Bonjour,
Sans être une règle, il est d'usage courant que la nation acquéreuse, à l'Export, procède, lors de la finalisation du cahier des charges, entre autres, au choix de la motorisation et de l'armement de bord des aéronefs ; c'est, tout-aussi, valable, par exemple, pour la machinerie & le calibre de l'armement naval des bâtiments construits dans des chantiers étrangers. La seule règle étant que ces changements ne grèvent pas trop lourdement la facture finale, ce qui peut être le cas en imposant un autre fournisseur de chaudières, de turbines ou de moteurs d'aviation.
En ce qui concerne le choix des moteurs Gnome-Rhone, il faudrait, à mon humble avis, faire le tour du parc militaire volant de la Yougoslavie, à l'époque. Connaissant la notoriété française dans ce domaine et la longue tradition d'amitié qui existait entre la Yougoslavie et la France, ce genre de choix n'avait rien de très étonnant. L'industrie aéronautique française, en 1936-1937 - en plein Front Populaire! - était, largement, à la ramasse, aussi bien pour proposer des appareils "modernes", que pour assurer des livraisons à l'Export. Faites un tour dans le catalogue français des appareils de bombardement, qui existait, à cette date, vous allez pleurer votre mère pour y dénicher le moindre appareil "correct", selon les critères les plus récents!
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Donc, on s'était retrouvé, en Yougoslavie, à devoir choisir un appareil de conception récente et plutôt bien foutu, le DO-17 "long nez", sachant qu'il n'y a, strictement, rien face, chez son fournisseur habituel, la France, capable de rivaliser ! Un marché d'une quinzaine d'appareils, c'est que dalle - surtout à l'époque! -; changer la motorisation, parce que le personnel de l'armée de l'air yougoslave est habitué à travailler sur du matos français - c'est là qu'il convient de chercher le motif principal du choix -, tant que les moteurs sélectionnés sont incorporables sans trop de modifs, dans la structure, çà devait aller chercher dans les 8-10%, au plus, de la facture finale, supplément qui n'avait rien exorbitant si on le rapproche de la nécessité de former les mécanos et de revoir tout son parc d'outillages. En plus, les DO-17 K yougoslaves avaient été produits, localement, sous licence, avec des moteurs Gnome-Rhône et un canon de 20 mm Hispano-Suiza français, plus des mitrailleuses Browning américaines.