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Bonjour !
Dans la discussion sur les pertes d'avions allemands dans la Campagne de France et la Bataille d'Angleterre (deux fois plus longue), les pertes allemandes contre les Français (mai-juin 1940) étant beaucoup plus élevées que contre les Anglais (dans la Bataille d'Angleterre, juillet-septembre 1940) pour une même durée, par exemple pour 30 jours de combat en moyenne, j'ai été amené à faire remarquer que les Anglais trichent quand ils publient triomphalement leurs chiffres sur les résultats d’ensemble de leur BoB (Battle of Britain) car ils comparent leurs pertes de chasseurs uniquement, quelque chose comme environ 950, à toutes les pertes allemandes, à savoir environ 1 730 ou autres. Or, les bombardiers de la RAF (le Bomber Command) ont participé à la Bataille d'Angleterre. « Comment ça » ?
Les Allemands préparaient, croit-on, l’invasion de l’Angleterre, notamment en concentrant, dans les ports français et belges (Boulogne et autres) des centaines de barges et de péniches fluviales modifiées car ils n’avaient pas de navires ou de péniches de débarquement (contrairement aux Alliés en Normandie, en juin 1944). C’était l’opération « Seelöwe » et ce mot est allemand, évidemment pas anglais, donc il se prononce « Zéleuveu » en insistant sur le 1er « eu », moins sur le 2e. La lettre ö se prononce « eu », jamais « o ». ä se prononce ê, ü se prononce u comme dans "tutu". C'est le u qui se prononce ou. Les plaisantins de la télévision devraient enfin apprendre les mots étrangers les plus employés.
Pour que le débarquement allemand en Angleterre eût une chance de réussir, il fallait éliminer l’aviation britannique, la RAF car, autrement, elle aurait évidemment attaqué les troupes allemandes et leurs bateaux, causant un désastre pour les Allemands. C’est ainsi qu’eut lieu la Bataille d'Angleterre (Battle of Britain). Pour les Britanniques, elle a commencé officiellement le 10 juillet 1940 et s’est terminée le 31 octobre mais, en réalité, sa fin réelle est plutôt le 30 septembre (différence déjà expliquée dans la discussion mentionnée). Cette bataille fut souvent très dure, son issue parfois incertaine. Contrairement à certaines affirmations, la RAF n’a jamais été proche de la destruction mais ceci est un autre sujet. Je le répète, le but de l’Allemagne était d’envahir l’Angleterre en y amenant des troupes grâce aux péniches et autres. Les responsables britanniques ont donc, à tort ou à raison, envoyé des bombardiers dans le but de détruire le plus grand nombre possible de bateaux de débarquement dans les ports français et belges (notez que cela a réussi : de nombreux bateaux furent détruits, rendant le débarquement encore plus difficile, ce qui a contribué à son annulation).
Cette activité du Bomber Command fait donc partie intégrante de la Bataille d'Angleterre puisqu’elle visait, elle aussi, à empêcher ce que les batailles aériennes au-dessus de l’Angleterre avaient pour but d’empêcher (vues du côté britannique) : un débarquement allemand. Il semble notamment que de nombreux bombardiers légers bimoteurs du type Bristol « Blenheim » aient participé à ces attaques. Or, ces avions étaient très vulnérables et les chasseurs allemands n’avaient guère de peine à les abattre, avec aussi la participation de la redoutable Flak, la DCA allemande, toujours très efficace. Bien sûr, les hommes des « Blenheim » avaient parfois de la chance et ils parvenaient à abattre un chasseur qui les attaquait, mais ce combat était très inégal et leurs pertes furent lourdes. Il y avait aussi d’autres types de bombardiers légers ou moyens dans la RAF ; j’essaierai d’y revenir bientôt.
Du point de vue de la Bataille d'Angleterre, il est donc clair que ces attaques de bateaux, et aussi d’aérodromes allemands, ont entraîné des pertes importantes de bombardiers bimoteurs de la RAF et aussi quelques pertes, inévitables, de chasseurs allemands. Les « Blenheim » avaient cinq mitrailleuses pour se défendre (pas toutes dans la même direction, évidemment) mais au moins deux formaient un jumelage dangereux, ou peut-être quatre ( ? Je vérifierai.), un affût quadruple redoutable pour les chasseurs ennemis, s’il existait vraiment. Dans tous les cas, ils pouvaient abattre ou endommager ceux qui les poursuivaient mais, au total, les chasseurs Messerschmitt avaient une supériorité écrasante sur ces « Blenheim » (et sur d’autres types) et ils les abattaient facilement.
Les attaques des ports et des aérodromes forçaient la Luftwaffe à garder des forces de chasse en France et en Belgique pour les protéger, ce qui réduisait la puissance totale de la chasse allemande au-dessus de l’Angleterre. De combien ? Je l’ignore encore mais ce devait être de un à trois groupes de chasse (trois = une escadre), voire deux escadres : imaginez les protestations et les imprécations de la Marine et de l’Armée allemandes devant ces attaques et les pertes qu’elles causaient, des pertes en hommes aussi ; elles exigeaient évidemment la protection de la chasse. [Chiffres approximatif : un groupe de chasse de la Luftwaffe = environ 40 avions ; une escadre = environ 100 à 120 mais les pertes au combat réduisaient souvent ce chiffre de dizaines d’avions.] Ce facteur n’était pas très important mais il facilitait quand même un peu la tâche du Fighter Command (la chasse de la RAF), qui se battait, en Angleterre, contre des Allemands un peu moins nombreux. Il lui était un peu plus facile d’abattre les bombardiers allemands (moins bien protégés par leurs chasseurs) et de survivre face aux chasseurs allemands un peu moins nombreux et aussi de les abattre.
Hier soir, j’ai déjà découvert plusieurs pertes de « Blenheim » de la RAF abattus, pendant la Bataille d'Angleterre, par les IIe et IIIe groupes de l’escadre de chasse JG 2 Richthofen : pour le IIe groupe, 1 Blenheim le 18 juillet et un autre le 29, tous les deux dans la région du Havre. Un Me 109 a été abattu aussi. (Le rapport des pertes, ici 2 contre 1, était rarement aussi bon). Le IIIe groupe a fait encore plus de dégâts : 1 Blenheim le 10 août, 1 autre le 11 septembre, 3 le 9 octobre (2 dans le secteur « Le Havre », 1 vers Fécamp).
J’ai trouvé ces renseignements dans le volume n° 4/I de la gigantesque série d’ouvrages sur les unités de chasse allemandes (cela exclut les unités de bimoteurs de chasse lourde, leurs avions n’étant pas des Jäger (chasseurs) mais des Zerstörer (destroyers), comme les bimoteurs Me 110, 210, 410 et d’autres), série publiée depuis 1998 environ par M. Jochen Prien et ses trois co-auteurs. : Die Jagdfliegerverbände der Deutschen Luftwaffe 1934 bis 1945. Les volumes 4/I et 4/II traitent de la période du 26 juin 1940 au 21 juin 1941. Groupe par groupe dans l’ordre numérique, listes des victoires et des pertes, très nombreuses photos de Me 109 agrandies (des centaines).
En réalité, pour connaître les pertes de bombardiers de la RAF pendant la Bataille d'Angleterre, il suffit de consulter le petit livre (un opuscule à la couverture bleu pâle)
« Bomber Command Losses », avec en outre les dates, sans doute 1939-1941, l’auteur étant peut-être Norman Franks. J’ai ce livre mais il est enfoui quelque part ; je le dégagerai bientôt.
On peut recommander aussi le très gros livre de « After the Battle » (Après la bataille), avec pour auteur principal Peter Cornwell, « The Battle of Britain Then and Now », qui contient surtout la liste, jour par jour, de tous les avions abattus ou endommagés, de la RAF et de la Luftwaffe. Il a publié en 2008 l’équivalent pour la Campagne de France : The Battle of France Then and Now, alias TBOFTN ou TBFTN, un très gros livre aussi (et très utile).
Je vais tâcher de retrouver tout ça et de vous donner les résultats – un peu de patience, on finira par y arriver !
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