nobel

ce qui est étonnant et unique, c'est qu'un individu malade arrive à capter autant d'attention et de dévouement.

juin1944 a écrit:

C'est le cas dans la plupart des sectes : un gourou au-dessus de tous les autres, un ou deux lieutenants, les autres à la botte des chefs. Le schéma se retrouve. Je pense aussi à l'aspect quasi religieux du culte du Führer, comme dans toute bonne secte bien constituée.

Sauf que dans le cas qui nous occupe, le gourou ne proposa pas de nourriture spirituelle, mais du travail et la réduction du chômage. C'est par ce biais qu'AH a su attirer vers lui les allemands. Plus qu'un illuminé, je verrais plus un fin démagogue

Je dirais même plus Stéphane, il a redonné la fierté que le Peuple allemand avait perdu à la suite du Premier conflit mondial et des conditions draconiennes imposées aux allemands du Traité de Versailles

juin1944 a écrit:dis moi François n'existe t'il pas des ressemblance entre AH et les nihilistes ? je suis plongé dans certains passages de ton livre ou tu expliques qu'au cours de sa période Viennoise, le melting pot Viennois l'a profondément choqué au point de vouloir faire table rase. J'y verrais quelques ressemblances : détruire pour faconner un monde à sa mesure

Pour répondre à Signal , je partage ton avis, Hitler est devenu Hitler en raison de la combinaison d'élement très précis. Du reste, j'ai une seconde question à poser à François : qu'aurait pu devenir Hitler dans un autre contexte ?

Il avait des qualités. Il voulait devenir architecte sans avoir fait les études pour. Je le vois assez bien besogneux dans un cabinet d'architecture, et reportant ses ambitions sur ses gosses. Il n'avait pas avant 1914 de vocation politique.

hell on wheels a écrit:Je dirais même plus Stéphane, il a redonné la fierté que le Peuple allemand avait perdu à la suite du Premier conflit mondial et des conditions draconiennes imposées aux allemands du Traité de Versailles

J'ajouterai même qu'il a bien appris car lui même à imposé des conditions draconniennes à la france durant l'occupation

le fait est tout de même qu'avant 1914, il navigue d'échec en échec, finissant même SDF hebergé dans un centre d'urgence pour sans logis. J'ai du mal à croire qu'il aurait pu mener une vie rangée d'employé....

Néanmoins, je persiste à croire qu'un terrain favorable comme la misère, le chomage et...ne peut que constituer un lisier de qualité pour que naissent les extrémismes...Ensuite, des leaders opportunistes peuvent s'imposer très facilement

François Delpla a écrit:ce qui est étonnant et unique, c'est qu'un individu malade arrive à capter autant d'attention et de dévouement.

Justement Hitler n'apparaît pas à l'époque comme un malade, y compris pour ses futurs ennemis : la plupart des diplomates ne tarissent pas d'éloges sur son compte avant le début de la guerre. Quant aux allemands, ils ne connaissaient de leur Führer que ce qu'on voulait bien leur montrer dans la propagande.
Le problème est plus marquant en Corée du Nord avec Kim Jong Il ou en Irak sous Saddam Hussein par exemple : ceux-là sont (était pour Saddam) ouvertement dérangés. Hitler s'est toujours très bien comporté en public, ses discours n'y font pas exception : il s'agit plus de théâtre que de vrais délires.
Dommage que les Allemands n'aient pas connu leur Führer dans son intimité, leur vision de lui aurait peut-être été différente...

Puisque l'on parle qu'il a donné une nouvelle fierté au peuple allemand, voici une autre question que Daniel propose à François:

La Solution finale :
On sait qu’elle fut graduellement mise en place, Hitler devant d’abord s’assurer de la prise en main de son peuple pour pouvoir le lancer sur la voie criminelle que l’on connait. Il devait également attendre que le climat de guerre à outrance le permette. Mais quand a-t-il pris, lui, cette décision ? C’est un peu uchronie, mais en imaginant que Churchill tombe et Halifax signe la paix, que se serait-il passé ? Cette position de force (plus de menace anglaise, donc plus de menace américaine) aurait peut-être permis à Hitler d’arracher l’Ukraine à un Staline bien solitaire. Quid des Juifs dans ces conditions ?

Le lit était fait :
- défaite de 1918, perte Alsace Lorraine, interdiction de l'armée etc...
- crise économique allemande de 1923 à laquelle s'ajoute celle internationale de 1929
- crise du pouvoir politique vieillissant en place
Des pouvoirs d'orateurs indiscutables, l'exaltation des foules, la mise en avant du patriotisme, promesses de développement économique (promesses tenues). Voilà!