Bonjour et Bienvenue, Emma
Tout d'abord, tu as de bons renseignements dans le documentaire "l'Or de la France à disparu", que tu peux revoir ici :
viewtopic.php?f=20&t=34205 ; on y parle des Antilles à partir de la fin de la 32ème minute ...
Un autre éclairage à partir de l'article de Lucien Morareau paru dans le N°66 de revue "Avions" (Sept.98), sur les appareils français (et belges) qui ont été embarqués en Juin 1940 sur le porte-avions "Béarn", et stockés aux Antilles :
- De Juillet à Octobre 1940, les relations franco-américaines se tendent progressivement ...
Les américains soupçonnent les sous-marins de se ravitailler en secret dans les ports antillais
Le 22 Octobre précédent [1940], l'amiral Robert a reçu de l'amiral Darlan une note secrète définissant la conduite à tenir dans le cas probable d'une entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés de la Grande-Bretagne. Cette note concerne principalement les navires de guerre pour lesquels un appareillage vers Casablanca ou Dakar est prévu. Mais il est décidé par ailleurs que "si au cours de cette manoeuvre le combat leur est imposé, ils devront combattre jusqu'à leur extrême limite et se saborder plutôt que de tomber aux mains de l'adversaire."
- Le 7 Février 1941, un hydravion Loire 130 de la flotille 17S rejoint la Dominique et les alliés
- La tension monte progressivement jusqu'à l'attaque de Pearl Harbour en Décembre 1941 ...
Le 19 avril 1942, à Vichy, le Maréchal Pétain rappelle Pierre Laval comme président du conseil. Pour le gouvernement américain, cela ne peut signifier qu'une collaboration encore plus étroite entre l'Etat français et les puissances de l'Axe et qu'en conséquence, le risque de voir les Antilles leur servir de base avancée revient à l'ordre du jour. Le 9 mai, une délégation US composée de l'amiral Hoover et du sénateur Samuel Reber débarque à Fort-de-France et est reçue par l'amiral Robert. Les deux émissaires américains sont en fait porteurs d'un véritable ultimatum dans lequel, entre autres mesures, sont exigées la mise hors service immédiate des bâtiments militaires et la cession des navires de commerce immobilisés aux Antilles.
L'amiral Robert obtient un délai pour pouvoir consulter son gouvernement, mais, en parallèle, et en prévision d'une intervention militaire américaine sur la colonie, il complète son maigre dispositif de défense. Les réservistes disponibles sur le territoire sont rappelés et les compagnies de débarquement du Béarn, de l'Emile Bertin et du croiseur auxiliaire Barfleur sont mises à terre. Des mesures similaires sont prises en Guadeloupe où se trouve toujours la Jeanne d'Arc. De son côté, l'US Navy organise une démonstration de force dans les eaux proches de la Martinique.
Le 12 mai, l'amiral Robert estimant qu'une intervention armée américaine est imminente, met en alerte maximum l'ensemble des forces maritimes et terrestres placées sous ses ordres, [...]
- L'amiral fait neutraliser ses forces aériennes et, le 30 Juin 1942, le Barfleur appareille pour Casablanca avec les hélices et les magnétos des avions, ce qui permet à la tension de diminuer.
- Le 8 Novembre 1942, les anglo-américains débarquent en Afrique, les allemands envahissent la zone "libre" et la flotte se saborde le 27 à Toulon. Le Comité National Français se met en place à Alger, et la plupart des colonies françaises restées fidèles à Vichy s'y rallient en Décembre 1942. La Guyane se ralliera à ce Comité le 18 mars 1943.
Mais à Fort-de-France l'amiral Robert ne veut rien entendre ; pour lui, le seul gouvernement légal est celui qui l'a nommé à ce poste de responsabilité, et c'est à lui seul qu'il doit obéir et rendre des comptes. Le 4 février 1943, il a même refusé l'autorisation de débarquer et, a fortiori de recevoir le contre-amiral Battet envoyé d'Alger en émissaire par le Général Giraud. Le 26 mars 1943, exaspéré par cette "résistance" le gouvernement américain rompt toute relation avec l'amiral Robert et décrète un blocus total des Antilles françaises.
Sur un plan intérieur les choses commencent à tourner à l'aigre. Déjà, depuis fin 1942, on signale de nombreux cas individuels de désertion dans les équipages et le blocage de la situation politique ne fait qu'aggraver la situation. Au cours du mois d'avril de nombreux incidents se produisent, certains préparés par des partisans du ralliement à la France combattante, d'autres simplement spontanés et provoqués par la pénurie de nourriture qui frappe surtout la population autochtone. Des bruits faisant état d'un éventuel sabordage des navires de guerre commencent aussi à circuler parmi les équipages, qui n'acceptent pas du tout cette éventualité. Il en est de même en Guadeloupe où un début de mutinerie sur la Jeanne d'Arc est difficilement contenu.
Les 5 et 6 mai 1943, deux messages de Pierre Laval, chef du "gouvernement" ordonnent à l'amiral Robert le sabordage immédiat des bâtiments présents aux Antilles, l'immersion d'un stock d'or provenant de la Banque de France et déchargé de l'Emile Berlin, et enfin la destruction des appareils de la Pointe des Sables"2'. Admettant finalement qu'il n'a plus le contrôle de la situation et qu'aucune aide n'est à attendre de la Métropole, l'amiral Robert accepte le 30 juin de capituler et de remettre les Antilles aux autorités américaines. Parallèlement et presque journellement, continuent à arriver de France des télégrammes exigeant la destruction immédiate de tout l'équipement militaire.
Mais par crainte d'un soulèvement des équipages, soutenus par les troupes coloniales dont les officiers ont pour la plupart optes pour le ralliement, l'amiral Robert n'obtempère pas. Le 14 juillet, le contre-torpilleur Le Terrible arrive à Fort-de-France avec à son bord le ministre plénipotentiaire Hoppenot, nommé délégué extraordinaire pour les Antilles par le Comité d'Alger. Le 15 au soir, l'amiral Robert accompagné des quelques officiers qui ont refusé de se rallier aux nouvelles autorités, embarque sur le Terrible qui appareille immédiatement pour Porto-Rico où l'amiral et sa suite sont débarqués le lendemain et rapatriés ensuite vers la France, via le Portugal.
- Le capitaine de vaisseau Benech est nommé commandant de la Marine au nom de la France Libre le 16 ou le 17 Mars 1943 ...