En parlant de situations de guerre qui pourraient sembler "irréalistes" ou, à tout le moins, constituer des scènes de cascades hollywoodiennes destinées à enjoliver le climat "héroïque"...
Durant la Guerre du Viêt-Nam, donc, il y a à peine 50 ans, à bord des C-130 A, la première génération de quadrimoteurs Hercules convertis en AC-130 "Gunship II", l'équipage de 10 hommes intégrait un opérateur en charge du gros projecteur de 1 500 000 bougies (!), installé à l'arrière gauche, et du lanceur semi-automatique de fusées éclairantes ou fumigènes, lui, disposé à l'arrière et, en conditions de combat, utilisant la rampe arrière ouverte.
Quand la rampe de largage était abaissée, l'opérateur se tenait à son extrémité, au-dessus du vide, d'où il surveillait la trajectoire des ses fusées et, en même temps, les trajectoires des tirs de canons de la défense antiaérienne nord-vietnamienne et des missiles SAM, que ces mêmes Viets utilisaient de plus en plus fréquemment.
Il convient de savoir, aussi, que l'altitude de combat de ces appareils était de 3000 pieds (1000 m) à 3500 pieds (1050 m), du coup, le boulot de l'observateur de "queue" devenait essentiel afin de prévenir, le plus tôt possible avec son équipement radio, le chef de bord et le copilote aux commandes de l'appareil. La première génération de missiles SAM fonctionnait selon le calage sur la source de chaleur, les plus faciles à identifier étant les sorties de tuyères des réacteurs et turbo-propulseurs et les échappements des moteurs à pistons, d'où les tirs déclenchés dans le "sillage de l'appareil".
L'opérateur était, certes, brellé, mais afin de ne pas être gênè dans ses tâches, son brellage se prolongeait par une très longue lanière, fixée sur le plancher de l'appareil. Pour éviter les tirs de SAM, le pilote embarquait son avion dans des manœuvres d'évitement brutales, qui avaient expédié bon nombre d'opérateurs de "queue" dans l'ether azuréen, souvent bien sombre, car une grande partie de ces missions d'interdiction, sur la "Piste Ho-Chi-Minh et ses couloirs de pénétrations au Sud-Viêt-Nam, via la chaine montagneuse annamitique, étaient menées de nuit.
Balloté dans les airs, au bout de sa précieuse lanière, l'opérateur, sans parachute, demandait, par micro, sans signe de panique particulier, mais avec un humour peu compatible avec l'urgence de la situation et selon une formule inspirée par les usages traditionnels de la Marine...
Autorisation de monter à bord ? (véridique!), qui impliquait, évidemment, l'aide des autres membres de l'équipage pour le hâler, à nouveau, à bord de l'appareil!
Il n'y avait pas eu, à ma connaissances, de perte humaine signalée dans le cadre de cet "exercice très sportif" et , aussi, très probablement, naturellement anxiogène, mais l'opérateur, lui, avait vivement intérêt à avoir une très grande confiance dans son brellage et les qualités de son harnais!
Dans la seconde et dernière génération de Gunships II engagés au Sud-Est Asiatique, la disposition du lanceur de fusée avait été modifiée, la rampe de largage restait fermée et l'opérateur disposait, désormais, d'une verrière-bulle aménagée dans ladite rampe, qui lui permettait d'observer, à l'abri, les tirs ennemis.
De nos jours, tu mets dans un film "de guerre" une scène similaire, l'essentiel des spectateurs la jugeront, certes, spectaculaire, mais totalement "irréaliste"!