Post Numéro: 3 de Haddock 19 Aoû 2010, 09:39
Namur se souvient du 18 août 1944, jour d’un épisode noir de la guerre.
Ce jour-là, le 18 août 1944, l’aviation américaine avait pour mission de détruire le pont de Luxembourg. C’est que deux mois après le débarquement du 6 juin, les Allemands sont en déroute vers l’Est. Et il faut anéantir cette Wehrmacht en débandade. Nombre de ponts et ponts-rails sur la Meuse sont empruntés par des convois de l’ennemi. Sept d’entre eux doivent donc être détruits : à Yvoir, Namur, Huy, Seraing, Liège, Visé et Maastricht. 17h04. Les appareils, ces fameux bombardiers lourds quadrimoteurs - les Forteresses volantes - quittent le territoire anglais. 18h12 : 213 bombes sont larguées sur la ville. En 21 minutes, les trois vagues d’attaques successives détruisent le centre-ville.
Namur est dévastée. Le quartier Saint-Nicolas paye le plus lourd tribut. Résultats : près de 350 victimes, dont certaines n’ont jamais été retrouvées, outre des centaines de blessés. Une tragédie d’autant plus brutale et injuste qu’elle se situe à 18 jours de la libération de Namur. La fin de la guerre, on commençait à y croire. L’attaque a pris par surprise une population un jour de soleil radieux, gonflé d’espoir
Extrait la Libre 18/08/2010
"Le 18 août 1944, j'ai assisté au bombardement de Namur. Je me trouvais avec mon père à la Citadelle et nous nous sommes réfugiés dans le tunnel du tram, en-dessous des tribunes du stade. Quand le vacarme des bombes a cessé, nous sommes rapidement descendus vers la ville et j'ai appris la mort de mon copain d'enfance. Toute la place d'Armes ainsi que le bâtiment voisin de la Bourse étaient détruits. C’est là que se trouvait le salon de coiffure du meilleur ami de mon père. Miraculeusement, il avait réussi à rejoindre l'abri de la poste, en face de son commerce. Les deux clients avec qui il parlait ont eu moins de chance. Décapités. Ce terrible jour de l’été 1944, il y eu quatre cents morts à Namur. Quatre cents civils tués en quelques minutes. Bien sûr, on avait cru que c'était un bombardement allemand. Mais plus tard, en travaillant à la Force aérienne, j’apprendrai que ce pilonnage très meurtrier avait été l’œuvre d’une escadrille américaine qui croyait survoler le Rhin ! C’est peut-être pour exorciser ce souvenir que je suis devenu pilote de chasseur bombardier. Sans doute est-ce aussi grâce aux bandes dessinées de Buck Danny… »
Albert Ramaekers