Dog Red a écrit:Bonjour à tous,
La notion de "Second front" a déjà été évoquée sur le forum mais avec le 6 juin et le retour des évocations du Débarquement, ce "Second front" est souvent évoqué sous cet angle normand :
. tardif (1944) ;
Rectification, Cher Maitre, en Europe continentale, il s'agissait du "troisième Front", les deux autres étant, chronologiquement, le Front Est, puis l'Italie.
En tant qu'opération amphibie, la Normandie était la cinquième, après le coûteux Raid de Dieppe, en 1942, destiné à tester les défenses allemandes, puis, avec des dimensions plus importantes, successivement, le Débarquement en AFN, en novembre 1942, celui en Sicile, en juillet 1943, Salerne, septembre 1943, Anzio-Nettuno, janvier 1944.
A toutes ces opérations correspondait un retour d'expérience plus ou moins réussi chez les Alliés - les Allemands, aussi! -. Les préparatifs en vu du "Jour J" - pour faire plaisir à Aldebert
- avaient débuté en 1943, mais ils exigeaient de devoir rassembler des moyens colossaux, en matériels et en hommes. A ce propos, il existe, entre autres, un excellent ouvrage "
Cross-Channel Attack", de Gordon A. Harrison, publié, en 1993 - mais qui date, en réalité, de 1950 - , par le CMH de l'US Army et est récupérable gratuitement sur son site de publications.
Les opérations amphibies en Europe exigeaient, également, une "stabilité préalable" des autres fronts, notamment, dans le Pacifique et le continent asiatique et un nécessaire accord avec l'Union Soviétique, mais surtout, "Tonton Joseph", à l'Est. Or, en gros, jusqu'à l'été 1943, même en tenant compte de la dérouillée allemande à Stalingrad, rien n'était moins sûr à propos des capacités militaires de l'Armée Rouge. A Kursk, en juillet 43, même si, côté allemands, les résultats de l'Opération Zitadelle s'avéraient, alors, assez minables, le Débarquement en Sicile avait, aussi, bien aidé les Russes, car les Allemands avaient vite pigé qu'il y avait, là, un gros risque et qu'il ne fallait pas trop compter sur les Italiens, d'où les premiers transferts d'unités depuis le Front de l'Est vers l'Italie et la gestion "post-Zitadelle" confiée à Model, le "pompier de service"!
La France et les rivages de la Manche sont deux choses différentes. Le territoire français occupé, après l'invasion à l'Est, était devenu, pour l'armée allemande, un superbe camp de repos et de remise en état des unités dézinguées; les unités blindées, qui avaient été engagées en Normandie, à dater de juin 1944, étaient, quasiment, toutes en train de se refaire une santé en France, en Belgique, en cours de création - comme la HJ, en Belgique -, ou de reconstitution - la DR, dans le Sud-ouest -. En plus, un terrain d'exercice, comme Mailly-le-Camps, était idéal pour parfaire l'instruction des troupes blindées, d'ailleurs, la quasi-totalité du personnel des Panther-Abteilungen y fera sa formation en 1943-1944.
Les menaces de débarquements alliés, sur la façade atlantique ou le rivage français méditerranéen ne sont plus de simples hypothèses d’école et l’OKW prend des dispositions, dès la fin 1943. Le 25 octobre, le commandement des troupes allemandes, en Italie, est, finalement, attribué au seul Generalfeldmarschall Kesselring ; les unités stationnées, depuis juillet précédent, en Italie du Nord, sous l’autorité du Heeresgruppe B (Oberbefehlshaber, Erwin Rommel,) passant, dès lors, sous le contrôle du Heeresgruppe C (Ob. Südwest), Rommel et son état-major se retrouvent au « chômage technique ». Trois jours plus tard, l’OKW propose de confier, au Feldmarschall, le commandement, à l’ouest, d’un état-major de groupe d’armées de réserve, dans l’éventualité d’une « invasion » alliée. Le Heeresgruppe B, à effectif réduit et, provisoirement, redésigné
Heeresgruppe zur besonderen Verwendung (
z.b.V OKW, pour emploi spécial, à disposition de l’OKW), prend ses quartiers à Fontainebleau, courant décembre. En charge de l’inspection et du renforcement des défenses côtières, son rôle se limite, fin 1943, aux seuls rivages danois, mais, au fil des semaines, les compétences territoriales du Heeresgruppe B s’accroissent et, en avril 1944, l’autorité d’Erwin Rommel, (Befehlshaber), s’étendra à l’ensemble des zones côtières depuis les iles de la Frise jusqu’à la Côte d’Azur,
• Secteur Groningen - Breda (Wehrmachtbefehlshaber Niederlande),
• Secteur Anvers - Le Havre (15. Armee),
• Secteur Le Havre - Saint-Nazaire - (7.Armee),
• Secteur Saint-Nazaire - Saint-Jean-de-Luz - (1.Armee),
• Secteur Cerbère-Menton (19.Armee),
En mai 1944, les 1. & 19.Armee passeront sous l’autorité de l’Armeegruppekommando G (créé le 27.04.1944)l, après son installation à Rouffiac-Tolosan (à proximité de Toulouse).
Le dispositif défensif côtier, « Forteresse France » (Festungen Frankreich), s’étend, de fait, des Pays-Bas à l’estuaire de la Gironde ; il comprend les ouvrages et casemates de l’Atlantik Wall, les batteries et tourelles, pour la plupart, sous l’autorité opérationnelle de la Kriegsmarine, et 14 garnisons - aux Pays-Bas, Ijmuiden & Hoek von Holland, en France, Boulogne, Le Havre, Cherbourg, Saint-Malo, Brest, Lorient, Saint-Nazaire, Gironde Nord/Süd, et Jersey, Guernesey, Alderney, dans les iles anglo-normandes -.
A première vue, le commandement de Rommel semble interférer avec les prérogatives de Gerd von Rundstedt, Oberbefehlshaber Heeresgruppe D, et, également, autorité supérieure à l’Ouest (Ob.West), mais dans l’intention d’Adolf Hitler, relayée par l’OKW, les rôles ont été clairement répartis ; Rundstedt et son état-major sont en charge des forces « mobiles », Rommel, à la tête du Heeresgruppen-Kommando B, de la défense «statique» du rivage, et, dans ce cadre précis, les deux états-majors travailleront en bonne intelligence.