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"le testament politique de Hitler" vrai ou désinfo

Nouveau messagePosté: 09 Mar 2008, 21:01
de navigant
"Les blancs ont toutefois apporté quelque chose à ces peuples, le pire qu'ils pussent leur apporter, les plaies du monde qui est le nôtre: le matérialisme, le fanatisme, l'alcoolisme et la syphilis. Pour le reste, ce que ces peuples possédaient en propre étant supérieur à ce que nous pouvions leur donner, ils sont demeurés eux-mêmes. Ce qui fut tenté par la contrainte donna des résultats pires encore. L'intelligence commanderait de s'abstenir d'efforts de ce genre, quand on sait qu'ils sont vains. Une seule réussite à l'actif des colonisateurs: ils ont partout suscité la haine."

A Hitler "Testament Politique
J'ai relevé ce passage de ce que l'on nomme le testament politique de Hitler.

Si ce testament a existé, quand on lit ce passage, quand on ne connait pas l'auteur, on dirait un humaniste anti colonialiste ?
Il était sous l'effet de drogues de son médecin quand il a dit cela ?

Nouveau messagePosté: 09 Mar 2008, 22:10
de Joachim
Tout d'abord en ce qui concerne le fait que Hitler condamnait l'alcoolisme, la syphilis, le matérialisme, ... je ne pense pas que ce soit étonnant car, en dehors de sa personnalité bien entendu, Hitler était un type qui avait une certaine hygiène de vie; il ne supportait pas la cigarette, il ne buvait pas et ce n'était pas un coureur de jupons.


L'on peut ensuite comprendre son attitude anticolonialiste du fait que l'allemagne ne possédait plus de colonies (les dernières colonnies allemandes d'afriques telles que le cameroun furent perdues après la première guerre mondiale) et que par conséquent, il peut sembler naturel que Hitler pointe du doigt le colonialisme (par jalousie peut être ?) car cela permet de critiquer certains ennemis tels que l'angleterre et la france qui furent de gros pays colonialistes eux.

Nouveau messagePosté: 09 Mar 2008, 23:10
de Audie Murphy
Si on ne prend que cette partie, Hitler peut paraître humaniste. Quand on sait cependant qu'il utilisait ce discours pour justifier L'extermination de certains peuples et l'esclavagisme pour d'autres, on reconnait bien "ce bon vieil Adolf".

Re: "le testament politique de Hitler" vrai ou dés

Nouveau messagePosté: 09 Mar 2008, 23:18
de Francis Deleu
navigant a écrit:"Les blancs ont toutefois apporté quelque chose à ces peuples, le pire qu'ils pussent leur apporter, les plaies du monde qui est le nôtre: le matérialisme, le fanatisme, l'alcoolisme et la syphilis. Pour le reste, ce que ces peuples possédaient en propre étant supérieur à ce que nous pouvions leur donner, ils sont demeurés eux-mêmes. Ce qui fut tenté par la contrainte donna des résultats pires encore. L'intelligence commanderait de s'abstenir d'efforts de ce genre, quand on sait qu'ils sont vains. Une seule réussite à l'actif des colonisateurs: ils ont partout suscité la haine."

A Hitler "Testament Politique
J'ai relevé ce passage de ce que l'on nomme le testament politique de Hitler.

Si ce testament a existé, quand on lit ce passage, quand on ne connait pas l'auteur, on dirait un humaniste anti colonialiste ?
Il était sous l'effet de drogues de son médecin quand il a dit cela ?


Bonsoir navigant,

Merci d'avance si vous pouviez nous indiquer la source (livre, page web... ) de ce texte attribué à Hitler ?
En tout état cause, il ne s'agit pas d'un extrait du testament politique du 29 avril 1945, ni d'un extrait d'un testament plus ancien daté (sauf erreur) de 1938.

cordialement,
Francis.

Nouveau messagePosté: 10 Mar 2008, 03:23
de Audie Murphy
Bonjour Francis. Il s'agit en fait de notes prises par Martin Bormann au QG du Führer le 7 février 1945. Le site que j'aurais à donner comme source est trop peu recommandable pour être placé en vue sur le forum. Si vous tenez à savoir, je vous l'enverrai en message privé.

Edit: Tellement peu recommandable qu'il est disparu de la toile !

Nouveau messagePosté: 10 Mar 2008, 06:21
de François Delpla
Il s'agit de notes dictées spécialement à Bormann de février à avril 45, récupérées par François Genoud et publiées à la fin des années 50 sous le titre "testament politique", qui crée une confusion avec le texte dicté à Traudl Junge dans la nuit du 28 au 29 avril. Ici Hitler pérore, là il condense. Dans les deux cas, il a comme toujours un oeil sur le présent et un autre sur l'avenir. Mais plus la défaite se précise, plus la cohérence du discours tient de la quadrature du cercle.

L'anticolonialisme de façade a deux fonctions évidentes : montrer que les vainqueurs anglo-saxons ne sont pas meilleurs moralement, et concentrer soudain la notion de peuple inférieur sur les seuls Juifs.

La contradiction même avec les discours antérieurs révèle le nazisme dans sa vérité la plus profonde. La valeur suprême n'est pas le racisme, mais l'Allemagne. D'où la concentration de l'opprobre sur les Juifs, ces cosmopolites envahisseurs et détendeurs du nerf national, un défaut que n'ont par définition aucun de ces peuples exotiques qui ne demandaient qu'à rester chez eux quand les Européens maîtres de la poudre et de la boussole sont venus leur secouer les puces.

Nouveau messagePosté: 10 Mar 2008, 14:06
de navigant
J'ai relevé cette citation, sur un forum qui n'a rien de recommandable, il doit échapper à l'interdiction, en étant basé aux USA.

Nouveau messagePosté: 10 Mar 2008, 18:30
de François Delpla
Si les négationnistes se mettent à utiliser le "testament politique" pour tenter de montrer qu'on a méjugé Hitler, il importe (mais c'est toujours le cas en histoire) de rétablir le contexte. Ainsi montrera-t-on qu'ils continuent et prolongent sa besogne des derniers temps, consistant, avec la complicité de Göring, Himmler, Speer et quelques autres, et en laissant sur le bord de la route quelques comparses au cerveau lent comme Kaltenbrunner ou Bormann, à fignoler une image présentable du nazisme, en espérant qu'après quelques années de purgatoire il puisse retrouver des couleurs.

Un calcul déjoué notamment grâce au procès de Nuremberg... où un Göring ne peut persister dans sa tentative de présenter un profil avantageux qu'en niant toute connaissance du génocide des Juifs, ce qui provoque un scepticisme justifié.

On ne pouvait avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est-à-dire repousser avec horreur l'idée d'une capitulation et effacer toutes les traces. L'ordre de combattre jusqu'à la dernière cartouche était incompatible, notamment, avec une destruction méthodique des archives. Encore fallait-il que les Alliés eussent la volonté politique d'en tirer, eux, méthodiquement parti, ce qui fut fait.

Nouveau messagePosté: 10 Mar 2008, 19:17
de Francis Deleu
Merci à Audie, François et navigant ! Faut croire que je me fais vieux car je n'ai absolument pas songé au "banquier noir", François Genoud, militant pro-nazi notoire, qui publia à la fin des années 50, "Le Testament politique d'Hitler. - Notes recueillies par Martin Bormann".... ouvrage dont l'authenticité n'est pas acquise.

Pour revenir au testament authentique d'Hitler, celui du 29 avril 1945, je recommande chaudement la lecture du petit livre remarquable de Fabrice Bouthillon, Et le bunker était vide - une lecture du testament politique d'Adolf Hitler, Hermann Editeurs, 2007. L'historien se livre à une analyse très fine du testament présenté comme une dernière manoeuvre diplomatique du diabolique dictateur.

Cordialement,
Francis

Nouveau messagePosté: 10 Mar 2008, 19:43
de François Delpla
Genoud avait beaucoup de défauts, mais il semble avoir été assez intelligent, ou soucieux de ses profits, pour éditer scrupuleusement les textes nazis dont il avait hérité. Jamais, à ma connaissance, la moindre falsification ne lui a été imputée. Et le cas des "libres propos", parus d'abord en français par ses soins, puis en allemand sur la base d'un autre exemplaire, témoignent dans ce sens.

Quant à Bouthillon, il fait l'objet d'une critique (plutôt élogieuse) ici : http://www.delpla.org/article.php3?id_article=303