IV. LES ÉQUIPEMENTS DE SAUVETAGE
Les britanniques, tout comme les américains, ont beaucoup appris des pratiques allemandes en matière de sauvetage en mer et des équipements associés. De très nombreuses idées pratiques traversèrent la Manche et en suscitèrent quelquefois de nouvelles.
Par exemple, la couleur jaune adoptée pour les canots de sauvetage britanniques avait été largement empruntée aux allemands, tout comme celle des gilets de sauvetage. Ces derniers, conçus initialement par les britanniques, furent, en leur temps, copiés par les allemands pour sa Luftwaffe naissante....
Le canot pneumatique gonflable de sauvetage
Dans les années 1920, le Fleet Air Arm de la Royal Navy avait déjà développé des canots pneumatiques portatifs. Ce n'est que plus tard que la Royal Air Force commença à s'y intéresser car elle avait pris conscience qu'elle allait être confrontée à la perspective croissante d’opérations aériennes prolongées au-dessus de la mer du Nord.
Les bombardiers
La RAF décida d’équiper dans un premier temps ses gros avions avec des embarcations de sauvetage gonflables pour plusieurs personnes pour permettre à l'ensemble de l'équipage d'être secouru.
Sept types d'embarcations souples, circulaires, du type A au type G, étaient utilisées, toutes se gonflant à l'aide d'une pompe à pied ou à main.
Ce n’est cependant que dans le dernier modèle, le type H, datant de 1941, que l'embarcation pouvait se gonfler à partir d’un réservoir en forme de bouteille cylindrique contenant du dioxyde de carbone comprimé.
Trois à cinq personnes pouvaient se tenir à bord de cette embarcation.
Une fois dans l'embarcation, l’équipage pouvait utiliser les accessoires standard livrés avec celle-ci.
En août 1942, avec l'arrivée de la 8e Air Force, il fut décidé d’adopter la radio de secours américaine M357A qui était, en fait, la copie exacte de l’appareil original utilisé par la Luftwaffe.
Surnommée "Gibson Girl", elle pouvait être transportée à bord d’aéronefs ou facilement larguée aux équipages en détresse.
Alimentée de façon autonome avec une génératrice à main, sa mise en œuvre était d'une extrême simplicité. Un signal de détresse était émis permettant ainsi la localisation par relevé radiogoniométrique.
Cette radio portative et autonome était accompagnée d'un kit d'accessoires dans lequel se trouvait, entre autres, une antenne filaire dont le déploiement s'effectuait au moyen d'un cerf volant.
Si la radio était endommagée ou inutilisable, les aéronefs du Bomber Command ainsi que ceux du Coastal Command transportaient aussi à bord des containers dans lesquels se trouvaient des pigeons voyageurs qui pouvaient être utilisés comme moyen de communication d’urgence. Généralement, deux pigeons étaient en dotation pour chaque avion.
Les avions de chasse
Au début des hostilités, comme indiqué précédemment, seuls les équipages de bombardiers de la RAF étaient équipés avec des canots pneumatiques souples gonflables, mais, les pilotes de chasse en étaient dépourvus et le seul moyen de rester à flot était leur seul gilet de sauvetage.
Le ministère de l'Air britannique étudia longuement les différentes possibilités pour lesquelles un canot de sauvetage pouvait être transporté, attaché au harnais d'un pilote de chasse.
Cette possibilité fut rejetée au départ, car l'exiguïté de la cabine ne permettait pas l'adjonction d'un équipement supplémentaire.
Cependant, on observa soigneusement le modèle provenant de pilotes allemands capturés, puis on effectua des essais après avoir réalisé des prototypes qui utilisaient les mêmes caractéristiques et les dimensions identiques.
On tenta d'améliorer sa conception mais on revint finalement au modèle initial de la Luftwaffe... tergiversations qui ne firent que retarder son entrée en production, en janvier 1942.
A gauche le modèle Luftwaffe, à droite celui de la RAF.
Cette embarcation gonflable monoplace équipa tous les chasseurs monoplaces de la RAF.
Appelée classe K, elle fut été fabriqué en 2 versions : une en caoutchouc et une en tissu caoutchouté, cette dernière pouvant être pliée beaucoup plus petite.
Repliée et comprimée, elle était placée dans un sac attaché au parachute individuel du pilote qui se positionnait généralement dans l'aéronef à la place du coussin de siège habituel.
Le canot de sauvetage gonflable individuel classe K transporté sous le parachute du pilote.
Les pilotes de chasse étant de nationalités différentes, les instructions d'utilisation furent imprimées en quatre langues.
Des accessoires de base étaient fournis dans le même sac que le canot de sauvetage.
On y trouvait des pagaies en caoutchouc, une seau écope, des accessoires pour réparations, des allumettes, une sacoche de premiers soins.
On pouvait utiliser une voile de coton glacé, de couleur rouge, de forme isocèle, sur laquelle était imprimées les instructions de navigation.
Une des variantes de la type K consistait à l'adjonction d'un auvent en coton imperméable qui apportait à l'aviateur une certaine protection contre les embruns marins. Cet auvent solidaire de l'embarcation pouvait être déroulé et fixé sur les côtés.
Le canot possédait aussi une poche d'eau sur le dessous pour assurer la stabilité de l'embarcation. Le réservoir de CO2 y était fixée à demeure et la présence d'une valve de recharge permettait le raccordement d'une pompe manuelle afin de pouvoir continuer à alimenter le bateau en air en cas de fuite.
Des emplacements moulés de chaque côté du canot étaient destinés à l'insertion d'un écarteur en bois extensible au milieu duquel se positionnait la base d'un mât en aluminium composé de 7 sections.
La type K était disponible avec différents packs utilisés en même temps que l’équipement de parachute de l’aviateur.
Ces packs possédaient des compartiments contenant différents accessoires qui n’étaient normalement pas transportés dans le canot lui-même (poudre fluorescente, bombes fumigènes, boussole, rations d’urgence, héliographe, pompe à main, etc.).
Le choix du pack - et donc des accessoires associés - dépendait du type de parachute porté par l’aviateur et/ou du type d’aéronef piloté.
Type K pack type A (standard pour pilote de chasseur monoplace).
L'embarcation pneumatique gonflable type K fut aussi adoptée par l'USAAF sous la dénomination C-2 et était la copie exacte du modèle de la RAF.
Ci-dessus à gauche, le radeau de sauvetage RAF type K pack type C, à droite la version américaine du pack RAF, le radeau de sauvetage C-2.
Les sauvetages étaient généralement effectués par des vedettes rapides, des navires de guerre et quelquefois par l’ennemi.
Les sauvetages aériens par hydravions étaient plus fréquents près de la côte, mais très rarement en haute mer. Les équipages des hydravions étaient en effet réticents à amerrir sur une mer agitée, ces aéronefs étaient plus fragiles qu'il n'y parraissait et les accidents dans ces circonstances furent nombreux.
Le maintien en vie y était donc limité et bien que l'Air Sea Rescue faisait de son mieux pour qu'ils soient secourus très rapidement, il fallait quelquefois larguer des fournitures supplémentaires par avion....
A suivre.......
NB : les sources seront citées en fin de sujet