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MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Cet espace est consacré aux forces aériennes de toute nationalité et aux opérations aériennes durant la Seconde Guerre Mondiale
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MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de coyote  Nouveau message 21 Déc 2022, 16:50

Si l’histoire de l’Armée de l’Air française entre le 10 mai 1940 et l’Armistice est plutôt bien connue, ce n’est pas trop le cas (en France du moins) en ce qui concerne son homologue belge. Je vous propose un résumé des actions qui se déroulèrent lors de ces journées tragiques.

L’AERONAUTIQUE MILITAIRE BELGE en MAI 1940


Tout comme l’Armée de l’Air française, l’Aéronautique militaire belge souffrait d’un retard chronique dans la modernisation de son parc aéronautique tant quantitatif que qualitatif en 1940.

Voyant la montée des prétentions belliqueuses du voisin germanique, dès 1936, la Belgique passa commande à la Grande Bretagne et plus tard, à l’Italie d’appareils disponibles à l’exportation.
Il était également prévu d’en produire certains modèles (Gloster Gladiator) sous licence par la Société Anonyme Belge de Constructions Aéronautiques (SABCA). Malheureusement , cet objectif de production « locale » n’a pas été atteint .

Les livraisons arrivèrent ainsi en Belgique par à-coups. Par exemple, un premier lot de 6 Gladiator étant livré en juin 1937 puis une suite de 9 avions arrivant en septembre 1937. Les machines assemblées par la SABCA apparurent pour la première fois fin mars 1938.

Au 10 mai, la composition du matériel aérien était principalement le suivant ::

(le chiffre entre parenthèse indique le nombre d'avions disponibles)

-Fairey Fox des types I,II,III, et VI : (154 avions)
-Fairey ‘Battle’ : (16 )
-Fiat CR 42 : 27 avions (23 )
-Gloster Gldiator : (22)
-Renard 31 : (33)
-Fokker F VII : (9)
-Hawker Hurricane : ( 20 )
-Koolhoven FK 56 : (12)
-Morane Saulnier MS 230 : (23)
-Potez 33 : (10)
-Savoia-Marchetti SM 73 : ( 8 )
-Savoia-Marchetti SM 83 : (3)
-Stampe SV 4A: ( 35 )
-Stampe SV 5 : (21)
-Stampe SV 22 : (10)
-Stampe SV 26 : (10)


Soit un total de 374 appareils en état de vol de tous types auquel il y a lieu d’ajouter quelques appareils école tel des Avro 504 (datant de la PGM), Avro 626, Morane 236 et Stampe SV4b.
Ajoutons encore quelques Bréguet XIX.

On aura vite fait de constater le coté hétéroclite du parc aérien belge ce qui était loin de faciliter les formations des personnels ou encore l’entretien des appareils.

1940

Le 14 mars 1940, 2 Gladiator sont entrés en collision à Schaffen. 5 autres étaient hors service lorsque la guerre éclata le 10 mai 1940, l‘effectif en ligne était de 15 Gladiator, dont 14 à la 1ère Escadrille de Chasse, du 1e Groupe du 2 Régiment (1/I/2 Aé) basés sur l'aérodrome de Schaffen-Diest soit 50 % de la puissance aérienne belge. Même s'ils étaient en alerte générale depuis trois jours, ils furent surpris par l’assaut général allemand.

Gloster Gladiator
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Le 10 mai la majorité des pricipaux avions (Hawker Hurricane, Gloster Gladiator et Fairy Fox (bombardiers) étaient prêts à décoller. 
Vers les 3 h du matin de grosses formations d'avions ont été vues survolant la Belgique se dirigeant cap à l'ouest,
Mais l’impression générale était plutôt qu’il y allait avoir une bataille entres les Alliées et les Allemands au-dessus de la Manche. Peu de personnes semblaient penser qu'il y avait de quoi s'inquiéter ! N’ayant pas retenu les leçons de la chute du Danemark et de la Norvège qui malgré leur neutralité avaient été envahis, les Belges prirent ce survol disons, plutôt à la légère. Toutefois Les Gladiator sous les ordres de leur chef commandant le l’escadrille 1/I/2, et ce, contre les ordres officiels, décollèrent pour éviter d'être pris au dépourvu vers 04h20.

Mais avant qu'ils ne soient tous en vol, une formation de bombardiers Dornier Do.17 volant à basse altitude a commencé à bombarder les terrains. Le Gladiator du lieutenant Marcel Wilmots, a été touché sur la piste et alla percuter un Hawker Hurricane.
Les Allemands reçurent du renfort et lancèrent vague sur vague. À 4 h 40, puis à 05.30, des Do.17 à 1800m d’altitude suivis de Bf 110 d’escorte, viendront terminer le travail des bombardiers par des attaques à basse altitude. Pour clore le tout, à 05h30, une troisième vague se présenta.

 Après leur passage, les avions belges étaient réduits en carcasses calcinées; seuls deux Hawker Hurricane et trois Gloster Gladiator avaient survécu au carnage au sol. Pendant ce temps, alors qu'ils étaient au-dessus de Tirlemont, les Gladiator se sont heurtés à une dizaine de Bf 109.
Après la rupture du combat au-dessus de Tongres, 12 Gladiator ont réussi à atterrir à Beauvechain.
Le lendemain six Gladiator, menés par le Capitaine Guisgand, affectés à l'escorte de neuf bombardiers légers Fairey Battle menant des attaques que l’on peut qualifier de suicidaires contre des ponts au-dessus du canal Albert, ponts qui étaient aux mains des Allemands. 
Ils se heurtèrent à la chasse du 1./JG 21 et 4 Gladiator, furent abattus. Les Gladiator furent endommagés mais jugés réparables .
Trois autres avions ont été endommagés dans la bataille mais sont revenus et jugés également réparables.
Dans l’après-midi, sept autres Gladiator ont été abattus par des Bf.109 et un huitième fut détruit par un Heinkel He.111. Les appareils endommagés sont purement et simplement abandonnés la nuit suivante lorsque l'unité évacuera vers Belsel.

La Belgique avait adopté une politique de neutralité bien préjudiciable au début de la Seconde Guerre mondiale, en dépit des enseignements de la Grande Guerre 20 ans plus tôt.

Une politique de neutralité signifiait que toutes les tentatives des Britanniques et des Français pour coordonner les défenses en prévision d’une invasion allemande, étaient ignorées et ce n'est que lorsque les Panzers eurent traversé ses frontières que Bruxelles fit appel aux Alliés.

 Néanmoins, la Belgique avait tout de même fait des efforts pour renforcer sa défense aérienne et de manière assez surprenante, c'est vers le partenaire de l'Axe, l'Italie, que l'Aéronautique Militaire belge s'est tournée en septembre 1939.
Les Italiens ont accepté, en vendant leurs avions au prix fort profitant de la situation d’un gouvernement belge plus qu’inquiet.
La mission d'achat se déplaça à l'usine Fiat de Milan pour acquérir une quarantaine de Fiat CR.42 dans le but de remplacer les chasseurs Fairey Firefly obsolètes équipant le IIème Groupe de Chasse, de Nivelles, aérodrome au sud de Bruxelles. L'unité comprenait les 3ème et 4ème Escadrilles avec un effectif de quinze appareils chacune.

Un Renard R-31
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Fairey Fox Mk II
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Hawker Hurricane Mk I On notera l'hélice bipale typique de la première version
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 Devant l’urgence, il fallait une livraison dans les trois mois. L'autorisation a finalement été accordée et le contrat 39/581 a été signé en décembre pour la founiture de 40 Fiat CR.42 et 8 moteurs de rechange pour un coût de 2 640 000 $ US.

L ‘idée était de rééquiper deux Escadrilles de 15 appareils chacune, avec un volant de réserve de 5 avions pour remplacer les pertes accidentelles.
Le 6 mars 1940, les premières livraisons eurent lieu, réceptionnées par les Établissements Généraux de l'Aéronautique Militaire (AéM), à Evere, Bruxelles, où elles furent assemblées, repeintes aux marques de nationalité ​​belges. Finalement, 10 appareils furent mis en réserve
pour remplacer d’éventuelles pertes sur accident.
Le premier lot livré de ces machines fut affecté à la 2 Escadrille, qui commença l'entraînement de transition en avril.
 Mais le temps pressait et bien que Mussolini ait fait son possible pour exécuter la commande à la veille du 10 mai, seulement 25 avaient été acceptés par les Belges. 
Il y avait donc 15 Fiat CR 42 affectés à Nivelles,dont l'un avait été livré le jour même où les Allemands franchissaient la frontière ! Toutes ces machines sauf une qui avait un problème de d'hélice étaient donc opérationnelles ce jour-là.

Le 10 mai 1940, 24 CR.42 avaient rejoint leurs unités,

La 3ème Escadrille (insigne de la Cocotte Rouge ) était pleinement opérationnelle
La 4ème Escadrille (Cocotte Blanche) ne disposait que de 9 machines. 
L‘attaque allemande pris les pilotes belges au dépourvu venant à peine de commencer la transformation sur leurs nouvelles montures.

Sur l’aérodrome de Brustem (Sint Truiden (Trond)l'attaque de la Luftwaffe a commencé juste au moment où 23 CR.42 décollaient pour effectuer cette transformation.

Les Junkers Ju.87 du I/St.G.2 ont détruit deux CR.42 encore au sol, un autre a été perdu à l'atterrissage à Sint-Truiden et un autre également perdu à l'atterrissage à Sint-Truiden apres avoir abattu un Junkers Ju.52/3m au-dessus de Tongres.
Les affrontements avec les Messerschmitt Bf.109 ce matin-là ont coûté un quatrième CR.42 mais un Bf.109 fut détruit en retour.
Une autre sortie a permit d’endommager 2 Do 17
Les Bf.109 ont encore détruit deux autres CR.42 au sol. Ensuite, les Stukas du I/St.G.2 réapparurent et détruisirent le solde des avions par un bombardement en piqué de précision 14 des 22 CR.42 restants furent alors détruits ce qui fait que la 3ème Escadrille est sans appareil dès le premier jour de la bataille ! La Luftwaffe avait durement frappé.

Le Fiat CR 42
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 Au total, en y ajoutant les accidents, 21Fiat CR.42 ont été détruits en quelques heures le premier jour sans tirer un seul coup de feu !
La 4ème Escadrille, avec seulement sept avions rescapés du massacre, s'est déplacée via Grimbergen vers une nouvelle base, Nieuwkerke-Waas (Sint-Niklaas), en Flandre orientale.
 De là, ils furent impliqués dans une bataille aérienne au-dessus de Fleurus le 14 mai où ils ont affronté les Bf.109 du 8./JG.3 mais sans résultat décisif tandis que le lendemain un CR.42 était perdu tandis qu’un Bf.109 était détruit dans la même zone.

Deux jours plus tard, les six CR.42 restants sont transférés à Chartres, en France, avec huit Firefly, mais ils ne restèrent pas intacts bien longtemps. Une perte le 19 mai, et deux autres le 3 juin. 
Les derniers CR.42 passés en France furent transférés sur Bordeaux-Mérignac pour finalement être abandonnés à l'approche des troupes allemandes.

 Le gouvernement belge demanda la paix le 28 juin et le 27 août suivant, ces cinq appareils furent confisqués par la Commission d'armistice française qui, à son tour, les remis aux Allemands le 28 novembre. 
Quelques-uns ont été utilisés comme machines d'entraînement pendant un certain temps par le JG.107 basé à Toul en Moselle.

Le destin de l'aviation belge et de ses Hurricane est lié à celui des Alliés comme cela avait été décidé dès le début de la bataille de France.
Il y avait un plan convenu entre les Alliés et la Belgique précisant que s'il y avait une attaque allemande sur le pays, les forces françaises et le BEF (Corps Expéditionnaire britannique) établiraient une ligne défensive aux côtés de l'armée belge. 


Cependant, l’attaque éclair allemande a fait que les troupes ennemies ont traversé rapidement la campagne belge, laissant les Alliés combattre la poussée des blindés de la Wehrmacht.
En plus des Hurricane, l'aviation belge disposait de biplans de bombardement légers Fairey Fox et quelques Fairey Battle ainsi que de Renard R-31 de reconnaissance. 
Les Allemands savaient que les aviateurs belges défendraient farouchement leur patrie, la Luftwaffe avait donc conçu une série d'attaques préventives dévastatrices contre les aérodromes belges.

À la fin du 10 mai, 77 avions belges avaient été détruits au sol
24 avions dont la moitié des Hurricanes en service, ont été abattus.

Le 11 mai, sur quinze Fairey Battle qui ont attaqué un pont flottant à Maastricht, seuls 5 avions sont rentrés. 

Le 12 mai, une formation de presque tous les Hurricane rescapés a été attaquée par un Staffel de Bf 109, qui en a abattu trois.  Les avancées de la Wehrmacht à travers la Belgique étaient en grande partie dues à l'échec de la destruction de ponts clés et ce, en dépit des énormes sacrifices des bombardiers légers britanniques (Fairey Battle)et français (Bréguet 693)

Petit flash back

 Déjà au cours de la Drôle de Guerre, il est devenu rapidement évident pour les autorités militaires britanniques et belges que le Battle était extrèmement vulnérable et devenait très rapidement obsolète. L’avion se révèlant très lent, peu maniable et manquant de moyens efficace pour se défendre.
 De ce fait, les autorités belges se sont abstenus de passer la commande initialement prévue d'avions supplémentaires. 
Au lieu de cela, le gouvernement belge a essayé trop tard d'obtenir des bombardiers Bréguet, Douglas et Caproni Il faut dire également que le gouvernement belge n’a pris conscience de la carence de son matériel aéronautique que lors de la crise de Munich de 1938 et fit alors le point de la situation de sa force aérienne.
Le constat ne reflètait pas l’optimisme !

Les Biplans Fairey Fox et Firefly, construits sous licence en Belgique dix ans plus tôt étaient périmés, les Gloster Gladiator un peu moins mais pas de beaucoup.

 À cette époque, la Grande-Bretagne et la France se réarmaient rapidement et seuls dix-sept Hurricane Mk I pouvaient être mis en ligne, ainsi que seize bombardiers légers Fairey Battle et un seul Spitfire Mk I.

Aussi la Belgique s’est tournée vers d’autres fournisseurs

Des Brewster Buffalo ont également été commandés aux États-Unis mais ne sont arrivés, aux couleurs belges, à Bordeaux qu’au moment où la France elle même cessait le combat. En conséquence, certains de ces Brewster ont été immédiatement jetés dans le port pour éviter leur capture par les Allemands. Ces avions américains avaient également été embarqués sur le porte avions français Béarn qui, in fine, les déchargea en Martinique en raison de l’Armistice de même. Le P/A ramenait également des curtiss H 75 et des Curtiss SBC Helldiver, biplans d’un autre âge pour la France.

Ce Brewster Buffalo aux couleurs belges est testé ici aux USA avant livraison. On notera le code en intrado et extrado afin d'iéviter toute méprise
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Il existait une industrie aéronautique belge qui produisit d’excellents avions d'entraînement tels le Stampe et Vertongen SV 4 et le grand monoplan ‘parasol’ Renard R 31, biplace d'observation armé, le seul avion militaire de fabrication belge à entrer en action en 1940.
Alfred Renard, ingénieur belge de talent, a également construit un prototype de chasseur monoplan monomoteur, le Renard R 36, que les pilotes d'essai ont trouvé au moins aussi bon sinon supérieur au Hurricane Mk I.
Le prototype s'étant écrasé lors d’essais (assez fréquent à l’époque) et le temps pressant, l'achat d'Hurricane et de Fiat s'est donc poursuivi. Pendant la « drôle de guerre », quelques Hurricanes de la RAF, forcés de atterrir sur le territoire belge, ont été internés pour cause de neutralité et c’est ainsi que certains ont finit par rejoindre les Hurricane belges ! 

Ceci étant, la mise en service d'autant de modèles d'avions différents a énormément compliqué la formation des personnels ainsi que l’entretien, l'achat et la gestion des pièces de rechange,
Les combats de mai

En dehors des attaques sur les ponts près d'Eben Emael, les Fairey Battle ont effectué des dizaines de missions de reconnaissance et de bombardement léger, jusqu'à ce que celles-ci s'arrêtent en raison de l'attrition totale des avions.
 Les agiles biplans Fiat CR 42 ont eu plus de succès, malgré un certain handicape dû aux pannes récurrentes de l’armement.
Finalement, les Fiat CR 42 restants se sont repliés en France, où ils ont aidé à défendre l'espace aérien et les bases françaises.
Le lent Renard 31 a tenu bon jusqu'au dernier jour, volant en missions de reconnaissance au-dessus du territoire ennemi jusqu'à ce que les derniers soient abattus ou deviennent inutilisables.
A quelques exceptions près, les avions de la RAF étaient manifestement absents du ciel belge en mai 1940 et les demandes répétées des Belges pour plus de soutien aérien rencontrèrent aussi peu de succès que les demandes françaises.
Ce n'est que les 27 et 28 mai que la RAF a finalement commencé à apparaître en force, pour couvrir la retraite de la B.E.F. et bien trop tard pour aider les Belges aux abois.
La supériorité aérienne allemande a eu comme effet pernicieux que les troupes belges se méfiaient tellement de l’aviation allemande qu’elles tirèrent systématiquement sur leurs propres avions, malgré les cocardes bien visibles ! Tout avion ne pouvait qu’être ennemi !

Plusieurs avions belges ont été abattus par des "tirs amis" et dans certains cas, les pilotes ont dû prouver leur identité à des officiers de l'armée belge. Des scènes semblables se produisirent avec l’Armée de l’Air !
Les Belges avaient été totalement débordés par la 6ème armée allemande en ce mois de mai 940  Quelques 6.500 soldats belges, dont beaucoup de réservistes, ont été tués dans ces combats et environ 15.000 civils ont également perdu la vie. 
Face à une défaite de cette ampleur, Sa Majesté le Roi Léopold décida de demander la fin des hostilités le 28 mai.

15 jours après ce sera la France qui demandera à son tour la fin des hostilités.

Dans la pagaille de 1940, peu de victoires pourront être homologuées. Il semblerait selon les sources (*) qu’il y aurait eu 7 pilotes et mitrailleurs tués. La Chasse remporta 21 victoires confirmées et 2 probables ce qui assez remarquable quand on connaît le contexte dans lequel ces hommes se sont battus pour protéger leur pays.

L’état-major, qui ne doute de rien, va même jusqu’à envoyer ces antiques biplans, qui atteignent quelquefois péniblement le 250 km/h, armés de leurs deux misérables mitrailleuses de faible calibre contre des bombardiers qui dépassent le 400 km/h et des Me109 deux fois plus rapides et armés de canons. C’est proprement suicidaire mais ils le firent ! Les aviateurs l’ont fait avec bravoure et abnégation.

Le bilan de la chasse belge se révèle plutôt catastrophique. Sur un total 72 appareils opérationnels, sept ont été abattus en combat aérien et deux contraints à l'atterrissage, mis hors d'usage ( trois Gloster, trois Fox, un Fiat abattus, un Fiat et un Gloster hors service). En revanche, pas moins de 47 appareils sont détruits au sol ou abandonnés sur place ( 11 Hurricane, 11 Gloster Gladiator, 17 Fiat et huit Fox ).

En guise d’épilogue

On est en droit de penser à une certaine ressemblance entre l’Aéronautique belge et l’Armée de l’air française pour cette période de mai-juin 1940 . Ces deux aviations ont été négligées dans les années 30 par les gouvernements respectifs et ont de ce fait, très chèrement payé les errements des hommes politiques ainsi que militaires.

A) La Belgique a commis la grave erreur de considérer sa neutralité comme un rempart contre un adversaire dont le bellicisme allait en s’amplifiant depuis 1933. Adversaire qui avait déjà montré ce dont il était capable en 1914.

B) Les commandes de matériel à l’étranger se sont révélées d’une part fort tardives, et d’autre part portèrent sur des avions déjà périmés dès leur sortie d’usine. Il faut toutefois relativiser cette affirmation car à la même époque (1936-37) les industries aéronautiques européennes n’étaient pas en mesure de produire du matériel moderne et performant en nombre suffisant pour honorer leurs propres commandes. Dès lors, comment produire également en nombre des avions modernes pour des nations amies. Une équation bien difficile à résoudre.
L’industrie aéronautique belge de son coté, n’étant pas en mesure de répondre à la demande, les responsables militaires et politiques ont passé commande là où il y avait de l’offre mais sans réelle possibilité d’acquérir du matériel moderne. Seul peut être le Hawker Hurricane Mk I pouvait espérer rivaliser avec l’ennemi bien qu’étant moins performant et seule une vingtaine d’appareils furent réceptionnés ce qui représentait une goutte d’eau comparée à la déferlante germanique.
Ceci peut se résumer en peu de mots  : Trop peu, trop tard »
Tous les autres avions, que ce soient la chasse, le bombardement ou la reconnaissance étaient totalement obsolètes.

C) Les équipages belges ont montré leur valeur et leur bravoure mais que pouvaient ils faire contre un adversaire qui frise les 560 km/h avec mitrailleuses et canons de 20 mm quand on pilote un vieux biplan totalement dépassé .

L’aviation belge s’est battue et bien battue mais que pouvait elle faire contre une force très supérieure en nombre et en performance.
La morale de cette histoire pourrait être que... Ne pas tenir compte des enseignements de l’Histoire condamne à la revivre.


Sources
Crédit photos: Belgian Wings
(*) Histomag n° 44
https://www.persee.fr/doc/barb_0001-413 ... _6_1_22966
Air Enthusiast
RAF Flying revierw 1966
Bernard

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Re: MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 21 Déc 2022, 17:26

coyote a écrit:A) La Belgique a commis la grave erreur de considérer sa neutralité comme un rempart contre un adversaire dont le bellicisme allait en s’amplifiant depuis 1933. Adversaire qui avait déjà montré ce dont il était capable en 1914.


J'ouvre une parenthèse que je vais refermer dans la foulée dès lors qu'elle n'a rien d'aéronautique mais qui souhaite (re)préciser la question de neutralité brièvement évoquée ici.

La Belgique ne considère pas sa neutralité comme un rempart.
C'aurait été bien naïf, or il n'est pas question de naïveté en la circonstance dès lors que, dans l'entre-deux-guerres, la Belgique se dote de moyens militaires sans précédents par rapport à ceux (dérisoires) avec lesquels le royaume se voit jeté dans la guerre précédente. Il y a, cette fois, volonté politique de se donner les moyens de défendre les frontières nationales, le temps que les alliés de la Belgique puissent "entrer en jeu" à leurs tours.

Cette volonté politique tient justement compte des leçons de l'histoire récente et s'inscrit dans une ébauche de concept de défense européenne dont les grands vainqueurs de la Première Guerre mondiale se veulent les garants et la France le principal moteur sur le continent.

Suite à l'inaction des garants de la paix dans l'affaire de la remilitarisation de la Rhénanie en 1936, la Belgique, prudemment, fait un pas dans la "non belligérance" qui deviendra une neutralité armée.

Cette politique ne peut être qualifiée de "grave erreur" dès lors que les dirigeants belges ne sont pas maîtres de leur sort face à un III Reich revanchard et adossés à des alliés peu enclins à montrer des dents.

C'est cette nuance que je souhaitais apporter ici à un sujet particulièrement délicat et maintes fois débattus sur le forum.

Fin de la parenthèse et surtout MERCI à coyote de mettre en lumière la petite aéronautique belge en 1940. ::applause2::
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Re: MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de coyote  Nouveau message 21 Déc 2022, 17:35

Bien vu Daniel
Merci d'avoir rectifié mon propos. Tu as bien fait car je me suis instruit sur un sujet que visiblement je connaissais bien mal ;)
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Re: MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 21 Déc 2022, 17:39

Bonjour et merci Bernard,
Très intéressant
Un petit complément peut-être:
https://www.freebelgians.be/articles/ar ... albert.php
L'Union fait la force -- Eendracht maakt macht

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Re: MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de coyote  Nouveau message 21 Déc 2022, 17:50

Merci Prosper pour le lien.
J'ai volontairement omis de trop détailler ces journées pour ne pas alourdir le texte et ce petit complément vient fort à propos pour celui qui veut en savoir plus dans le détail.
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Re: MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 21 Déc 2022, 17:52

coyote a écrit:Bien vu Daniel
Merci d'avoir rectifié mon propos. Tu as bien fait car je me suis instruit sur un sujet que visiblement je connaissais bien mal ;)


Sujet complexe Bernard dont les Belges sont autant victimes qu'acteurs comme avant eux la Tchécoslovaquie ou la Pologne. :roll:

Mes prochains commentaires porteront sur les aspects aéronautiques, le temps de lire ton travail, ne t'inquiète pas ;)
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Re: MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 21 Déc 2022, 18:03

coyote a écrit:Les Allemands savaient que les aviateurs belges défendraient farouchement leur patrie, la Luftwaffe avait donc conçu une série d'attaques préventives dévastatrices contre les aérodromes belges.

À la fin du 10 mai, 77 avions belges avaient été détruits au sol
24 avions dont la moitié des Hurricanes en service, ont été abattus.

[...]

Le bilan de la chasse belge se révèle plutôt catastrophique. Sur un total 72 appareils opérationnels, sept ont été abattus en combat aérien et deux contraints à l'atterrissage, mis hors d'usage ( trois Gloster, trois Fox, un Fiat abattus, un Fiat et un Gloster hors service). En revanche, pas moins de 47 appareils sont détruits au sol ou abandonnés sur place ( 11 Hurricane, 11 Gloster Gladiator, 17 Fiat et huit Fox ).


Comme l'aviation polonaise avant elle, l'aéronautique belge est victime de la phase préalable à tout Blitzkrieg : l'obtention de la supériorité aérienne par la destruction au sol de l'aviation du défenseur par une attaque surprise.
La Belgique, par ailleurs, n'offre aucune profondeur à son dispositif aérien. Véritable proie pour la Luftwaffe.

En combien de temps le dispositif aérien belge est-il annihilé ?
J'ai un délai maximum de 48 heures en tête.
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Re: MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de coyote  Nouveau message 21 Déc 2022, 18:40

Dog Red a écrit:En combien de temps le dispositif aérien belge est-il annihilé ?
J'ai un délai maximum de 48 heures en tête.


Je ne voudrais blesser personne mais 48 hrs c'est un grand maximum.. En fait , la Luftwaffe a fait ce qu'elle a fait en Hollande puis ce qu'elle fera en France et en urss.
La Manche a bien aidé la RAF à n'en pas douter sinon... et n'oublions pas qu'ils visaient les bases anglaises.

En fait, pratiquement en 24 /36 hrs de temps, le parc aérien belge a été anéanti .
Bernard

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Re: MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 21 Déc 2022, 20:28

Merci Bernard.

Comme tu l'as écrit, le soir du 10 mai 1940, l'aviation belge est déjà au tapis.
Le 14 mai 1940 et jours suivants, les principales villes belges subiront un bombardement en règle, le ciel totalement acquis aux Allemands.
Troisième phase du Blitzkrieg : la désorganisation des arrières.

A titre de comparaison toute relative, les bases aériennes françaises les plus à l'Est tiennent combien de temps ?
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Re: MAI 1940 - l'AVIATION BELGE A LA PEINE;

Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 21 Déc 2022, 20:41

Bonsoir Bernard,
Oui c'est bien exact, 24 à 36 heures maximum, car dès le 15 mai 1940, l'Aéronautique Militaire Belge n'avait plus que 3 escadrilles d'observation et plus que 12 avions au 28 mai, lors de la capitulation.
Le personnel de ces unités est fait prisonnier (dans les environs de Knokke-le -Zoute, je crois) et les avions sont détruits suite aux ordres donnés.

Source:
https://www.persee.fr/doc/barb_0001-413 ... onn%C3%A9s.
L'Union fait la force -- Eendracht maakt macht

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