Pas beaucoup de répondant(s) décidément !
J'en resterai donc là pour le moment, après une dernière remarque : l'une des plus grandes erreurs de l'interviewé porte sur la "terre brûlée" de 1945. Il aurait dû se renseigner... ne serait-ce que sur le présent forum !
voir ici pour une version courte
viewtopic.php?f=17&t=36121et ici pour une plus longue
viewtopic.php?f=17&t=30819 .
En résumé : le fameux "ordre de Néron" du 19 mars 1945, consistant à brûler l'Allemagne au fur et à mesure de l'avance des troupes alliées sur son territoire, est donné par Hitler à Speer après des jours de discussion où Speer a plaidé que cela condamnerait à mort le peuple allemand et Hitler a répliqué (d'après Speer) que c'était bien fait pour lui car il s'était montré inférieur; précision capitale : il ne l'aurait dit qu'une seule fois.
Il en ressort que Hitler a chargé de cet ordre de destruction, on ne peut plus difficile à faire agréer par les populations et les autorités locales, non pas les terribles SS dressés à obéir à tout et à briser sans phrases les oppositions, mais un constructeur bourré de scrupules. Il aurait pu au moins le faire surveiller par le SD mais nenni ! Pour semer la zizanie la radio anglaise signale que l'ordre n'est pas exécuté, rien n'y fait !
La seule conclusion possible est que Hitler a deux politiques : la terre brûlée en surface, pour ne pas paraître s'incliner, et la survie du peuple allemand en profondeur, avec l'espoir d'une renaissance du nazisme ou de quelque équivalent le jour où la Providence susciterait un nouveau prophète : une sorte d'hibernation sous protectorat américain.
Cela n'a, d'un certain point de vue, celui de l'hibernation, pas mal fonctionné du tout. Mais en ce qui concerne le réveil du nazisme, le calcul a été déjoué essentiellement par le procès de Nuremberg, étalant les crimes jusqu'à plus soif tout en respectant les droits de la défense, qui fut lamentable (accusés se chargeant entre eux et chargeant surtout les morts).
Quel contraste entre ces faits indubitables et les quelques lignes de Johann Chapoutot sur le sujet :
En 1945, dans son bunker, quand tout est perdu, Hitler signe le Décret de destruction des infrastructures du Reich et ordonne une politique de terre brûlée. Albert Speer, son ministre de l'Armement, lui demande alors ce qu'il adviendra des Allemands. Hitler lui répond : il n'y a pas d'après guerre. C'est fini. Nous avions promis, prévu et prédit que si nous perdions ce serait l'apocalypse. La logique de la biologie s'impose, ce sont les plus forts qui l'emportent. Les Juifs et les Slaves ont gagné, les Allemands se sont révélés inférieurs et vont tous disparaître. Jusqu'au bout, Hitler est resté fidèle à sa conception de la race et de la civilisation.
Cette citation est à encadrer. C'est d'ailleurs ce que je fais ci-dessus ! Ce qu'elle a de plus remarquable est un écart avec la source dont elle se réclame. Speer, le seul à avoir donné sa version de la conversation, fait dire en effet à Hitler dans ses mémoires :
Si la guerre est perdue, le peuple allemand est perdu lui aussi. Il est inutile de se préoccuper des conditions nécessaires à la survie la plus élémentaire du peuple. Au contraire, il est préférable de détruire même ces choses-là. Car ce peuple s'est révélé le plus faible, et l'avenir appartient exclusivement au peuple de l'Est qui s'est montré le plus fort. Ceux qui resteront après ce combat ce sont les médiocres, car les bons sont tombés.
Pas question des Juifs ici, ni même des Slaves, mais uniquement d'un peuple de l'Est qui semble être le peuple russe. Pas question de promesse ou de prédiction, pas davantage de biologie, et encore moins d'apocalypse.
Chapoutot donne l'impression de s'être fait son idée, et de la vérifier de moins en moins au contact des sources. D'autre part, si Speer est le seul témoin de ses conversations avec Hitler, ce dernier s'est exprimé aussi à la même époque par d'autres canaux. Et notamment par le testament politique de la nuit du 28 au 29 avril, qui se termine ainsi :
(...) unsere Aufgabe,
des Ausbaus eines nationalsozialistischen Staates
die Arbeit kommender Jahrhunderte darstellt, die
jeden einzelnen verpflichtet, immer dem gemeinsamen
Interesse zu dienen und seine eigenen Vorteile dem-
gegenüber zurückzustellen. Von allen Deutschen,
allen Nationalsozialisten, Männern und Frauen
und allen Soldaten der Wehrmacht verlange ich, daß
sie der neuen Regierung und ihren Präsidenten treu
und gehorsam sein werden bis in den Tod.
Vor allem verpflichte ich die Führung der
Nation und die Gefolgschaft zur peinlichen Ein-
haltung der Rassegesetze und zum unbarmherzigen
Widerstand gegen den Weltvergifter aller Völker,
das internationale Judentum.
(...) notre tâche, la consolidation d'un État National-socialiste, représente le travail des siècles à venir, afin que chaque individu subordonne son propre intérêt au bien commun. Je demande à tous les Allemands, de tous les Nationaux-socialistes, les hommes et les femmes et tous les soldats de la Wehrmacht, qu'ils demeurent fidèles et obéissent jusqu'à la mort au nouveau gouvernement et à son Président.
Avant tout, je charge le gouvernement et le peuple de faire respecter les lois raciales jusqu'à la limite et de résister sans pitié à l'empoisonneur de toutes les nations, la Juiverie internationale.