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Censure et correspondances durant la WWII

Si vous êtes néophyte en histoire et que vous hésitez à poser une question, cette rubrique est pour vous. Idem si vous avez besoin d'un coup de main dans vos études. Rappelez-vous : "il n'y a pas de question idiote, seulement une réponse idiote" A. Einstein
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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 11  Nouveau message de RF16  Nouveau message 22 Juil 2022, 17:52

Oui, vu comme ça évidemment on peut prendre quelques libertés avec la réalité historique, ça reste un roman.
Par contre, les lettres, échangées pendant un conflit entre un "combattant" et sa dulcinée restée au pays, pour en faire un roman ça risque de manquer de spontanéité non?
Outre le fait que ce pauvre goumier n'aurait pas eu la possibilité d'écrire au quotidien, il est sûr et certain que les réponses à ses lettres seraient arrivées parfois avec un gros retard.. voire pas du tout. Ne pas oublier aussi le délai entre l'envoi de la lettre et la réception de sa réponse.

J'ai souvent lu, dans les lettres des combattants de la 1ère GM qu'ils se plaignaient de ne pas recevoir assez de courrier, surtout venant de leurs femmes/fiancées. Alors ce pauvre goumier, il en serait de même, même si on change de guerre et d'époque.
Au final, dans leurs lettres, les soldats demandaient des réponses aux questions qu'ils avaient posé dans les lettres précédentes.. d'où le manque de spontanéité.

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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 12  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 22 Juil 2022, 18:01

AlexandreB a écrit:Bonjour à tous et merci pour vos éclairages.
Concernant le problème de l'illettrisme des soldats marocains dans les années 40, j'avais bien ce problème en tête.

Les prisonniers de guerre nord-africains, africains et malgaches se débrouillaient comme ils pouvaient pour établir un contact avec l'extérieur. Le style de la missive peut penser qu'il s'agit d'un Nord-Africain... et pourquoi pas d'un Marocain ;)

"Les soldats des régiments d’Afrique et d’Asie, qui combattent auprès de la France en 1940, ne seront pas envoyés en Allemagne après avoir été faits prisonniers, contrairement à leurs frères d’arme de la Métropole. Les Nazis ne veulent pas d’eux sur leur territoire. Ils craignent qu’ils contaminent leur pays en y introduisant des maladies tropicales. Ils craignent aussi qu’ils laissent à leurs femmes l’empreinte de leur passage, ce n’est pas bon pour ceux qui se proclament race supérieure.

En 1941, certains de ces soldats originaires d’Afrique et d’Asie, prisonniers de guerre, sont internés et détenus dans le Frontstalag 133 D, celui du camp de la Marne à Rennes. Ils sont organisés, pour quelques-uns, en commando de travail pour être utilisés par l’Armée allemande notamment comme manutentionnaires. Chaque jour, un camion allemand chargé de ces prisonniers de guerre africains, passe devant le café Épicerie Pécoil. Il se dirige vers le camp de subsistance de la Chévrie, route de L’Hermitage, qui sert de dépôt à l’armée allemande. Ce lieu avait déjà été utilisé par les anglais avant 1940 et le sera par les Américains en 1944.

L’arrivée du camion dans le bourg ne passe pas inaperçu des habitants et bien entendu des locataires du café Saulnier-Pécoil, c’est un passage obligé. Ce sont alors de grands saluts échangés accompagnés de paroles de réconfort. Les prisonniers de guerre espérant une amélioration de leur triste condition, sont à la recherche d’une marraine de guerre qui saurait peut-être leur apporter de petits colis de nourriture. Le camion ne s’arrête pas, même si les Allemands qui le conduisent restent indifférents aux manifestations de sympathie des Vezinois. Pour se faire connaître certains prisonniers jettent aux demoiselles des petits mots préparés au stalag sur lesquels ils ont écrit quelques lignes mais surtout leur adresse."


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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 13  Nouveau message de AlexandreB  Nouveau message 22 Juil 2022, 18:09

RF16 a écrit:Oui, vu comme ça évidemment on peut prendre quelques libertés avec la réalité historique, ça reste un roman.
Par contre, les lettres, échangées pendant un conflit entre un "combattant" et sa dulcinée restée au pays, pour en faire un roman ça risque de manquer de spontanéité non?
Outre le fait que ce pauvre goumier n'aurait pas eu la possibilité d'écrire au quotidien, il est sûr et certain que les réponses à ses lettres seraient arrivées parfois avec un gros retard.. voire pas du tout. Ne pas oublier aussi le délai entre l'envoi de la lettre et la réception de sa réponse.

J'ai souvent lu, dans les lettres des combattants de la 1ère GM qu'ils se plaignaient de ne pas recevoir assez de courrier, surtout venant de leurs femmes/fiancées. Alors ce pauvre goumier, il en serait de même, même si on change de guerre et d'époque.
Au final, dans leurs lettres, les soldats demandaient des réponses aux questions qu'ils avaient posé dans les lettres précédentes.. d'où le manque de spontanéité.



Je ne peux pas détailler tout mon roman mais celui-ci n'est pas du tout centré sur les lettres de mon soldat. Il n'y en aura tout au plus 8, de taille et de contenu différents et en effet, dans ses lettres, il se lamente de ne recevoir de réponses de sa tendre.

Mais pas du tout pour les raisons que l'on peut penser ... Mais ça, c'est une partie de l'intrigue du roman.

Ces lettres serviront aussi au lecteur d'apprendre à connaître un personnage qui est peut être (ou peut être pas) un violeur de femmes italiennes qu'il était venu libérer de l'occupant nazi.

L'idée c'est aussi de contrebalancer l'intrigue principale qui tourne autour des Marocchinate.

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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 14  Nouveau message de Loïc Charpentier  Nouveau message 22 Juil 2022, 18:29

AlexandreB a écrit:
J'ai lu des travaux d'historiens (dont j'ai oublié les noms) qui expliquent que les colons français qui employaient des salariés marocains se faisaient un honneur (pas tous bien-entendu) d'apprendre à lire et à écrire aux enfants de leurs employés. Leïla Slimani l'évoque d'ailleurs dans l'un de ses romans. L'accès à l'école républicaine françaises pour les Marocains étant quasi nulle malgré la propagande colonialiste.


Grrr... "propagande colonialiste"... c'est bien du gloubiboulga post-colonial, révisé à la sauce "politiquement correct". ::pipo::
J'ai des photos de classe, celles qu'on prenait généralement à la fin de l'année scolaire, peu avant les vacances, certes, elles avaient été prises à Casa, mais les élèves marocains constituaient, facilement, la moitié de la classe. D'accord, Casablanca, Rabat, Fez, Marrakech, pour ne citer qu'elles étaient de grandes cités, mais, à l'époque, l'instruction était, aussi, dispensée dans les petites villes, en tous cas, dans la plaine agricole et le long du rivage. Là, où çà se compliquait sérieusement, c'était, effectivement, dans les zones montagneuses de l'Atlas, à l'est d'une ligne Fez-Marrakech et au sud d'Agadir, pour de bêtes raison de communications routières (très rares) ou ferroviaires (toutes aussi rares) . Dans l'Atlas, dépassé Ifrane et Beni Mellal, çà devenait sportif et compliqué d'y missionné un instituteur; déjà, il devait être impérativement bilingue, voire plus, car la maitrise des dialectes locaux était indispensable... eh, voui, car l'arabe, même mâtiné marocain, en usage dans la plaine et les cités, était peu pratiqué dans les villages "paumés" dans la montagne. En plus, parler de villages, dans le coin, en 1930-1940 et même en 1950, est un terme très excessif, car il s'agissait, le plus souvent, de tous petits hameaux dispersés d'une centaine d'âmes, qui, suivant l'altitude, étaient, en hiver, isolés par la neige. Comme moyens de communication, il restait le bourricot et le mulet!... et on oublie le téléphone!

Dès lors, s'il y a eu des carences de l'Education Nationale "colonialiste", aux tréfonds des campagnes et montagnes chérifiennes, çà n'avait été que pour de bêtes raisons "logistiques" difficilement surmontables.


Mon soldat est donc le fils d'un couple de marocains qui travaillent pour le compte d'une famille de propriétaires viticoles français. La femme française est tres empathique et se prend de sympathie pour les enfants de la famille marocaine et décide, ayant du temps libre, de leur apprendre les bases du français. Ayant commencé vers 6/8 ans j'estime qu'à 18 ans mon soldat maîtrise suffisamment la langue pour écrire à sa douce.


Ah, la belle image d'Epinal du "colonialisme paternaliste" ! ::mortderire:: Tandis que Monsieur botte le train de ses employés, Madame, elle, fait oeuvre de philanthropie scolaire! Bref, on instructionne le "bon sauvage"! :D C'est un sérieux poil éculé ce genre de vision. ;)

Après, je me pose une question "militaire"... J'explique, le recrutement du goumier marocain était une spécificité locale bien particulière. Durant la Seconde guerre Mondiale, quatre Groupements de Tabors de goumiers marocains , soit environ un total de 12 000 hommes, avaient été formés; çà ne fait pas bézef.

Sauf erreur de ma part, l'engagé volontaire marocain, originaire des villes, de la plaine agricole ou du bord de mer, n'intégrait pas les goums, mais les régiments de tirailleurs marocains, 8 existants durant la Seconde Guerre Mondiale. En 1943, par exemple, les tirailleurs marocains avaient, certes, combattu aux côtés des goumiers lors de la Campagne d'Italie, mais il s'agissait néanmoins de formations différentes - les tirailleurs marocains étaient vêtu à l'occidentale, alors que les goumiers portaient une tenue dérivée de leurs vêtements traditionnels - djellaba ou burnous rayé, chèche sous le casque (souvent britannique, pour cette raison!), sandales, etc. - Accessoirement, les goums étaient des unités montées, chaque goumier étant censé nourrir sa bête.

Si vous n'avez pas eu la "malchance" de séjourner suffisamment longtemps, avant 1960, bien sûr, dans ces "infâmes colonies" ou protectorats français, çà risque de vous être compliqué de retranscrire le plus fidèlement possible la réalité du contexte local! ;)

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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 15  Nouveau message de AlexandreB  Nouveau message 22 Juil 2022, 18:43

J'étais venu chercher quelques réponses à des questions pratiques pas à assister à mon procès.

Bien cordialement

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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 16  Nouveau message de BSM44  Nouveau message 22 Juil 2022, 20:14

Bonsoir AlexandreB,

Vous écrivez un roman et pas un livre d'histoire, alors prenez la liberté nécessaire, comme tout bon romancier, pour nous raconter votre histoire. Ne vous arrêtez pas à des remarques qui correspondent à une réalité mais comme le dit ce moraliste belge "Personne ne détient de vérité absolue et définitive. Pas même les distingués scientifiques, fiers et fats gardiens de systèmes formés d'extrêmes probabilités, confinant à la certitude, qu'une simple nouvelle découverte, apparemment anodine ou anecdotique, peut pourtant faire vaciller et s'effondrer en un instant".

Alors bonne écriture !
Bonne soirée

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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 17  Nouveau message de JARDIN DAVID  Nouveau message 22 Juil 2022, 20:56

Je trouve que les réponse de Loïc sont tout à fait intéressantes et qu'il fournit des informations pratiques utilisables par l'auteur.
Mais celui-ci semble assez centré sur une question restée sans réponse : jusqu'où peut aller ce goumier dans ses lettres ?
JD
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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 18  Nouveau message de thucydide  Nouveau message 22 Juil 2022, 22:21

Loïc Charpentier a écrit:


Grrr... "propagande colonialiste"... c'est bien du gloubiboulga post-colonial, révisé à la sauce "politiquement correct". ::pipo::
J'ai des photos de classe, celles qu'on prenait généralement à la fin de l'année scolaire, peu avant les vacances, certes, elles avaient été prises à Casa, mais les élèves marocains constituaient, facilement, la moitié de la classe. D'accord, Casablanca, Rabat, Fez, Marrakech, pour ne citer qu'elles étaient de grandes cités, mais, à l'époque, l'instruction était, aussi, dispensée dans les petites villes, en tous cas, dans la plaine agricole et le long du rivage. Là, où çà se compliquait sérieusement, c'était, effectivement, dans les zones montagneuses de l'Atlas, à l'est d'une ligne Fez-Marrakech et au sud d'Agadir, pour de bêtes raison de communications routières (très rares) ou ferroviaires (toutes aussi rares) .

Marc Ferro historien avait aussi professeur dans une de ses petites villes et il faisait état de la présence d'enfants et adolescents arabes et ce n'est pas le seul témoignage d'anciens professeurs de nos colonies et protectorats d'Afrique du Nord que j'ai lu.
Il y avait la présence de tout un corps d'enseignant et même si je me souviens bien d'une école normale, formation des instits .
Quant aux tabors, il ne faut pas oublier que les français ne sont pas les seuls à les avoir levés au Maroc, il ne faut pas oublier l' Espagne et le fer de lance qu'ils ont été pour l'armée putchiste en 1936, du passage du détroit de Gibraltar à Madrid

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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 19  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 24 Juil 2022, 11:50

Bonjour,

J'ai compris que le héro du roman dont il est question est marocain, de culture musulmane, il entretient une correspondance suivie avec sa dulcinée, sa fiancée ou sa promise.

Au premier abord, cela semble très surprenant. La culture musulmane, même si elle a évolué depuis les années 40 mais pas dans tous les pays qui prônent cette religion, les mariages sont arrangés et agrémentés de contreparties. En outre, je doute que la femme puisse recevoir du courrier sans qu'il soit passé par la censure ou tout simplement le recevoir...à moins d'avoir une complicité européenne pour lui remettre les lettres. Donc, si ses missives restent sans réponse, ce ne sera pas la censure militaire qui devra être mise en cause.

Le grand amour, même si les rapports entre homme et femmes ne sont pas exempts d’empathie, n'est pas l’apanage du monde dans lequel est issu notre héro à moins qu'il soit profondément imprégné de culture européenne. Dans ce cas, il doit être bien seul parmi les siens.
Il est cultivé, parle couramment le Français, vous le ferez dans votre roman, j'en suis certain, au moins sous officier. ;)
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Re: Censure et correspondances durant la WWII

Nouveau message Post Numéro: 20  Nouveau message de Loïc Charpentier  Nouveau message 24 Juil 2022, 14:15

Aldebert a écrit:...Il est cultivé, parle couramment le Français, vous le ferez dans votre roman, j'en suis certain, au moins sous officier. ;)


::super:: Je plussoie à l'ensemble de ton propos! Effectivement, la tradition musulmane des épousailles n'encourage pas les "histoires de cœur", car, c'est avant tout le montant de la dote (mahr), que peut verser le futur époux, qui règle les modalités du mariage.

Tout sentiment affectif, "à l'européenne", façon moderne, en est exclu. Comme chez nous, il n'y a pas si longtemps que çà, le discours familial, à propos de "l'affectif", se résumait, bien souvent, à ... tu auras toujours le temps, grâce au mariage contracté, de découvrir les qualités de ton époux ou ton épouse! .

En rappelant, au passage, que le futur époux est, lui-même, rarement "maitre de la manœuvre", car il s'agit, avant tout, d'une négociation pécuniaire (la dote) et d'une sélection familiale (des deux familles) de l'indispensable compatibilité de "classe" des futurs époux. On ne se commet pas plus dans la population musulmane, que dans la bourgeoisie française du XIXème et début XXème siècle, pour faire simple. L'aspect "mariage sur coup de foudre", en l'absence, éventuellement, d'accord parental, est d'essence très récente, même chez nous. De mon temps, dans les années 1960-1970, il était de règle de demander aux deux familles leur accord préalable pour des fiançailles, suivies à court ou moyen terme d'un mariage.... plus la remise d'une bague de fiançailles, soit acquise chez un bijoutier, soit transmise par héritage familial du fiancé.

Cela dit, l'épousée, après la cérémonie, intégrait, traditionnellement, la famille de son époux, se retrouvant, dès lors, sous l'autorité familiale de sa belle-mère. Or, là, il y a juste un petit problème "postal", car tout courrier réceptionné - phénomène rare! - ne pouvait être ouvert que par le chef de famille - en l’occurrence, le beau-père (quand il savait lire ou que la missive avait été, préalablement, traduite par l'un des nombreux "écrivains de rue"!) -, éventuellement, son épouse, la fameuse belle-mère ou, dans le cadre de plusieurs épouses légitimes - le Coran en autorisant sept, sous réserve d'avoir les moyens de les entretenir dignement! -, de la "Matrone" en titre!

Dès lors, la lettre personnelle, plus ou moins attentionnée, adressée par un époux à sa "régulière", on oublie! Ses souvenirs de combat se résumaient, éventuellement, à ce qu'il narrait oralement et familialement, après son retour du front, et, en ce qui concerne le cas particulier des goumiers, à l'occasion de réunions tribales, qui ne rassemblaient que les représentants "mâles"!

La lettre à l'être aimé(e) n'est qu'un phénomène européen, relativement récent, car il correspond à la généralisation de l'Instruction - à la louche, depuis la seconde moitié du XIXème siècle -, au moins jusqu'à l'âge de 12 ans. Au sujet de l'âge légale de l'instruction obligatoire, l'Allemagne industrielle, en 1914, était plus en avance que la France, majoritairement, agricole. Les vacances estivales actuelles de nos bambins trouvent, en réalité, leur origine dans le nécessaire besoin de main-d’œuvre pour les moissons!

Sinon, dans les années 1940-1950, bien que le Maroc n'était, alors, qu'un Protectorat, parmi les populations marocaines urbaines et extra-urbaines (bords de mer et plaines agricoles), l'emploi de la langue française orale variait entre "parfait" - selon la catégorie de population - et très "largement compréhensible" - sans aucune connotation "colonialiste" -; l'apprentissage de l'écriture était, lui, plus compliqué et, "naturellement", réservé aux classes les plus aisés. C'était, là, que résidait la très grosse différence entre la Métropole et ses Colonies - hormis les "Antilles françaises", au sens large -, car l'instruction de l'écriture constituait un exercice très particulier.

Perso, dans nos colonies, j'avais été instruit, dès mon plus jeune âge, dès la "Maternelle", à l'initiation de l'écriture européenne, mais j'en avais très sérieusement bavé, quand j'avais eu droit à des cours en langue arabe et à l'apprentissage de son écriture! ::mal-a-la-tete:: Je venais d'apprendre à écrire le plus correctement possible de gauche à droite, et, là, je m'étais retrouvé à devoir écrire de droite à gauche - on ouvre le cahier à l'envers! -, avec des signes le souvent syllabiques! La langue arabe littéraire est d'une très grande richesse et son origine est, elle-même, antérieure à notre "français"! re- ::mal-a-la-tete::

Je ne souhaite pas ouvrir, ici, une discussion inutile sur les avantages supposées de la langue française, de la langue arabe ou des dialectes et idiomes locaux, mais cet "aspect technique" avait constitué, dans nos colonies, un très sérieux écueil pour nos instituteurs, issus de l'Ecole Normale, quelque avait été, alors, leur envie et leur passion pour leur métier.

De surcroit, si, au Maroc ou en Algérie, le climat était globalement "supportable" par un "européen", hormis le secteur de l'Atlas, en hiver, et le désert saharien, toute l'année ou presque, çà tombait comme des mouches, dans nos colonies sub-tropicales et tropicales plus méridionales ou orientales (l'Indo-Chine). Il faut bien se souvenir que les progrès de la médecine coloniale avait, essentiellement, bénéficié des progrès acquis durant les deux conflits mondiaux, les traitements les plus efficaces, tels que l'emploi de la pénicilline et ses dérivés antibiotiques ne datant, eux, que des années 40-45!

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