Post Numéro: 468 de Loïc Charpentier 24 Juin 2018, 11:32
Bonjour,
C'est un "exercice de style" intéressant, fondé, pour l'essentiel, sur la polémique (toute théorique) qui s'était installée, après-guerre, sur l'engagement des Tiger et, dans une moindre mesure, des Panther, en Normandie, à l'été 1944, où l'environnement, notamment, le bocage, la plupart du temps, n'aurait pas permis d'exploiter au mieux la puissance de leur armement.
En résumé, selon certains, l'engagement des seuls Panzer IV lang (L/48) et StuG. III aurait du suffire. De fait, si on regarde bien, les Allemands s'étaient contentés d'engager en Normandie, les unités qu'ils avaient, alors, immédiatement, sous la main et le déclenchement de Bagration, quelques jours plus tard, les empêchera de dégarnir le Front Est, pour se renforcer à l'Ouest.
Là-dessus, vient s'ajouter, en septembre 1944, l'engagement, globalement, loupé, à l'Ouest, des Panzer-Brigaden, dont la Panzer-Abteilung comprenait 3 Panzer-Kompanien, de 11 Panther, chacune, et une Panzerjäger-Kompanie, de 11 Pz. IV L/70. Sauf que, là, ce n'est pas le matériel qui est à mettre en cause, mais l'instruction abrégée (par l'urgence) des équipages et un emploi tactique globalement défaillant.
Le Panzer IV était, clairement, arrivé au bout de son évolution. Sa tourelle était incompatible avec l'installation d'un canon plus puissant. Il n'y avait pas de moteur disponible d'une puissance intermédiaire entre le 300 CV, qui équipait les Panzer III/StuGe/Panzer IV, et le 700 CV, des Tiger I/II & Panther ; de toute manière, le compartiment arrière du Panzer IV n'était pas prévu pour accepter un moteur plus encombrant (nécessairement, plus gourmand), et il n'était pas possible d'augmenter de manière satisfaisante l'ensemble de son blindage - notamment les flancs, le plancher, l'arrière, à la faiblesse notoire - sous peine de faire virer dans le rouge, le rapport poids/puissance. Le Panzer IV Ausf. J, produit à partir de février 1944, affichait 10,6 CV/tonne, pour un poids de 25 tonnes - il en pesait 22, en 1940/41, avec le même moteur et un rapport de 12 CV/tonne -, le Panther Ausf. G, 13,2 CV/tonne, pour 45,5 tonnes.
La mécanique du Panther est considérée comme plus fragile et plus compliquée à entretenir que celle du Panzer IV, mais, en réalité, ce "cliché" repose, bien souvent, sur l'enquiquinement maximum qui avait marqué sa mise en service, en 1943, avant et pendant ses premiers engagements à Kursk (Zitadelle). Après avoir sérieusement essuyé les plâtres avec le premier modèle, l'Ausführung D, entre janvier et août 1943, et corrigé ses défauts de jeunesse, les autres versions du Panther, Ausf. A & Ausf. G, s'étaient révélées globalement satisfaisantes. Aussi étonnant que çà puisse paraitre, la fiabilité du Panther a souvent été égale à celle du Panzer IV et il n'était pas plus souvent chez le "garagiste" que son "Ancien"... sauf que le dépannage, sur le terrain, d'un blindé de 45 tonnes était un exercice un peu plus compliqué que pour un de 25 tonnes. Le point faible du Panther était la boite de vitesse avec son embrayage, quelque peu "sous-dimensionnée" par rapport à la puissance du moteur; un conducteur inexpérimenté ou du genre bourrin pouvait vite la ruiner, car elle aimait bien la "tendresse" de la part de son utilisateur.
L'emploi des chenilles larges, Ostketten, mises en service à dater de mai 1944 , sur les StuGe, Bergepanzer III (sur lesquels elles étaient montées en série) et Panzer IV, était, exclusivement, réservé aux unités affectées sur le Front Est, où pullulaient les zones sablonneuses et marécageuses. Elles étaient, d'ailleurs, priées de les restituer, quand elles étaient expédiées sur un autre front. En plus, leur déport, par rapport à l'axe du train de roulement, augmentait les risques de déchenillage et il fallait les démonter pour le transport par voie ferrée. Sur le Front Ouest ou en Italie, les Ostketten n'avaient aucune utilité sérieuse.
Le Panther était sensé remplacer, à terme, l'ensemble du parc de Panzer IV, mais sa production n'y suffira pas. 3773 Panther sortiront de chaine en 1944, 3125 Pz. IV (à tourelle), avec , à dater de mai 1944, une seule usine de production, la Nibelungen-Werk. En 1945, 439 Panther, 375 Pz. IV.