Voici ce que monsieur Cliff Chadderton, vétéran des Royal Winnipeg Rifles nous raconte dans son excellent document:
Une Guerre Singulière:
LES «NURSING SISTERS»
CLIFF CHADDERTON :
En tant qu’ancien combattant de l’Armée canadienne blessé au combat, j’ai pu être soigné par des infirmières canadiennes, les «Nursing Sisters», et croyez-moi, c’est un vrai privilège de pouvoir raconter leur histoire, de raconter ici ce qu’elles ont réalisé dans le théâtre italien, par exemple. En fait, les «Nursing Sisters» mériteraient qu’on leur consacre tout un document vidéo si seulement le temps le permettait.
NARRATEUR :
L’hôpital général no 5 venait de Taplow, en Angleterre. Les infirmières ont débarqué le 19 juillet dans un endroit appelé Augusta, sur la côte est de la Sicile. Elles étaient les premières femmes envoyées dans une zone de combat canadienne. Le front n’était qu’à quelques kilomètres au nord. Et juste au moment où cette unité s’installait, les deux bateaux qui transportaient leur équipement hospitalier ont été coulés dans le port
d’Augusta.
L’hôpital général no 14 avait été perdu presque en totalité pendant son transport vers la Sicile à bord du «SS Santa Elena». Le navire avait été coulé par des bombardiers allemands. Par chance, il n’y a avait pas eu de morts.
De façon générale, le service canadien des infirmières a apporté une précieuse contribution à cette campagne, tant en Italie qu’en Sicile. On avait envoyé assez d’infirmières pour assurer le fonctionnement de cinq hôpitaux de campagne. L’hôpital de campagne se trouve toujours un peu derrière les lignes, mais les infirmières étaient aussi très près des combats parce qu’elles assuraient des soins immédiats dans ce qu’on appelait les postes d'évacuation sanitaires; ce qui permettait de soigner les blessés sans délai.
NURSING SISTER :
Comme d’habitude, la journée a été pénible au poste d'évacuation sanitaire. Nous entendons le martèlement régulier de l’artillerie. Il y a 36 heures que je suis debout. Je suis épuisée, mais mon esprit galope. Je n’arrête pas de penser à ce jeune homme de la Saskatchewan, qui avait de si graves blessures. Les shrapnels font de tels dégâts! Il a fallu
lutter sans relâche pour empêcher ses blessures de s’infecter. Les patients meurent pendant que nous attendons l’arrivée de sulfamide et de pénicilline. Les blessés sont évacués vers notre poste en un flot constant. Par moments, nous n’arrivons pas à fournir à la tâche. Il y des soldats étendus dans tous les lits et, semble-t-il, sur chaque centimètre
de plancher. Nous faisons de notre mieux et si un jour quelqu’un écrit notre histoire, j’espère qu’il dira que nous avons essayé de soigner chacun de ces hommes.
CLIFF CHADDERTON :
Un des soldats bien connus du Cape Breton Highlanders fut blessé lors de la bataille de la crête de Coriano. Il s’agit de feu Dan MacDonald, de l’Île-du-Prince-Édouard. Il a perdu un bras et une jambe. Il est plus tard devenu ministre des Anciens Combattants. Lors d’un pèlerinage en Italie après la guerre, Dan MacDonald a prononcé un discours très émouvant
à l’ancien site du poste d’évacuation sanitaire no 5, à Ravenne. Si je me souviens bien, il a raconté comment il avait repris connaissance pendant qu’une infirmière faisait un bandage sur ce qu’il restait de son bras gauche. Il a ensuite baissé les yeux et il a vu une autre infirmière qui enlevait un garrot sur le moignon de sa jambe droite. Elles lui ont
demandé s’il voulait plus d’analgésiques. Sa réponse a montré à la fois son tempérament et l’effet que faisaient les infirmières militaires sur les soldats. Et quelle a été sa réponse? «Je crois que je vais endurer la douleur encore un peu. Je n’ai pour l’instant qu’une seule envie : savourer la compagnie de deux jeunes femmes de chez nous.»
G. W. L. Nicholson, dans son excellent livre «Canada’s Nursing Sisters», s’est exprimé sur
cette question.
NICHOLSON :
On ne pouvait donc plus exprimer de réserves quant à la sagesse d’employer les infirmières si près des zones de combat. À preuve, leur précieuse contribution au sein des unités et des équipes chirurgicales tout au long de la campagne d’Italie.
Attention cependant:
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Il n'y a que sur un point où je suis en désaccord avec M. Chadderton, c'est lorsqu'il dit:
En fait, les «Nursing Sisters» mériteraient qu’on leur consacre tout un document vidéo si seulement le temps le permettait.
Il doit sûrement exister quelqu'un qui pourrait prendre ce temps...