En 1938, l'ingénieur Maurice Hurel , alors directeur technique de CAMS, contacta la société de matériel radio-électrique Bougault, dans le but de mettre au point une bombe téléguidée. Il rencontra le jeune ingénieur Jean Turck, qui lui proposa un système en modulation de fréquence.
Après l'essai d'un prototype de petit avion à Vincennes, une commande d'état fut passée au printemps 1939 sous le nom de BHT-38.
Les études aérodynamiques furent faites par Hurel, le système de télécommande par Turck, et la structure par Caudron. Fin Avril 1940, une douzaine d'engins étaient près et furent testés à Fréjus, télécommandés d'une colline proche ... Il fallu hélas les détruire en Juin, et jeter les débris à la mer pour éviter leur saisie !
Néanmoins, les études et brevets restaient aux mains des autorités de Vichy, qui les fournirent aux allemands, et le système de guidage de Jean Turck "inspira" celui des bombes radio-commandées allemandes Henschel Hs-293, qui furent opérationnelles dès 1943 !!!
Mais, en 1943 également, Maurice Hurel et Jean Turck avaient décidé de rallier De Gaulle ...
Pour ce faire, Hurel , alors directeur de la SNCASO à Cannes, prit les commandes le 16 Août d'un prototype encore non terminé, le SO-90 de transport léger à moteurs Bearn de 350 CV, dont les pleins avaient été faits petit à petit, au cours de points fixes, au nez et à la barbe de la commission italienne, pour de essais officiellement "de roulage" ... Il avait embarqué dans l'appareil :
- ses 3 fils Fred, Jacques et Jean-Marie
- le général Jean Mollard, ancien commandant militaire de Corse et son fils André,
- Jean Weil & Gérard Allégret,
- l'ingénieur Jean Turck, qui embarqua en dernier sur la photo ci-dessous (Coll. Jung - On distingue également le prototype du SO-30 dans le hangar)
Après un vol de 3 heures étonnamment sans histoires (train sorti et, malgré leurs précautions, la Résistance n'avait pas prévenu leur destination), l'avion se posa à Philippeville (Algérie) où il fit une sortie de piste, sans blessures graves pour ses passagers.
Jean Turck, qui avait emmené les plans de sa bombe télécommandée, reprit immédiatement ses travaux, et commença par concevoir, pour les alliés, un système de brouillage qui rendait complètement inutilisables les bombes Hesnchel !!!
Le concept intéressant les alliés et la Marine française, il recommença également la BHT-38, dont un exemplaire fut re-fabriqué avant la fin de l'année et vola sous un bombardier Glenn-Martin 167F de l'AéroNavale :
En 1944, la bombe était encore en essais, avec cette fois un curieux système de lancement, sous un LeO-451 E, le N°493 (les LeO-451E N°397 et 352 emportant les équipes et systèmes de guidage) :
Hélas pour Hurel et Turck, les surplus de guerre américains étaient disponibles en quantité et "bradés" dès la mi-1945 et leur bombe, non motorisée, était dépassée.
Jean Turck continua cependant à mettre au point des systèmes de guidage, et fut une des "têtes pensantes" de la guerre électronique et des systèmes de guidage de l'après-guerre.
Quand à Maurice Hurel, il réalisa un avion de record, et signa, avec Dubois, une petite série d'avions opérant à haute altitude pour l'Institut Géographique National ...
Sources principales :
- Articles de Philippe Jung dans Pégase N°115-116-117 sur l'Aéronautique française repliée à Cannes pendant la guerre
- LeO-45, Amiot-350 et autres B4, de Jean Danel et Raymond Cuny, Docavia N°23 Ed. Larivière
- http://aviateurs.e-monsite.com/pages/de ... so-90.html
- http://chezpeps.free.fr/0/Jarrige/No-ht ... le-15.html