Post Numéro: 2 de Prosper Vandenbroucke 27 Jan 2011, 16:03
Bonjour Phil.
Pas spécialiste du tout, cependant voici ce que j'ai trouvé dans le livre "La Poche de Mons" par Y.Bourdon, Cl.Faucon, M.Toubeau et H.Huet (page 211, 212 et 213)
En dessous du texte tu trouveras un scan d'un tableau (même livre, page 213) reprenant 7 missions de l'aviation. Malheureusement ni la date ni le n°, soit du groupe, soit du squadron, ne sont indiqués, mais par recoupement je pense qu'il s'agit d'avions appartenant au
368° Fighter Group.
Bien amicalement
Prosper
Les forces terrestres américaines sont déjà par elles-mêmes d'une puissance et d'une diversité de moyens surprenantes. Mais lorsque la troisième dimension y est adjointe et que la coordination est bonne, l'ensemble devient quasiment irrésistible. Ce fut le cas à Saint-Lô, à Mortain, à Falaise et sur la Seine inférieure.
Au niveau le plus bas, cet appui aérien se manifeste par l'utilisation d'avions légers Piper Cub L4, pouvant atterrir et décoller sur 150 mètres de prairie, et transportant des observateurs d'artillerie. Guidant les colonnes amies, surveillant les alentours de haut, ils peuvent, plus aisément qu'un observateur au sol, déceler l'ennemi, l'identifier et régler les tirs d'artillerie avec précision.
Peu protégés et non armés, ces avions ne peuvent survoler les forces ennemies. Mais dans la bataille de Mons, la situation est tellement confuse et mouvante que ce principe n'est pas toujours respecté. La 3rd Armd Div. utilise ainsi trois «aérodromes»: un au nord-ouest de Ghlin (CCB), le deuxième contigu au cimetière de Mesvin (CCA) et un troisième à Frameries, où se trouve l'actuelle cité Calmette.
La forme suivante d'assistance aérienne, à la fois spectaculaire et terrifiante, est l'appui direct rapproché, effectué par les chasseurs-bombardiers. Dans la percée de Mons, ce sont les avions de six groupes aériens (Les 48, 50, 365, 368 et 404 Fighter Group équipés de Thunderbolt P-47 et le 367 Fighter Group équipé de Lightning P-38) qui, en fonction d'autres missions et des disponibilités, assurent ce rôle. Deux types de missions sont exécutés.
Le premier est la reconnaissance armée. Elle se fait devant et sur les flancs des éléments de combats terrestres. La reconnaissance sur une zone ou un itinéraire se fait à vue et, lorsqu'un objectif intéressant se présente surtout lors du vol retour, il est attaqué à la mitrailleuse.
Le second est l'attaque au sol en appui rapproché.
Soit l'attaque a lieu dans une zone où on est sûr qu'il n'y a pas de troupes amies et les avions, en maraude, harcèlent tout ce qu'ils découvrent. Parfois même, un motocycliste isolé constitue l'objectif!
Soit aussi l'opération a lieu à proximité des troupes amies; il convient dès lors d'être prudent et précis. Les avions sont donc amenés, par radio, guidés et conseillés par des contrôleurs au sol - anciens pilotes ou personnel spécialement formé - tandis que les véhicules amis s'identifient clairement par des panneaux oranges ou blancs fluorescents.
Lors de la bataille de la Poche de Mons, le 368° Group, qui se composait de deux escadrilles (395° et 396° Squadrons) a au moins effectué les opérations d'appui suivantes le 3 septembre:
- action à 8 h 40, sur Bavai et la route vers Le Cateau par le 396° Squadron;
- action à 12 h 05 sur Gcegnies et la région de Quévy par le 395° Squadron.
L'attaque aérienne sur Gcegnies est d'une efficacité extraordinaire. Elle commence vers 9 h 30 sur les colonnes et les canons de Flak qui tentent de dégager le carrefour de Bois Bourdon, pris sous le feu US.
Peu à peu, les canons antiaériens allemands sont détruits et, dès lors, sans contrainte, c'est la curée! Les avions lâchent d'abord leur unique bombe de 250 kg; ensuite, les 8 mitrailleuses de 12,7 mm des P47 crachent leurs projectiles perforants et incendiaires dans l'axe de la route ou perpendiculairement. La chaussée Brunehault est totalement embouteillée: chars, camions, semi-chenillés, voitures, artillerie, charrettes s'y agglomèrent en désordre!
Dès que les soutes à munitions sont vides, les avions repartent et une autre formation prend la relève. Les objectifs sont multiples, la DCA est devenue quasi inexistante: pour les pilotes, c'est mieux qu'à l'entraînement, c'est un rêve!
Au sol, c'est l'enfer! Vers 12 heures, Gcegnies n'est plus qu'un brasier. Les munitions sautent, les réservoirs d'essence explosent, propageant le feu aux véhicules proches. Les hommes se réfugient où ils le peuvent, les chevaux attelés ou non tentent de se libérer et de fuir, les maisons brûlent. Les véhicules intacts essaient de quitter la route-piège par les jardins, par l'arrière des maisons, partout où cela est possible. Souvent en vain car, vers le sud, on tombe sous le feu des unités américaines et, vers le nord, on subit les coups de l'artillerie US. Et d'ailleurs, dès qu'un véhicule allemand important surgit en rase campagne, un ou deux avions plongent sur lui.
De Bois Bourdon jusqu'au bois des Écoliers, soit sur près de 5 kilomètres, la route et ses abords ne sont plus qu'un cimetière d'hommes, de chevaux et d'engins divers.
Grâce à la destruction de l'essentiel des moyens de combat lourds 18° L.F.D.; 6° F.J.D.; éléments des 348° I.D.,
3° F.J.D., groupement von Aulock. .. ) et à la dispersion des forces d'infanterie dans les abris et couverts, l'attaque aérienne - qui a duré jusque 16 heures - a empêché la reconquête physique des abords du carrefour pour l'évacuation du charroi allemand. À la chute du jour, les forces allemandes n'ont plus aucune valeur combative d'ensemble. Elles vont se dissoudre en bandes de fuyards, sans cohésion entre elles. Ce qui accélèrera leur fin, au fil des heures. À Gcegnies, l'attaque aérienne a détruit environ 600 véhicules allemands et tué 300 hommes. Le village est quasi détruit: une trentaine de maisons sont endommagées et cinquante autres, ainsi que quatre grosses fermes isolées, brûlent au moins partiellement.
Toute la journée du 3 septembre, le 368° Group effectue les missions suivantes, au départ de sa base de Chartres.
La Luftwaffe est totalement absente du ciel, à l'exception du crépuscule où elle effectue quelques rares missions de transport et de reconnaissance.
Notons cependant que le 3 septembre vers 10 h 12, quatre chasseurs allemands survolent, sans tirer, le Q.G. de la 3rd Armd Div. à Warelles et que, peu après, le Q.G. du CC A (au pied du terril de l'Eribus) et les zones de déploiement à proximité sont mitraillés par huit appareils ennemis. Ce sont apparemment les seules manifestations de l'armée de l'air allemande dans les opérations de la Poche de Mons. La situation de mai 40 est complètement inversée!
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